Le député d'Agen-Nérac en visite sur le tracé pressenti pour la LGV.
Ils sont rarement d'accord, et ne l'étaient pas non plus hier. À son initiative (mais il affirme avoir été invité) le député d'Agen-Nérac Jean Dionis s'est hier laissé guider le long du fuseau de 1 000 m de la ligne à grande vitesse telle que présentée le 11 janvier dernier. Rendez-vous à Xaintrailles, puis visite à Vianne, Bruch, Feugarolles… Les guides du parlementaire si tant est qu'il en avait besoin, c'était les membres de Très Grande Vigilance en Albret, et les maires des localités concernées.
Les anti-LGV ont rappelé qu'ils étaient opposés à toute ligne nouvelle, mais pour le TGV. Jean Dionis souhaite rester vigilant sur les conséquences du passage de la LGV, vers 2020, sur les populations et le patrimoine.
La Coordination 47 avant d'entrer à la préfecture, hier, en début d'après-midi. /Photo DDM, Photo Jean-Marc Ramel.
Beaucoup sont en vacances, mais pas la Coordination 47 des associations opposées au tracé de la ligne à grande vitesse. Ils ont une série de rendez-vous à honorer.
Ils avaient demandé à pouvoir s'exprimer au conseil général et face aux élus de la communauté d'agglomération d'Agen, c'est fait. Demain jeudi, puis la semaine prochaine, une délégation de la Coordination 47 des anti-LGV sera reçue par Pierre Camani et les vice-présidents du conseil général à l'hôtel Saint-Jacques, puis par le président de la CAA Jean Dionis et le maire de Boé Christian Dezalos. Dionis doit également être convié à une visite sur place, dans l'Albret.
Enfin, soupirait presque Claude Semin (association de Caudecoste) hier, à sa sortie de la préfecture. Il faisait partie du groupe reçu hier par le préfet Schmeltz et les responsables de Réseau ferré de France (RFF). Rencontre estivale certes mais sous tension, les opposants ne voulant pas entendre parler du moindre consensus sur le sujet de la liaison rapide entre Paris, Bordeaux et Toulouse. Depuis quelques mois déjà, les anti-LGV, qui défendent aussi l'idée d'une ligne à grande vitesse sur le réseau actuel, mitonnent des contre-propositions présentées hier au préfet.
« Il a été réceptif à nos arguments, et nous a indiqué qu'il allait en référer au préfet de région. Nous considérons que le projet de LGV ne correspond pas aux objectifs de l'État en matière de coûts financiers, de gains de temps ».
LGV PL : l'imposture - LGV : impacts socio-économiques
Les grands élus de nos régions et les promoteurs de LGV évoquent l'enclavement de leur territoire comme facteur contrariant de l'attractivité de leur métropole. Est-ce une illusion, ou bien une idée vérifiable ? Si la desserte d'un territoire augmentait son attractivité, nous verrions une juxtaposition des LGV et des villes les plus attractives de notre territoire. Les villes les plus éloignées du réseau grande vitesse seraient les lanternes rouges de ce palmarès d'attractivité des villes.
Or une telle étude vient d'être réalisée et publiée dans Les Echos. Tenez vous bien ! En tête du palmarès : Ajaccio, Bastia, Arcachon… Sur 3 villes gagantes, deux sont en Corse !!! Le clou de ce palmarès est que les villes les mieux desservies par les LGV sont les lanternes rouges de l'attractivité socio-économique.
Cette carte est presque un négatif de la carte des LGV. Ce tiercé gagnant est inattendu pour les décideurs de l'aménagements du territoire. Des chercheurs de l'université Paris-Dauphine ont mesuré l'effet des politiques urbaines et l'attractivité d'une centaine d'agglomérations dans une étude dont « Les Echos » ont l'exclusivité. Cette nouvelle France est coupée en deux : les petites villes du Sud l'emportent et pas seulement pour leur dynamisme économique.
Il serait temps, grand temps, que nos grands élus régionaux et nationaux et autre décideurs politiques des CCI, CESR recoivent un grand seau d'eau froide sur la tête pour sortir de cette illusion bornée qu'une LGV prestigieuse suscitera le miracle socio économique espéré pour leur région, et leur métropole. Il faut en finir de cette politique de prestige économique désastreuse et ruineuse. Qu'ils regardent la réalité en face, qu'ils s'inspirent de l'étude réalisée déjà en 2006 à l'université de Reims sous la direction de Marie Delaplace sur les impacts socio économiques des LGV qui prouve qu'il n'y a pas de miracle socio économique à attendre d'une LGV. Qu'ils arrêtent de se faire et de nous maintenir pigeons de ce charme dépassé au profit des grands groupes d'entreprises financières des BTP.
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L'été avance, mais les opposants à la LGV entre Bayonne et la frontière ne désarment pas. Le Cercle du Burrunz a déjà relevé des incohérences sur les chiffres du trafic (fret et TER) entre les conclusions de la médiatrice Marie-Line Meaux dévoilées au mois de mai et celles données par Réseau ferré de France (RFF) au terme du débat public en 2006.
Le Cade opère le même constat, et va plus loin en dénonçant le projet d'audit promis par Alain Rousset à Europe Écologie pendant les élections régionales. Pour son président Victor Pachon, il s'agit d'un « rapport bétonné. Le prestataire qui réalisera l'étude aura des paramètres à ne pas remettre en cause. La ligne Bordeaux-Espagne doit être prise dans son ensemble, ce qui exclut la possibilité de passer sur les voies existantes au Pays basque seulement ».
Claude Semin (Caudecoste) et Charles d'Huyvetter (TGV en Albret), convaincus d'avoir raison «sauf à ce que nous démontre le contraire.» Ils ont épluché les documents de RFF sur les temps de trajets, entre autres./Photo DDM Morad Cherchari.
Claude Semin et Charles d'Huyvetter n'en démordent pas : c'est un non définitif à toute idée de ligne à grande vitesse sur un nouveau tracé, avec une nouvelle gare. Et pour les porte-paroles des 12 associations réunies sur la bannière d'une coordination, l'été ne devrait pas être synonyme de congés, en tout cas sur le front du refus.
Car, dans quelques semaines, le site de la nouvelle gare TGV doit être rendu public, selon un calendrier préétabli par Réseau Ferré de France. Mais avant la fin du mois prochain, c'est du côté du conseil général et de la communauté d'agglomération d'Agen que D'huyvetter et Semin regardent. Ils poussent dans le même wagon Pierre Camani et Jean Dionis, accusés de ne pas vouloir leur donner l'audience publique qu'a pu avoir RFF dans les dernières semaines. « Les élus ne veulent pas nous recevoir et nous donner l'opportunité de nous exprimer face aux élus de l'agglomération et aux conseillers régionaux. »
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