En juin dernier, Bruxelles a classé la LGV Bordeaux/Toulouse/Dax parmi les projets éligibles au financement européen.© Crédit photo : Archives Philippe Lopez/AFP
Bruxelles doit financer la ligne à grande vitesse Bordeaux/Toulouse/Dax à hauteur de 20 %. Autant dire que la Commission européenne fait l’objet de toutes les attentions des partisans et des opposants du projet
Les amateurs de force basque connaissent l’épreuve de« soka tira »,soit en français le tir à la corde. Dans le dossier de la ligne à grande vitesse allant de Bordeaux vers Toulouse et Dax, partisans et opposants ne ménagent aucun effort pour attirer la Commission européenne dans leur camp. Avec 20 % du financement d’un projet aujourd’hui évalué à 14 milliards d’euros, c’est en effet Bruxelles qui détient le droit de vie ou de mort de ce chantier ferroviaire exceptionnel.
L’État, financeur à hauteur de 40 %,a prévenu qu’il ne se substituerait pas à une éventuelle défaillance européenne, et on imagine mal les collectivités locales, sollicitées elles aussi à 40 % et en proie à des restrictions budgétaires, prendre en charge une telle somme. Autant dire que Bruxelles fait l’objet de toutes les attentions… ainsi que Dax.
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Des sondages d’archéologie préventive ont mis au jour ces vestiges. Des fouilles préventives vont certainement avoir lieu
ZAD de Sainte-Colombe (47) : des vestiges gallo-romains découverts
Les premières fouilles, aujourd’hui recouvertes, pourraient donner lieu à une campagne plus approfondie qui ralentirait (encore) l’avancement du Technopôle Agen-Garonne.
© ARCHIVES T. SUIRE
«Oh, ils n'ont rien trouvé de sensationnel », estime Henri Tandonnet, vice-président de l'Agglomération d'Agen, à propos des sondages d'archéologie préventive qui ont été menés dans le courant de l'année 2015, sur le site du futur Technopôle Agen-Garonne. Philippe Coutures, de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), n'est pas forcément de son avis. « Ce ne sont ni des villas, ni des mosaïques qui ont été mises au jour, mais des éléments de la vie rurale de l'époque gauloise et gallo-romaine, entre le IIe siècle avant Jésus-Christ et le IIe siècle après », détaille le spécialiste. Alors « sensationnel », non. « Extraordinaire », peut-être. En tout cas, sur ce dossier, c'est un caillou de plus dans la chaussure de Jean Dionis. Reste à savoir s'il s'agit d'un gravillon ou d'un galet.
Travaux ralentis ?
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Le projet de LGV Bordeaux-Toulouse / Bordeaux-Dax menace le vignoble au sud de Bordeaux. Le patrimoine et l’économie de Graves et de Sauternes sont visés.
Le Grand Projet Ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) prévoit la mise en service des lignes de train à grande vitesse Bordeaux-Toulouse (2024) et Bordeaux-Dax (2027) malgré l’avis négatif de la Commission d’enquête publique. "Tous les feux sont rouges !" s’exclame Xavier Planty, Président de l’ODG Sauternes et Barsac. Au-delà de l’impact écologique de cette ligne dans la Vallée du Ciron, l’usine climatique du Sauternais, l’appellation Graves est également directement menacée. "Une quinzaine d’exploitations vont être impactées car le tracé passe sur des châteaux et détruira près de 20 hectares de vignes. Certaines propriétés comme le Château Méjean sont même condamnées", explique Dominique Guignard, Président du Syndicat Viticole des vins de Graves. Plus globalement, c’est tout l’écosystème de la région viticole des Graves : 3500 hectares, avec 20 millions de bouteilles et 220 viticulteurs, qui est visé. Une zone au sud de Bordeaux qui est déjà la cible régulière de l’urbanisation. "Nous avons aussi l’A62, inaugurée en 1975, qui coupe notre appellation en deux et possède 4 sorties. Et il a fallu attendre 40 ans après sa création pour faire revivre notre territoire", ajoute Dominique Guignard qui suggère que le tracé soit modifié en longeant, par exemple, l’autoroute.
