En juin dernier, Bruxelles a classé la LGV Bordeaux/Toulouse/Dax parmi les projets éligibles au financement européen.© Crédit photo : Archives Philippe Lopez/AFP
Bruxelles doit financer la ligne à grande vitesse Bordeaux/Toulouse/Dax à hauteur de 20 %. Autant dire que la Commission européenne fait l’objet de toutes les attentions des partisans et des opposants du projet
Les amateurs de force basque connaissent l’épreuve de« soka tira »,soit en français le tir à la corde. Dans le dossier de la ligne à grande vitesse allant de Bordeaux vers Toulouse et Dax, partisans et opposants ne ménagent aucun effort pour attirer la Commission européenne dans leur camp. Avec 20 % du financement d’un projet aujourd’hui évalué à 14 milliards d’euros, c’est en effet Bruxelles qui détient le droit de vie ou de mort de ce chantier ferroviaire exceptionnel.
L’État, financeur à hauteur de 40 %,a prévenu qu’il ne se substituerait pas à une éventuelle défaillance européenne, et on imagine mal les collectivités locales, sollicitées elles aussi à 40 % et en proie à des restrictions budgétaires, prendre en charge une telle somme. Autant dire que Bruxelles fait l’objet de toutes les attentions… ainsi que Dax.
Lire la suite : Ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse : c’est l’Europe qui arbitrera
Guillaume Pepy, président de la SNCF, et Alain Rousset, président de la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes©
Lors d'une rencontre avec le président de la SNCF, Alain Rousset a plaidé pour une augmentation du nombre de dessertes entre Bordeaux et Paris. De son côté, Guillaume Pépy a détaillé pour la première fois ses propositions
Le dialogue à distance entre la SNCF, Lisea et Bordeaux qui porte sur le nombre de fréquences de TGV directs entre Paris et Bordeaux à l'horizon de l'ouverture de la ligne, le 2 juillet 2017, est monté d'un cran cette semaine.
Hier mardi, à l'occasion d'une rencontre avec Guillaume Pepy, le président de la SNCF, au siège de l'Association des Régions de France, Alain Rousset s'est montré offensif. En ligne avec Alain Juppé et la société Lisea sur cette question délicate, le président de la Région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes a plaidé à son tour pour un nombre accru de dessertes directes entre Bordeaux et Paris : " Il faut plus de TGV au moment où les usagers en ont besoin, en correspondance des TER venus de Périgueux ou de Mont-de-Marsan ", a-t-il indiqué à l'issue de son entretien.
Péages trop chers
On sait qu'aujourd'hui la SNCF ne souhaite pas en mettre plus de 16,5 en service chaque jour. Elle juge les péages trop chers au regard de ses recettes d'exploitation à venir. Elle privilégie les trains de grande capacité, capables, sur deux étages, d'embarquer 1 200 passagers. Lisea plaide, comme les élus, pour davantage de trains, plus cadencés aux heures de pointe.
L'argument pour les élus est celui du nouveau dynamisme affiché de la métropole et de sa région : " Avec 19 allers-retours directs, nous serions encore en deçà des fréquences envisagées dans le contrat de concession, et avec une desserte de Bordeaux nettement inférieure à celle de Lyon ", a écrit Alain Juppé en début de semaine à Guillaume Pepy.
Un prix moyen de 22 euros le km par train
L'argument pour Lisea est sonnant et trébuchant. Pour obtenir la concession de ce projet ferroviaire de grande ampleur, la filiale du groupe Vinci a injecté 700 millions de fonds propres et emprunté 3 milliards d'euros à un pool bancaire. C'est le principe du partenariat public-privé. La puissance publique, SNCF Réseau, L'État, l'Europe et les collectivités locales ont financé la moitié de l'investissement. Pour se rembourser, Lisea a besoin de l'argent des péages. Le calcul de leur coût est compliqué, il dépend de la capacité des trains et des horaires, mais on peut considérer que le prix moyen est de 22 euros le kilomètre par train.
