9 janvier 2016 - Le Figaro
Le projet de LGV Bordeaux-Toulouse / Bordeaux-Dax menace le vignoble au sud de Bordeaux. Le patrimoine et l’économie de Graves et de Sauternes sont visés.
Le Grand Projet Ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) prévoit la mise en service des lignes de train à grande vitesse Bordeaux-Toulouse (2024) et Bordeaux-Dax (2027) malgré l’avis négatif de la Commission d’enquête publique. "Tous les feux sont rouges !" s’exclame Xavier Planty, Président de l’ODG Sauternes et Barsac. Au-delà de l’impact écologique de cette ligne dans la Vallée du Ciron, l’usine climatique du Sauternais, l’appellation Graves est également directement menacée. "Une quinzaine d’exploitations vont être impactées car le tracé passe sur des châteaux et détruira près de 20 hectares de vignes. Certaines propriétés comme le Château Méjean sont même condamnées", explique Dominique Guignard, Président du Syndicat Viticole des vins de Graves. Plus globalement, c’est tout l’écosystème de la région viticole des Graves : 3500 hectares, avec 20 millions de bouteilles et 220 viticulteurs, qui est visé. Une zone au sud de Bordeaux qui est déjà la cible régulière de l’urbanisation. "Nous avons aussi l’A62, inaugurée en 1975, qui coupe notre appellation en deux et possède 4 sorties. Et il a fallu attendre 40 ans après sa création pour faire revivre notre territoire", ajoute Dominique Guignard qui suggère que le tracé soit modifié en longeant, par exemple, l’autoroute.
Vers la destruction du patrimoine ?
Au-delà des pertes économiques pour les viticulteurs, directement liées à l’implantation de la LGV, c’est tout un pan historique de la production viticole qui risque de disparaître. "Depuis 500 ans, le vignoble est au centre de notre région. De sa culture, résultent des paysages, un bâti exceptionnel, une organisation spatiale et une attractivité touristique", ajoute X.Planty. La route des vins de Bordeaux en Graves et Sauternes, créée il y a 3 ans à peine, est d’ailleurs la seule qui rassemble des crus classés dans 3 couleurs du vin. Et un bel exemple de l’engagement oenotouristique de ces appellations qui constituent la porte d’entrée de Bordeaux. Une métropole qui va d’ailleurs accueillir en juin 2016, la très attendue Cité du Vin...
Mais la destruction qu’occasionnerait cette ligne ne s’arrête pas là : "Comment les anciens ont réussi à comprendre le fonctionnement du Ciron, à ériger des kilomètres de murs de pierres sèches pour créer des microclimats, c’est notre héritage...", ajoute Mr Planty. Et le Président du Syndicat Viticole des Graves d’ajouter : "Un terroir, c’est 500 ans d’histoire. Et plusieurs générations pour comprendre comme le sol réagit. Nous sommes la seule AOC à porter le nom de nos sols ! Les dommages seront inévitables".
La Fédération des Grands Vins de Bordeaux, qui veille, entre autres, sur les terroirs viticoles est intervenue dès le départ en proposant un trajet alternatif qui a été rejeté. "La zone sud de Bordeaux est déjà saturée. Les AOC Graves et Sauternes fortement malmenées par l’urbanisation. On ne s’oppose pas au projet en lui-même mais on s’interroge sur cette décision de tracé", explique Yann Le Goaster, Directeur de la FGVB.
A noter : Début décembre 2015, le CIVB et la Fédération des Grands Vins de Bordeaux ont adressé un courrier au chef de mission afin que des études scientifiques détaillées soient effectuées sur l’impact environnemental et patrimonial exact du projet de tracé.
En savoir plus : http://avis-vin.lefigaro.fr/magazine-vin/o120707-lgv-des-pertes-inevitables-a-sauternes-et-dans-les-graves#ixzz3wpgmhXyY