6 avril 2013 - Coördination47
Président de la FNAUT
32 rue Losserand
75014 PARIS
Feugarolles, le 4 avril 2013
Monsieur le Président,
Votre réaction à propos de la manifestation contre le projet de LGV entre Bordeaux et Toulouse nous a considérablement surpris tant les informations que vous avancez sont erronées. Que vous soyez favorable à une politique ferroviaire favorisant les LGV est très discutable si l’on se réfère aux résultats de la SNCF sur ces lignes qui montrent maintenant des résultats fort contrastés. Que vous mainteniez ce point de vue, malgré la crise financière et les coûts exorbitants de ces infrastructures pour quelque 7 ou 8 % de privilégiés, est pour le moins choquant pour ne pas dire irresponsable.
Que de surcroît vous considériez que la LGV Bordeaux-Toulouse est prioritaire relève soit de l’ignorance soit de la tromperie.
En effet, cette ligne n’est pas rentable :
- Elle coûte très cher (environ 8 milliards € à ce jour).
- Ses performances sont moyennes 3 h 10 selon RFF et sans arrêt à Agen et Montauban, pour 3 trains par jour. En effet, la ligne est trop courte pour exploiter toutes les capacités des machines.
Votre association déforme intentionnellement nos arguments quand elle dit que la LGV fait gagner 1 heure et non quelques minutes.
Ce n’est pas la LGV qui fait gagner quelques minutes mais la différence de temps entre la LGV et la solution alternative de modernisation de la ligne actuelle ; une différence de 20 minutes pour 840 km et uniquement pour une minorité d’usagers qui prend le TGV. Pour les autres, que fait-on ?
- Consommation d’énergie et de CO2 :
Nous rappelons qu’un TGV à 320 km/h consomme 75 % de plus qu’un TGV à 220 km/h, vous oubliez de l’indiquer.
Rappelons qu’en France, les émissions de CO2 sont les suivantes :
Voiture : 85 %
Avion, lignes intérieures : 3 %
Ferroviaire : 1 %
Faire une fixation sur l’avion pour gagner 1 % alors que l’on parle moins des 85 % de GES induits par la route et que l’on continue à construire des autoroutes devrait faire réfléchir la FNAUT et atténuer ses propos (Exemple : l’A65).
Un meilleur transport du quotidien TER et intercités permettrait de détourner des voyageurs de la route vers le ferroviaire.
- Projet vertueux pour l’environnement ?
La LGV Bordeaux Toulouse c’est la destruction de :
4000 hectares de terre agricole et forestière
421 maisons
34 hectares de site NATURA 2000
86 hectares de site SNIEFF
1650 hectares de sites écologiques
Avec ce constat, peut-on qualifier ce projet de vertueux pour l’environnement ?
- Le report modal vers le ferroviaire sur cette ligne est très largement surestimé. Le report modal de la voiture vers le rail, une étude indépendante (CERCL) réalisée pour le compte d’une association d’Élus et financée à 50 % par le Conseil Général du Lot-et-Garonne, démontre que le report modal de la route vers le rail est pratiquement nul.
- Aucune retombée économique pour les territoires traversés, selon vos propres rapports d’ailleurs.
De plus, ce projet est incompatible avec la politique gouvernementale et le SNIT quant aux transports de proximité (gares exurbanisées à Agen et Montauban rendant impossible l’interconnexion directe avec les TER, le transfert des trains voyageurs grandes lignes vers la LGV et faisant peser à terme un énorme risque de fermeture et de désaffectation de la ligne actuelle).
Vous oubliez de dire que le gouvernement a confirmé en 2011 (CGEDD) que la ligne Bordeaux-Toulouse n’est pas saturée…
La LGV Bordeaux-Toulouse n’est non seulement pas rentable mais est aussi très dangereuse pour l’avenir du transport ferroviaire dans ces régions et grèvera lourdement les finances des départements pauvres (dont le nôtre) sans aucun espoir de développement économique induit par une LGV.
Désolé, Monsieur le Président, mais la LGV Bordeaux-Toulouse n’est pas du tout prioritaire, il ne faut donc pas la construire, mais moderniser la ligne existante, seule solution viable, conformément aux préconisations de la lettre de mission du ministre délégué aux transports, Frédéric Cuvillier, à la commission Mobilité 21.
Nous sommes à votre disposition pour vous démontrer nos assertions et vous les prouver.
Dans cette attente, veuillez agréer, Monsieur le Président, nos salutations distinguées.
Pour la Coordination 47
Copie : M. Duron, Président de la Commission Mobilité 21.
Membres de la Commission Mobilité 21
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