Les anti-LGV ressortent du bois. Ils dénoncent les mensonges de la SNCF concernant la LGV Bordeaux-Toulouse
PhotoDDM./MC La Dépêche
Dix ans depuis le lancement, sur le papier, de la LGV entre Bordeaux et Toulouse. Les opposants au projet font jouer le droit d’inventaire dans les affirmations de la SNCF.
Les trains n’arrivent que rarement à l’heure, la ligne à grande vitesse n’est, elle, toujours pas entrée en gare alors que ses promoteurs publics, dont la SNCF, annonçaient sa mise en service pour 2021. Au mieux, elle est annoncée pour 2035-3037. Charles D’huyvetter, président de l’association TGv En Albret, en est convaincu : "Le projet ne verra jamais le jour mais personne à Paris ne veut l’annoncer."
En attendant ce qui serait une bonne nouvelle pour les associations entre Bordeaux et Toulouse, les opposants réunis sous la bannière de la Coordination 47 ont écrit à l’ensemble des groupes parlementaires au Sénat et à l’Assemblée nationale, aux cinq parlementaires de Lot-et-Garonne comme à la présidente du conseil départemental Sophie Borderie. Premier grief, l’incompréhension après la découverte d’un crédit de 28 M€ ajouté pour les études sur le tracé entre Bordeaux et Toulouse. "Cette somme pourrait être ajoutée au financement de la rénovation des lignes existantes", détaille Catherine Ayme, de TGV En Albret. En mars 2012, ce qui ne rajeunit personne, un cabinet d’expertise avait étudié les deux options, lignes nouvelles et aménagement de l’actuelle desserte ferroviaire. Coût de la première option prônée par les pouvoirs publics, 11 milliards d’€ pour les 137 km de voies ferrées. Estimation de la rénovation des lignes par le cabinet Claraco, 2,5 milliards dans la version premium à ce jour.
Autre reproche, les mensonges présumés de la SNCF. Dans le courrier technique adressé à leurs interlocuteurs, les anti-LGV font écouter la différence entre les annonces et prévisions de la SNCF au début des années 2010, et "la réalité en 2021. Les justifications de SNCF Réseaux tombent à l’eau" estime Jacques Doucet, porte-parole de la Coordination 47.
"La SNCF établissait ses arguments sur la base d’une éventuelle saturation des lignes existantes. Il n’en est rien." Même argument pour le nombre de passagers passant en gare d’Agen, qui avait justifié le transfert rive gauche à Sainte-Colombe-en-Bruilhois. "Le prévisionnel donnaient plus de 2 millions de voyageurs en 2021, à l’ouverture de la ligne." C’est aujourd’hui 1,3 million au total de l’ensemble des lignes en 2019. "Cela n’a donc rien à voir avec la crise sanitaire," s’empresse d’ajouter Catherine Ayme.
Le troisième grief porte sur l’impact social auprès de la population (lire ci-dessous). Trois bonnes raisons pour que les militants anti-LGV s’invitent comme en 2015 dans la campagne des élections départementales et régionales.
(image Batiactu) Perpignan / Figueras: le jugement administratif invalide la réponse du ministère.
Lettre réponse à Madame la députée F.Lasserre lettre F Lasserre Perp Figueras 20201210 et jugement Jugement loi Loti prepignan figueras Ibanez Verchère Avrillier
Objet : Bilan LOTI section ferroviaire Perpignan/Figueras
Pièce jointe : Jugement définitif du 7 janvier 2020 enjoignant le ministère de la transition écologique de publier ce bilan LOTI dans les 4 mois de la notification
Copie : Collectif des Associations de Défense de l’Environnement du Pays Basque et du Sud des Landes (CADE)
Chers amis,
Voici le courrier que Coordination 47 et TGV en Albret ont décidé d’adresser aux présidents des groupes parlementaires de l’Assemblée Nationale et du Sénat, ainsi qu’à nos trois députés et deux sénateurs du Lot-et-Garonne. Nous l’avons également envoyé à la Présidente du Conseil départemental et à la ministre de la transition écologique et solidaire et du ministre des transports.
Nous ne nous endormons pas, le combat continue et nous allons le faire savoir dans le cadre d’une très prochaine conférence de presse.
Prenez soin de vous. Avec toutes mes amitiés,
Charles
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NdlR TGV Albret : cliquez l'article pour agrandir
La réponse du berger à la bergère ? Il y a un peu de ça. Opposés sur le dossier du barreau de Camélat avec le président de Région Alain Rousset, les élus de l’Agglo d’Agen ont balisé un autre terrain de mésentente avec le patron de la Nouvelle-Aquitaine : la ligne ferroviaire à grande vitesse.
Le premier vice-président de la collectivité et maire de Moirax, Henri Tandonnet se pose en porte-parole de quelques-uns de ces administrés dont les maisons se situent sur le tracé de la ligne, au pied du coteau sur lequel est déployé le bourg. Des propriétaires sous le coup d’une expropriation mais dans l’incapacité de se séparer de leurs biens.
« Dans ces circonstances, personne ne s’y intéresse et les propriétaires n’ont plus le droit de les faire évoluer, résume l’édile. Et pourtant, nous avons sur la commune deux dossiers urgents, avec dans un cas, un couple dont la situation professionnelle s’est dégradée, et une dame tombée veuve dans l’autre… »
Pour ce type d’acquisitions, il existe pourtant un fonds d’anticipation, abondé par l’Etat, SNCF Réseau et les collectivités territoriales. Mais la manne, à hauteur de 28 millions d’euros en 2019, est tarie, selon Henri Tandonnet. Et à cette heure de remettre au pot, il fustige la position de la région Nouvelle-Aquitaine.
« L’Occitanie verse. La métropole de Toulouse aussi. Mais la collectivité d’Alain Rousset et Bordeaux Métropole n’ont rien donné depuis 2013. Ces fonds sont fléchés par un comité de pilotage pour les cas prioritaires à caractère social. Forcément, les dossiers du côté toulousain sont traités les premiers. Mais maintenant que le fonds est consommé, on demande au président de Région de prendre ses responsabilités, quitte à déplaire à ses amis écologistes. Je rappelle que le Lot-et-Garonne a versé 40 millions d’euros pour le tronçon Bordeaux-Tours. »
« Plus d’argent »
"Des propriétaires près de chez moi ont vendu mais moi depuis deux ans, rien ne bouge"
Henri Tandonnet a été sollicité par les familles concernées pour débloquer leurs dossiers. Brigitte Vignoli, dont l’habitation est plantée au beau milieu du fuseau, est de celle-ci. « Cette maison est bien trop grande pou r moi. Rendez-vous compte, 235 m² de bâti sur 4000 m² de terrain. Des propriétaires près de chez moi ont vendu mais moi depuis deux ans, rien ne bouge. On me dit qu’il n’y a pas d’argent. Cette maison est une trop grosse charge pour moi seule », lance la sexagénaire depuis cette forme de confinement. « Je veux partir, et si besoin, je prendrai un avocat. D’autres l’ont fait avant moi et SNCF a racheté leurs maisons. »
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