7 décembre 2023 - Sud Ouest
Bordeaux Métropole s’engage à hauteur de 354 millions d’euros pour contribuer aux travaux ferroviaires de la sortie sud de l’agglomération.© Crédit photo : AFP
Comme cela était prévisible, les élus de Bordeaux Métropole se sont divisés en séance plénière, vendredi 1er décembre, sur la question de la ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Toulouse/Dax. Lesdeux points sur lesquels ils devaient se prononcer– l’entrée du Grand Dax dans la société de financement du GPSO, et la contribution de la Métropole au projet à hauteur de 354 millions d’euros – ont certes été adoptés, par 61 voix pour, 39 contre et une abstention. Mais le vote a étalé au grand jour la fracture qui passe à l’intérieur des formations politiques. Comme en 2021, lorsque la majorité PS-EELV qui gouverne la Métropole avait explosé en vol sur le même sujet, les écologistes étant foncièrement contre la LGV.
« Un débat de société »
« On ne va pas refaire le débat de novembre 2021, nous avons des divergences, elles traversent les familles politiques. C’est un débat de société, de fond. La Cour des comptes dit que le modèle LGV a été porté au-delà de sa pertinence. Faut-il continuer à courir après la vitesse pour gagner trente minutes entre Bordeaux et Toulouse, quoi qu’il en coûte pour l’argent public et pour l’environnement ? », a demandé le maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic. Lequel insiste sur l’avis de l’Autorité environnementalede septembre 2023, qui révèle que les études d’impact sont obsolètes.
« Si on est partisan de l’environnement, comment peut-on être contre ce projet ? »
L’avant-veille du vote, huit parlementaires de Gironde avaient jeté un pavé dans la mare, réclamant un moratoire sur les travaux dits « AFSB » qui visent à élargir le sillon ferroviaire à la sortie sud de Bordeaux, pour permettre le passage des TGV mais aussi le futur RER métropolitain. Selon eux, une étude de la SNCF démontrerait que les voies actuelles peuvent accueillir plus de trafic, sans nécessité d’élargir le sillon. Le courrier est signé par la députée MoDem Sophie Mette, l’Insoumis Loïc Prud’homme, la sénatrice Nathalie Delattre, les sénateurs socialistes Laurence Harribey et Hervé Gillé, la LR Florence Lassarade et la sénatrice écologiste Monique de Marco.
L’Espagne est prête
Dans l’hémicycle de la Métropole, Nathalie Delattre justifie la position des parlementaires : « Nous voulons une étude indépendante, pas faite par la SNCF qui est juge et partie, dont les éléments ne semblent pas sincères. Notre économie est fragile, elle s’inquiète de l’impact du projet. » Elle estime également que, sur un projet à 14 milliards d’euros, il faut « dézoomer », prendre du temps et de la hauteur. Réponse du maire PS de Saint-Médard-en-Jalles, Stéphane Delpeyrat, qui propose de dézoomer jusqu’à l’Espagne : « Aujourd’hui, si l’on veut aller à Madrid, on va à Barcelone et ensuite on prend les TGV que les Espagnols ont construits. Il faut tenir compte de la dimension européenne du projet. On va dire aux Espagnols, qui ont fait les travaux jusqu’à la frontière, on fait la LGV jusqu’à Bordeaux et on s’arrête la ? »
Président de la Métropole, Alain Anziani s’interroge : « Si on est partisan de l’environnement, comment peut-on être contre ce projet ? Aujourd’hui, on voit un mur de camions sur l’autoroute et la tache sombre de la pollution. »