3 juillet 2013 - La Dépêche
Nouvelle manifestation des opposants à la ligne à grande vitesse hier devant la préfecture. Ils dénoncent le lobbying des élus régionaux dans les derniers jours. / Photo J.-M.M.
Mardi, le gouvernement doit enterrer, ou valider l’idée d’une ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse à l’horizon 2030 ou après. Nouvelle manifestation hier.
Des bottes de paille incendiées pour un dossier chaud. Hier, une centaine d’opposants à la ligne à grande vitesse ont manifesté devant la préfecture, une délégation a été reçue à huis clos par le préfet avec une double question à l’ordre du jour : oui ou non, les informations que possède le préfet sont-elles conformes aux leurs ?
En écho aux réactions de conseillers généraux la veille (lire notre édition d’hier), ces riverains pour la plupart impactés par le tracé de la LGV Bordeaux-Toulouse tenaient à redire ce qu’ils disent depuis janvier 2010 et l’annonce par le ministre des Transports de l’époque Jean-Louis Borloo : les 8 milliards du devis initial pour réaliser ce tronçon entre les deux capitales régionales dans le prolongement de la Tours-Bordeaux en chantier sont «une gabegie», sorte de délire de pharaons pour reprendre l’expression d’un porte-parole de la Coordination 47. Pour mémoire, un contre-rapport établit que l’aménagement des lignes existantes (lire l’encadré) est estimé entre 1,5 et 2,5 milliards d’€.
3 h 10 de Paris
Visés par l’allusion historique, Alain Rousset et Martin Malvy, présidents des conseils régionaux Aquitaine et Midi-Pyrénées, qui défendent comme le président de la chambre de commerce Jean-Alain Mariotti, le maire d’Agen Jean Dionis, le sénateur centriste Henri Tandonnet ou la députée PS Lucette Lousteau ce projet qui permettrait de placer Toulouse à 3 heures et des poussières de lune de Paris.
Jeudi, la commission nationale Mobilité 21 a rendu sa copie. Si elle reste dans la liste des LGV pouvant être maintenue, la Bordeaux-Toulouse a glissé dans le tableau des «secondes priorités» pouvant être réalisées après 2030. C’est la lecture des opposants à la LGV, qu’ils s’appellent Charles d’Huyvetter, Patrick Vaccari (Coordination 47) ou Raymond Girardi, conseiller général Front de gauche de Bouglon.
En attendant Ayrault
Mardi, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault doit «faire prendre au concept de LGV un virage», analyse Charles d’Huyvetter. «Soit il confirme ce que sous-entendent les membres de la commission Mobilité 21, soit il les contredit en validant la Bordeaux-Toulouse par exemple». La publicité faite au rapport de Mobilité 21 et à ses conclusions a déclenché une série de réactions en chaîne, de courriers et de visites dans le bureau du ministre chargé des Transports Frédéric Cuvelier. Le maire de Bordeaux Alain Juppé est ainsi allé plaider la cause de cette LGV. Ce qui a eu le don de déclencher l’ire des manifestants d’hier, qui parlent de radeau de la dernière chance et de lobbying «inacceptable».
Que dira Ayrault mardi ? Pour les promoteurs de la LGV Bordeaux-Toulouse, il doit confirmer la réalisation de la ligne à vingt ans ? Pour les opposants, il doit l’enterrer avec fleurs et couronnes. «Annoncer une ligne à grande vitesse pouvant être réalisée à vingt ans, c’est parier sur des finances publiques en meilleure santé dans ce laps de temps», lâchait un opposant hier. «Impensable».
Quelques lignes qui font mouche
Des conseillers généraux de la majorité et de l’opposition lundi, puis les représentants de la Coordination 47 hier, n’ont pas manqué de surligner en rouge un extrait du rapport de la commission Mobilité 21 (près de 100 pages). Ces phrases mentionnent que des divergences de vue sont apparues au sein des membres de la commission présidée par le PS Philippe Duron, concernant l’opportunité de réaliser cette LGV Bordeaux-Toulouse et la possibilité de rénover les lignes existantes pour accueillir des trains circulant à 200 ou 220 km/h (contre 340 km/h pour la LGV). «Les Allemands l’ont fait, avec succès», martèlent en chœur Raymond Girardi et Patrick Vaccari.