4 janvier 2016 - La Dépêche
Transports - Les dossiers de l'année
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Depuis janvier 2010, le dossier de la ligne à grande vitesse revient chaque année comme le refrain d'une chanson. 2016 sera-t-elle l'année de l'abandon pur et simple du tronçon Bordeaux — Toulouse ?
Le geste de cet élu d'Agen interrogé sur le sujet pendant la trêve des confiseurs se passait de commentaires. «La LGV ? Vous voulez rire ?» Et cet homme politique de renom avait fait se frotter l'index et le pouce de sa main droite, comme ce geste qui mime l'argent, ou son absence.
Peu à peu, les voix des promoteurs de la ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Toulouse se sont faites discrètes pour ne pas dire inexistantes et seuls les soubresauts de la pseudo-campagne électorale régionale ont permis à ses promoteurs d'en faire la publicité, mais avec la prudence de ceux qui avancent à pas courts dans le noir.
9 milliards
La déclaration d'utilité publique doit être signée avant l'été. D'ici le 8 juin, des précisions auront peut-être été apportées par l'État sur les clés de financement entre partenaires financiers. Le devis préalable fait état de quelque 9 milliards d'€ à débourser pour l'ensemble du projet GPSO Bordeaux-Dax et Bordeaux-Toulouse. Une très grosse paille pour le conseil départemental de Lot-et-Garonne et pour Agglo Agen, les deux collectivités susceptibles de mettre la main à la poche. Mais ici aussi en Lot-et-Garonne, le silence est d'or quand l'acronyme LGV arrive dans les conversations.
Les voix du seigneur sont impénétrables. Depuis l'annonce du député ministre des Transports Alain Vidalies à la fin de l'été, rien de nouveau à la surface des eaux. Le parlementaire a annoncé que le gouvernement disait oui à la poursuite des études dans le cadre de la procédure administrative. Depuis ? Rien à signaler du côté du Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO) car c'est plutôt du côté du tronçon Tours-Bordeaux que les inquiétudes se sont focalisées.
M. Barentin
Inévitables soucis pour le financement des travaux en cours face à la rentabilité de la ligne, arguments dont se sont saisis les opposants ici en Lot-et-Garonne. «La rentabilité de Bordeaux-Toulouse est encore pis et ne fera qu'agrandir, encore, le déficit de la SNCF», martèle toujours Claude Semin, le porte-parole des mouvements d'opposition le long du tracé en Aquitaine et Midi-Pyrénées. «La LGV Bordeaux-Toulouse, c'est le même coût que Tours-Bordeaux, mais 40 % plus courte et une fréquentation 2 fois moindre que celle prévue. Mais ceci n'a pas d'importance car on ne le découvrira qu'après la construction de la ligne. Donc les propos de M.Barentin confiseur selon Auguste Dutoeuf sont encore bien d'actualité : On perd sur chaque article mais on se rattrape sur la quantité ».
Lettre à Valls
Reprenant les mots du Premier ministre Manuel Valls au soir des élections régionales du 13 décembre, Patrick Vaccari, autre opposant au sein de TGV en Albret, dit que «ne pas reprendre comme avant, c'est enfin écouter et prendre en considération l'avis des citoyens et les conclusions d'une démarche démocratique. Prendre un avis contraire serait un déni de démocratie (…) Ne pas reprendre comme avant serait de respecter la démocratie et de déclarer l'annulation du projet de LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax». C'est la période des vœux.