Avec 16,5 allers-retours directs, Lisea dit ne pas honorer ses charges, à la fois le remboursement de sa dette et les dépenses de maintenance de la ligne pendant la durée de la concession. Il lui manque au moins 30 millions d'euros par an.
Ce qui est sûr, c'est que Lisea ne saura détourner la totalité de la clientèle d'affaires qui aujourd'hui rejoint Paris via l'aéroport de Mérignac. Un enjeu crucial pour la rentabilité de la ligne. Mais, dans une lettre adressée au maire de Bordeaux, Guillaume Pepy avance enfin quelques chiffres.
"22 aller-retours rapides et utiles"
Il rappelle à l'ancien Premier ministre l'engagement de son groupe pour la LGV : 2,2 Mds d'euros investis dans le projet. Il détaille ses propositions de dessertes qui incluent, on ne le savait pas à ce jour, deux allers-retours rapides vers Massy, Marne-la-Vallée et Roissy-Charles-de-Gaulle, autant de correspondances attendues par les usagers.
" À la mise en service de la ligne, nous aurons 32,5 allers-retours, dont 22 rapides et utiles pour la clientèle bordelaise ", explique Guillaume Pepy, selon qui la comparaison avec Lyon n'est pas si déséquilibrée que cela. Pour le patron de la SNCF, le différend avec Lisea porte sur la rentabilité des fonds propres apportés par le concessionnaire pour les cinquante ans de la concession. Elle est significative : de l'ordre de 15 % à la signature du contrat. Sans doute moindre avec un peu moins de trains. Un écart qui ne fait pas pleurer Guillaume Pepy, qui doit gérer des obligations de service public et des contraintes financières d'une tout autre nature.
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Des panneaux ont été posés à l’entrée des villages concernés.© Crédit photo : Françoise Yrieix
Lors du conseil municipal de mardi 21 mai de nombreux dossiers ont été traités, dont le sujet récurrent de la ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse et son coût, qui va impacter de nombreux habitants. Line Lalaurie, la maire, a expliqué aux élus le pourquoi du panneau placé à l’entrée du village ce mois-ci, où il est indiqué « Ici, on paiera la taxe LGV pendant 40 ans ! ». Un même panneau installé dans 213 communes du Lot-et-Garonne, situées à moins d’une heure de la future gare LGV de Sainte-Colombe-en-Bruilhois et donc concernées par le financement de cette ligne.
Depuis 2023, les mairies et les contribuables paient une nouvelle taxe, intégrée aux impôts fonciers : la taxe TSE (taxe spéciale équipement) qui devrait durer quarante ans. « Cette nouvelle démocratie va faire payer le train des citadins par des ruraux à qui on n’a pas demandé l’avis », dixit le collectif Stop LGV47.
Line Lalaurie, ainsi que d’autres élus, s’insurge contre ce projet national financé par des collectivités locales et les particuliers.
Des réunions publiques vont être organisées par le collectif StopLGV47 dans les villages qui leur en feront la demande.
NdlR-TGV Albret : à lire les commentaires en dessous de l'article
Renaud Lagrave et Gilles Savary. © ISABELLE LOUVIER ET BERNADETTE DUBOURG
Le Girondin Gilles Savary charge, le Landais Renaud Lagrave réplique
Les hostilités ont été ouvertes en Gironde par le député socialiste Gilles Savary. Cet ancien partisan des lignes LGV passé dans le camp des opposants a soigné ses « amis » landais. « Dans cette affaire, ce sont les Landes qui pilotent le gouvernement. Quand Vidalies a annoncé que le gouvernement comptait poursuivre la procédure, c'est pour faire plaisir à Emmanuelli. C'est une question de nombril politique. Les Landes veulent un TGV qui aille jusqu'à Dax et peu importe que cela ravage les finances publiques ! Je suis scandalisé par la vision clientéliste de certains grands élus dans ce dossier », lançait-il.
Lire la suite : La LGV divise les élus socialistes : "C'est une question de nombril politique"
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