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La LGV Bordeaux-Toulouse sacrifiée au nom des économies pour le budget 2026 ?
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23 juin 2025 - La Dépêche

Alors que le gouvernement cherche toujours 40 milliards d’économies pour le Budget 2026, une note de Bercy liste plusieurs pistes de « gisement d’économies ». Parmi elles, les projets ferroviaires dont les lignes à grande vitesse (LGV) du Grand Projet Sud-Ouest. De quoi jeter le trouble et déclencher colère et consternation chez les élus d’Occitanie.

À moins d’un mois de l’échéance, rien ne filtre du plan massif d’économies que François Bayrou doit présenter d’ici la mi-juillet aux Français pour bâtir le Budget 2026, ce nouvel Himalaya. Le Premier ministre, qui a simplement indiqué qu’il demanderait « un effort à tous les Français », maintient – à dessein – le flou…

Et laisse donc courir toutes les rumeurs et les supputations – qui sont parfois des ballons d’essai – sur les différentes pistes entre année blanche, TVA sociale, sabrage dans les niches fiscales, gel des dotations et encadrement des dépenses des collectivités locales, fusion d’agences d’État, etc. Toutes les pistes semblent sur la table pour trouver 40 milliards d’euros d’économies, mais aucun arbitrage n’est encore acté, le mystère demeure.

Une note de Bercy fait la chasse aux "gisements d’économies"

Un mystère qui se double d’inquiétude, particulièrement en Occitanie, après la révélation le 11 juin parL’Humanité d’une note de Bercy datée du 13 mai, qui préconise rien moins que de revoir l’un des projets phares d’aménagement : la ligne à grande vitesse (LGV) Toulouse-Bordeaux.

Rédigé par le Conseil général économique et financier (CGefi) et adressé aux directeurs de cabinet des ministres de l’Économie Eric Lombard et des Comptes publics Amélie de Montchalin, ce document égrène une multitude de préconisations de coupes budgétaires. Des « gisements d’économies » qui pourraient atteindre un montant total de 1,4 milliard d’économies. Parmi les secteurs particulièrement visés, on trouve la Caisse nationale d’assurance maladie, l’agriculture biologique, la formation professionnelle, l’audiovisuel public et, donc, les grands projets ferroviaires pour lesquels Bercy préconise un sérieux coup de frein.

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Le document mentionne qu’il « peut être envisageable de réexaminer » des projets de lignes annoncés comme les nouvelles liaisons Provence-Côte d’Azur Nice-Marseille et le Grand Projet Sud-Ouest (GPSO), qui comprend les LGV Bordeaux Dax et Toulouse-Bordeaux. Le premier projet nécessite 3,6 milliards d’euros, le second 14,3 milliards d’euros dont 40 % à la charge de l’État (5,7 milliards).

Le plan rail de Borne impacté ?

Cette volonté d’économies sur le rail pourrait aussi affecter le vaste plan de 100 milliards d’euros d’ici 2040, annoncé en février 2023 par Elisabeth Borne lorsqu’elle était Première ministre.

Dans ce plan, qui constituait la réponse gouvernementale aux recommandations du Conseil d’orientation des infrastructures (COI) et à l’estimation des besoins formulée par le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, figurait notamment la création de 26 « RER métropolitains » dans les grandes agglomérations régionales, dont celle de Toulouse.

La note de Bercy souligne à propos de ces futurs RER régionaux une « forte concentration » en financement « sur ceux de Lille, Lyon et Toulouse (plus de 50 % du total). »

La LGV Toulouse-Bordeaux.

Sur les 100 milliards d’euros du plan, 35 étaient par ailleurs fléchés vers « la modernisation et la régénération du réseau ferré existant, afin d’améliorer la ponctualité, la fiabilité et la capacité du rail français. » « L’État souhaite s’engager, aux côtés de la SNCF, de l’Union européenne et des collectivités locales, pour réussir une nouvelle donne ferroviaire » assurait à l’époque Elisabeth Borne.

« Excellentes reco… commencer à tout prendre » approuve Amélie de Montchalin

La note de Bercy évoque clairement une révision des priorités et donc des renoncements à effectuer. « La conférence de financement des mobilités est pour l’évaluation et la priorisation de ces projets est un enjeu majeur, d’autant que le contexte de taux actuel rend les financements de très long terme moins favorable », est-il écrit dans cette note qui a été minutieusement lue et annotée par des « oui » approbateurs de Mme de Montchalin.

« Excellentes reco… Commencer à tout prendre dans le PLF + refondation de l’action publique » écrit en conclusion la ministre, le 14 mai, en évoquant le projet de loi de finance (PLF) 2026.

Sollicité parLa Dépêche, le cabinet d’Amélie de Montchalin n’a pas nié l’existence de la note mais souligné qu’il ne s’agit que de « pistes de travail » qui n’ont pas fait l’objet d’un arbitrage. Une copie de la note a été envoyée à Matignon selonL’Humanité. Invité à préciser quel volet du GPSO serait « réexaminé », le cabinet de la ministre, visiblement agacé, n’a pas répondu.

La parole de l’État en question

Si le malaise est palpable c’est peut-être parce que toucher aux investissements sur le rail s’apparenterait à une périlleuse volte-face de l’État par rapport aux collectivités, à la SNCF et aux Français.

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Alors que la Région Occitanie remet en service la ligne Montréjeau-Luchon, le réseau ferré hors TGV souffre d’un énorme sous-investissement – 51 € par habitants investis en France, 336 en Autriche – qui a conduit en dix ans la fermeture de près 3 000 km de petites lignes. Et la SNCF doit trouver 1 milliard d’euros d’ici 2028-2030 pour en sécuriser 4 000 km… Ce n’est pas le moment de reculer.

Quant à la LGV Toulouse-Bordeaux, comment imaginer qu’au nom d’économies de court terme on s’en prenne à un projet aussi structurant, financé et attendu depuis des années par toute une région ? D’autant plus que les travaux de la ligne ont déjà commencé. Les Occitans, qui ont financé en partie la ligne Bordeaux-Tours, attendent de l’État le respect de la parole donnée, et même le respect tout court.

 

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