29 octobre 2024 - Sud Ouest ( article du 16 oct 2024)
Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, et Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, ne passeront pas leurs vacances ensemble, comme on dit chez les commentateurs sportifs.© Crédit photo : Stéphane Lartigue/SO et AFP
Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, a publié sur X une violente diatribe à l’encontre de son homologue écologiste bordelais Pierre Hurmic, coupable de s’opposer à la LGV entre Bordeaux et Toulouse
Le maire de Bordeaux rhabillé pour l’hiver par celui de Toulouse. « Ce n’est pas grave, je ne suis pas frileux », réagit l’écologistePierre Hurmic. Jean-Luc Moudenc, son homologue toulousain sans étiquette, n’y est pourtant pas allé avec le dos de la cuillère. Sur X, il a sorti l’artillerie lourde, réagissant à une interview de l’écologiste bordelais qui, au micro de BFM TV, réaffirmait son opposition ferme au projet deLGV entre Bordeaux et Toulouse.
Le maire de Bordeaux est donc accusé de « revenir sur l’engagement pris vis-à-vis des Toulousains, il y a plus de vingt-cinq ans, lorsque la LGV Paris-Bordeaux était en projet », et pour laquelle Toulouse et la Région Midi-Pyrénées ont déboursé 300 millions d’euros. « Cette attitude traduit un profond mépris pour tous les habitants et usagers du rail des Landes, du Pays basque, du Béarn ainsi que du Midi toulousain et agenais. Pierre Hurmic préfère un mur de camions entre Bordeaux et l’Espagne plutôt que d’augmenter les capacités ferroviaires pour le report modal. » Ambiance…
Débat qui déraille
« Sachez que je n’ai rien contre le maire de Toulouse », précise Pierre Hurmic. « Nous pouvons d’ailleurs travailler en bonne intelligence sur d’autres dossiers. Je suis étonné que ce débat ferroviaire puisse dérailler à ce point, la méthode me chagrine. Mais je n’attaquerai pas personnellement le maire de Toulouse, je préfère lui répondre sur le fond. » Et, en tant qu’ancien avocat des opposants à la LGV, Pierre Hurmic possède des arguments bien affûtés.
« Pierre Hurmic préfère un mur de camions entre Bordeaux et l’Espagne »
Sur l’engagement vis-à-vis des contribuables toulousains, par exemple : « En participant financièrement à la LGV Bordeaux-Paris, ils ont gagné une heure de trajet. Il ne faudrait pas refaire l’histoire, il n’existe nulle trace d’un quelconque engagement sur la ligne Bordeaux-Toulouse en contrepartie d’un financement sur la ligne entre Bordeaux et Paris. »
« Déni de démocratie »
Quand Jean-Luc Moudenc estime que« le projet est plébiscité par 78 % des Français », Pierre Hurmic répond qu’un « sondage n’est pas une consultation citoyenne, surtout dès lors qu’un seul sondé sur cinq indique connaître le projet ». Pour le maire de Bordeaux, seul le résultat de l’enquête publique compte : « 14 000 avis dont 93 % sont négatifs, c’est énorme et cela démontre que le projet est peu pertinent. La commission d’enquête précise que les alternatives à la grande vitesse n’ont pas été suffisamment explorées. Ne pas en tenir compte relève du déni de démocratie. »
En connaisseur rodé du dossier, le maire de Bordeaux prend donc le contre-pied de la thèse toulousaine qui ferait de lui un hurluberlu écologiste isolé du reste du personnel politique en responsabilité. « La démocratie, c’est respecter les élus. Comme les maires du Sud-Gironde et les 80 élus girondins, dont cinq sénateurs sur six, qui dénoncent un projet qui va balafrer et fragmenter le territoire. Je rappelle queles maires de Bordeaux, Bayonne et Irún ont aussi lancé un appelpour la modernisation urgente des lignes existantes… Nous n’avons pas de leçon de démocratie à recevoir. »
Jean-Luc Moudenc sera toutefois soulagé de trouver le soutien de l’ancien maire LR de Bordeaux, Nicolas Florian, qui, toujours sur X, s’interroge : « Quel abandon d’idéal. Un pratiquant qui n’est plus croyant ? Bordeaux bénéficie du TGV vers Paris à 2 h 04. Faire de Bordeaux une gare de garage est un mépris total pour Toulouse. »