Des travaux d’aménagement sont prévus afin de créer une troisième voie au sud de Bordeaux. Un chantier vivement contesté par plusieurs élus locaux, qui déplorent l’abandon des lignes du quotidien au profit des trains à grande vitesse.
C’est un chantier pharaonique. Le GPSO (Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest) prévoit de relier Bordeaux à Toulouse puis Bordeaux à l’Espagne en créant deux nouvelles lignes à grande vitesse. Un projet à 14,3 milliards d’euros qui implique d’artificialiser plusieurs milliers d’hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers et de réaliser de nombreux travaux d’ampleur. Jusqu’au 28 août, une enquête publique environnementale est en cours à propos des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), partie intégrante du GPSO, dont le coût est estimé à 900 millions d’euros. Plusieurs avis ont été déposés, témoignant de vives inquiétudes.
La communauté de communes de Montesquieu (CCM), située au sud de la métropole de Bordeaux, a par exemple rendu un avis négatif et détaillé, déplorant notamment des«incidences significatives et graves»sur un site Natura 2000,«ses habitats et ses espèces». Selon la collectivité girondine,«la ligne ferroviaire va couper de nombreuses continuités écologiques et hydrauliques dans une zone très riche en esteys et ruisseaux avec des risques de pollutions potentielles non maîtrisés». Le Conseil national pour la protection de la nature (CNPN) est également défavorable à ces aménagements, estimant que«les perspectives réelles»des mesures de compensation présentées pour pallier la destruction des espaces naturels«ne sont pas convaincantes et inquiètent pour l’avenir des espèces protégées».
Le dérapage incontrôlé guette l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF), selon la Cour des comptes. Fin 2015, l'AFITF traînait une dette de 746 millions d'euros, essentiellement envers SNCF Réseau.
Et si on y ajoute des paiements correspondant à des engagements nouveaux comme le Lyon-Turin ou le canal Seine-Nord, "son insuffisance de financement atteindra 1,6 milliard d'euros" en 2019, soit un milliard de plus que les 600 millions d'euros anticipés à cette date.
Lire la suite : La Cour des comptes demande à l'AFITF de hiérarchiser ses projets
Habitués à voir les innovations majeures conquérir de plus en plus rapidement le monde, les Français n'ont jamais véritablement compris pourquoi leur superbe TGV n'avait jamais réussi à devenir un succès sur la scène mondiale.La commande à 2 milliards de dollars que viennent de signer les Etats-Unis auprès d'Alstomn'y changera sans doute pas grand- chose : trente-cinq ans après avoir séduit l'Hexagone, le train à grande vitesse reste bien plus une exception que la règle et la tendance tarde à s'inverser.
Les AFSB prévoient de nouvelles lignes au sud de la gare Saint-Jean.© Crédit photo : Archives Quentin Salinier/SO
Le maire de Bègles a redit son opposition au projet de pont ferroviaire envisagé par la SNCF dans le cadre des aménagements au sud de Bordeaux préalables à la LGV
La SNCF maintiendra-t-elle son projet de pont aérien au-dessus du site de fret d’Hourcade, à Bègles ? En tout cas, le maire Clément Rossignol Puech ne veut pas de ce « saut-de-mouton », envisagé dans le cadre des Aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), ces travaux préalables à la LGV vers Toulouse et Dax. Il l’a redit dans l’avis officiel de la Ville, versé ces jours-ciau dossier de concertation publique de cette opération.
« Les élus de la Ville de Bègles s’opposent fermement à ce projet de voie aérienne, compte tenu de son insertion paysagère, mais aussi et surtout des nuisances sonores générées, pour les riverains et au-delà », motive ainsi le maire écologiste, au nom du Conseil municipal,qui s’est déjà accordé sur cette position :les élus sont favorables aux AFSB (soit deux nouvelles voies sur la ligne entre Bègles et Saint-Médard-d’Eyrans pour pouvoir multiplier les TER et TGV) sous réserve, notamment, que la SNCF étudie une solution souterraine au lieu du pont et garantisse des dispositifs antibruit.
Lire la suite : LGV : le maire ne veut pas de pont ferroviaire à Bègles
Egoitz URRUTIKOETXEA
Dix ans se sont écoulés depuis la présentation du tracé du Y basque. D'abord prévu pour 2010, l'avenir du projet paraît incertain. A la controverse sur la nécessité de la LGV, vient s'ajouter celle de savoir quel sera l'avenir des travaux engagés.
Le projet de LGV basque avait été présenté en 2006 en grande pompe par le Gouvernement de la communauté autonome basque (CAB) comme l'outil majeur de progrès pour les provinces basques. Il prévoyait de les intégrer dans un flux européen, avenir prometteur pour leur développement économique. Les questions environnementales et les préoccupations des opposants ne faisaient pas le poids face aux arguments messianiques de progrès. Le projet initial prévoyait de traverser l'ensemble des provinces basques, et de relier par le Sud le réseau à grande vitesse de l'Etat espagnol, et par le Nord, celui de l'Etat français. Initialement la LGV basque aurait dû voir le jour en 2010. Après avoir dépensé plus de 3 milliards d'euros, le tracé de la ligne à grande vitesse prévue dans la CAB peine à avancer, pour ne pas dire qu'il est à l'arrêt. Et pour cause, faute de financement, il est désormais difficile d'établir une date butoir.
Le très controversé Y basque
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