Vers la destruction du patrimoine ?
Au-delà des pertes économiques pour les viticulteurs, directement liées à l’implantation de la LGV, c’est tout un pan historique de la production viticole qui risque de disparaître. "Depuis 500 ans, le vignoble est au centre de notre région. De sa culture, résultent des paysages, un bâti exceptionnel, une organisation spatiale et une attractivité touristique", ajoute X.Planty. La route des vins de Bordeaux en Graves et Sauternes, créée il y a 3 ans à peine, est d’ailleurs la seule qui rassemble des crus classés dans 3 couleurs du vin. Et un bel exemple de l’engagement oenotouristique de ces appellations qui constituent la porte d’entrée de Bordeaux. Une métropole qui va d’ailleurs accueillir en juin 2016, la très attendue Cité du Vin...
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Des panneaux ont été posés à l’entrée des villages concernés.© Crédit photo : Françoise Yrieix
Lors du conseil municipal de mardi 21 mai de nombreux dossiers ont été traités, dont le sujet récurrent de la ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse et son coût, qui va impacter de nombreux habitants. Line Lalaurie, la maire, a expliqué aux élus le pourquoi du panneau placé à l’entrée du village ce mois-ci, où il est indiqué « Ici, on paiera la taxe LGV pendant 40 ans ! ». Un même panneau installé dans 213 communes du Lot-et-Garonne, situées à moins d’une heure de la future gare LGV de Sainte-Colombe-en-Bruilhois et donc concernées par le financement de cette ligne.
Depuis 2023, les mairies et les contribuables paient une nouvelle taxe, intégrée aux impôts fonciers : la taxe TSE (taxe spéciale équipement) qui devrait durer quarante ans. « Cette nouvelle démocratie va faire payer le train des citadins par des ruraux à qui on n’a pas demandé l’avis », dixit le collectif Stop LGV47.
Line Lalaurie, ainsi que d’autres élus, s’insurge contre ce projet national financé par des collectivités locales et les particuliers.
Des réunions publiques vont être organisées par le collectif StopLGV47 dans les villages qui leur en feront la demande.
La première étape de la sarabande s’est déroulée du 22 au 24 septembre 2023, en Gironde.© Crédit photo : Archives Jérôme Jamet
Une « sarabande » reliera Saint-Michel-de-Castelnau, à la frontière girondine, à Vianne ces samedi 25 et dimanche 26 mai, avec trois temps forts à Casteljaloux, Fargues-sur-Ourbise et Vianne
Continuer de sensibiliser la population locale aux conséquences du GPSO (Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest) : tel est l’enjeu de cette deuxième étape de la « sarabande »,après une première mobilisation en Gironde, en septembre 2023, des opposants aux projets de lignes à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Dax et Bordeaux-Toulouse. Depuis Saint-Michel-de-Castelnau (33), où il s’était arrêté à l’époque, ce convoi va reprendre son chemin ces samedi 25 et dimanche 26 mai, pour sillonner les Landes de Gascogne et l’Albret, qui figurent sur le tracé du tronçon en direction de la Ville rose.
Organisée parle collectif Stop LGV 47, cette sarabande marquera plusieurs étapes, dont un premier temps fort se situera du côté de Casteljaloux, dès 10 heures, où une déambulation est prévue depuis l’église jusqu’au marché, devant la mairie. C’est là qu’une prise de parole sera organisée : la maire, Julie Castillo ; le président de la Communauté de communes, Raymond Girardi, et Alain Dewerdt, pour l’Association de sauvegarde des coteaux et landes de Gascogne, prendront le micro pour rappeler leur opposition au projet chiffré à 14 milliards d’euros.
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