Des opposants à la LGV rassemblés à Balizac, en Gironde, samedi 23 septembre.© Crédit photo : J. J. / « Sud Ouest »
Le début du chantier de la ligne à grande vitesse (LGV) au sud de Bordeaux vers Dax et Toulousedoit commencer en fin d’année. Rien ne semble plus désormais pouvoir faire dérailler le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO). Un chantier estimé (en 2020) à 14 milliards d’euros, qui prévoit en 2030 de permettre aux voyageurs pressés de relier Toulouse à Bordeaux en une heure et cinq minutes.
Pourtant, les opposants qui jugent ce projet colossal d’un autre temps n’ont pas dit leur dernier mot.Si la contestation locale le long du tracépeine à trouver des relais au niveau national, un autre combat se joue sur le terrain judiciaire. Depuis près d’un an, trois recours ont été déposés devant les tribunaux administratifs de Bordeaux et Toulouse.
Deux recours demandent l’annulation du plan de financement. L’un est porté par une centaine d’associations et de citoyens, l’autre par 80 élus, dont Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, avec pour avocat le député écologiste Julien Bayou. Ces deux recours dénoncent entre autres le surcoût inévitable qui pèsera sur les finances des collectivités engagées dans ce projet dont personne ne peut dire vraiment combien il coûtera à la fin.
Un autre recours déposé par LGVEA, l’association basée à Saint-Médard-d’Eyrans, au sud de Bordeaux, demande l’annulation de la prorogation de la déclaration d’utilité publique (DUP) des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux, les AFSB.
Nouvelle enquête publique ?
« Le préfet clame sans cesse que tous les recours sont épuisés. C’est faux », rectifie Lionel Bretonnet. Moniteur de ski de fond, le vice-président de LGVEA assure avoir le souffle nécessaire pour aller au bout. L’homme est aussi un fiscaliste « rompu à la procédure de contentieux administratifs ».
LGVEA (Landes Graves viticulture environnement Arruan) multiplie les démarches pour faire connaître son projet d’aménagement des voies.
Une alternative à la LGV
Gilles Savary, député, est venu encourager l’association LGVEA à préparer des recours.
© PHOTO C.D.
CATHERINE DOWMONT
Toutes les associations opposées aux GPSO, grands projets du Sud-Ouest et à la LGV sont dans la même position. Elles ne veulent pas crier victoire après l'avis défavorable de la commission d'enquête à la portion Bordeaux-Dax et à la portion Bordeaux-Toulouse. LGVEA (Landes Graves viticulture environnement Arruan) est d'autant plus dans cet état d'esprit que la commission d'enquête a rendu, dans le même temps, un avis favorable avec réserve à l'AFSB, aménagement ferroviaire au Sud de Bordeaux.
« Le tracé de RFF prévoit d'ajouter une voie à l'Est des voies existantes entre Bordeaux Saint-Jean et Saint-Médard-d'Eyrans et une quatrième voie au droit des gares pour permettre l'arrêt de TER. Mais une voie rapide, sans arrêt, ne se justifie que si une LGV est construite au-delà de Saint-Médard » insiste Jean-Robert Thomas, président de l'association, à l'occasion de l'assemblée générale tenue à Saint-Médard-d'Eyrans vendredi soir.
Bordeaux Métropole s’engage à hauteur de 354 millions d’euros pour contribuer aux travaux ferroviaires de la sortie sud de l’agglomération.© Crédit photo : AFP
Comme cela était prévisible, les élus de Bordeaux Métropole se sont divisés en séance plénière, vendredi 1er décembre, sur la question de la ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Toulouse/Dax. Lesdeux points sur lesquels ils devaient se prononcer– l’entrée du Grand Dax dans la société de financement du GPSO, et la contribution de la Métropole au projet à hauteur de 354 millions d’euros – ont certes été adoptés, par 61 voix pour, 39 contre et une abstention. Mais le vote a étalé au grand jour la fracture qui passe à l’intérieur des formations politiques. Comme en 2021, lorsque la majorité PS-EELV qui gouverne la Métropole avait explosé en vol sur le même sujet, les écologistes étant foncièrement contre la LGV.
« Un débat de société »
Quels qu'en soit la vitesse future et le tracé, la liaison entre Agen et Paris via Bordeaux appartient justement au futur à dix ans. LGV ou pas ligne à grande vitesse, le tronçon entre Bordeaux et Toulouse (255 km) est d'intérêt général. Et pourtant, la majorité du conseil départemental a choisi d'en débattre portes fermées, sans témoin.
Le précédent débat, au-dessus de la part de financement de Tours-Bordeaux par le Lot-et-Garonne avait été public et retransmis via le site internet du CG47. Explications fournies vendredi par le conseil départemental via son service communication, son président Pierre Camani «étant sollicité par les associations d'opposants à la LGV pour qu'elles puissent expliquer leur position, et comme Pierre Camani est ouvert au dialogue,» la Coordination 47 des opposants sera reçue lors de la commission permanente du 10 juillet. «Il s'agit par conséquent plus d'un exposé informatif que d'un débat. Aucune délibération ne sera d'ailleurs prise à l'issue de cette audition. Tous les conseillers départementaux siégeant à la commission permanente, cette audition permettra aux élus de disposer du même niveau d'informations, notamment pour les «nouveaux» conseillers départementaux.» Et de préciser qu'une autre «audition» est programmée à la rentrée, mais des promoteurs de la LGV cette fois.
Pour mémoire, le 23 février, Raymond Girardi, porte-parole de l'association d'opposants ALTernatives LGV et vice-président du conseil départemental, avait lors d'un rassemblement devant la préfecture souhaité qu'un débat ait lieu au sein de la collectivité. Il a gain de cause, mais il sera à huis clos.
Page 65 sur 238
«DébutPrécédent61626364656667686970SuivantFin»