4 juin 2013 - Sud Ouest
Le projet à 20 ans d’une zone d’aménagement concerté, porté par l’Agglo, suscite les oppositions.
Près d’une centaine de personnes se sont déplacées vendredi soir à la salle des fêtes de Sainte-Colombe-en-Bruilhois pour assister à la réunion publique sur la ZAC que veut porter l’Agglo. (Ph. J.-L. B. )
Le projet de la zone d’aménagement concertée de Sainte-Colombe-en-Bruilhois englobe 214,8 hectares, au nord de l’A 62. Une fois enlevée l’emprise de la LGV (lire ci-contre), il reste 194,1 hectares de surface opérationnelle, c’est-à-dire dédiée à la zone proprement dite. La surface cessible, celle qui sera commercialisée aux entreprises, est de 146 hectares répartis par phases d’une trentaine d’hectares sur vingt ans (lire le calendrier). Objectif : fixer 4 000 emplois en vingt ans sur la zone, le double de l’Agropole sur la même période.
Le président de l’Agglomération d’Agen, Jean Dionis du Séjour, affiche son volontarisme et son ambition de créer une dynamique en Agenais. « La compétition est une réalité. Si Agen ne reste pas une ville industrielle, elle glissera vers la précarité. » Pour ce faire, a-t-il insisté tout au long de la soirée, « l’Agglo a besoin d’une réserve foncière ». Le raisonnement se tient : si rien n’est aménagé, les entreprises potentielles iront ailleurs.
« Projet pharaonique », a-t-on protesté dans la salle. Inadapté pour les PME, estime Maryse Combres, porte-parole des Verts et habitante de Sainte-Colombe-en-Bruilhois.
2 Quelles activités, quelles entreprises
En présentant un projet « non spécialisé par secteur d’activité » et non adossé à de la formation, la ZAC ne pourra plus prétendre au label de technopole, attractif en termes de commercialisation. Jean Dionis a évoqué les filières pharmaceutiques, aéronautique - cohérentes avec « une vallée qui va de Bordeaux à Toulouse » - ou encore environnementale axée sur l’hydraulique. « Cela fait plusieurs pistes », a-t-il rétorqué aux sceptiques. « Est-ce qu’on saura les capter ? Ça dépend de nous. »
Le découpage en grandes parcelles doit permettre d’accueillir des sites de logistique, cible évoquée à plusieurs reprises. Mais si elles consomment beaucoup d’espace, elles créent peu d’emplois. Les détracteurs n’ont pas manqué de le relever.
3 Financement flou
« On n’a rien compris à la ventilation », pointe Joseph Bonotto, opposant prolixe. Le financement du projet demeure en effet très flou. « Le coût global est important, avance Henri Tandonnet, vice-président de l’Agglo. «Il est encore en discussion. Nous arriverons à un chiffrage précis à l’automne. »
L’Agglo annonce 36 millions d’euros de travaux d’infrastructures sur la zone, auxquels il faut ajouter l’achat du foncier, dont les négociations sont en cours. Elle le reconnaît, elle n’a pas encore de garanties chiffrées quant à la participation de partenaires (État, Autoroutes du Sud de la France pour un deuxième échangeur, Conseil général).
Son président maintient : « À partir du moment où l’Agglomération prend la maîtrise d’ouvrage, elle assumera sa partie », annonce-t-il. Quitte à débourser (beaucoup) plus que prévu ?
4 Fortes oppositions mais plurielles
Avec ses terrains près de l’A 62, plats et non inondables, la zone de Sainte-Colombe-en-Bruilhois cumule logiquement tous les projets d’aménagement des prochaines décennies.
Encore rurale, cultivée, elle suscite aussi les oppositions. Détracteurs de la LGV, défenseurs de l’agriculture, protecteurs de l’environnement… chacun a ses arguments pour s’opposer à une zone qui « artificialise les sols », « voit trop grand », « gaspille de la terre » par un « manque de cohérence » avec celle de l’Agropole.
À ces arguments idéologiques s’ajoutent parfois, même s’ils ne sont pas avoués, des intérêts financiers de transactions foncières.
Enfin, à un an des élections municipales et deux des cantonales, la ZAC de Sainte-Colombe-en-Bruilhois cristallise les enjeux politiques.