11 décembre 2014 - La Dépêche ( du 10 décembre 2014)
Feugarolles a fait son «coming-out», explique le maire, Jean-François Garrabos en riant. Depuis le vote d'une motion contre l e projet de LGV lors du dernier conseil communautaire, un panneau «Ici, le conseil municipal est contre la LGV» trône à l'entrée de la commune.
Une prise de position pas vraiment étonnante de la part de l'élu qui ne cache plus depuis quelque temps déjà son opposition au chantier, mais jusqu'à présent, «il y avait des conseillers municipaux neutres. Aucun n'était franchement favorable, mais je ne voulais pas les influencer et avec nos arguments, je crois qu'on a fini par les convaincre…» Et ainsi obtenir 15 voix pour cette motion. L'unanimité. «Comment pourrait-il en être autrement pour Feugarolles, une commune impactée économiquement et écologiquement ?»
Dans la lignée de l'enquête publique
Dans la foulée de la décision municipale, les agriculteurs, les chasseurs, et bien entendu l'association Très Grande Vigilance en Albret ont déposé leurs contributions à l'enquête publique close lundi, à la mairie feugarollaise. Satisfait de voir que de nombreuses communes comme Feugarolles, Montesquieu ou Aiguillon ont manifesté publiquement leur opposition — contrairement à d'autres collectivités comme le conseil général et la CCVA dont il espère encore une prise de position ferme -, Charles d'Huyvetter attend le rapport de la commission d'enquête, en janvier : «Il paraît qu'il y a eu pas loin de 4 000 participants pour l'enquête sur les Grands Projets Ferroviaires du Sud-Ouest», avance le président de TGV en Albret. «Quand on voit les résultats, il serait logique qu'on abandonne purement et simplement le projet.» Son maire estime, lui,, que sur la seule commune de Feugarolles, 95 % des participants se sont prononcés contre «et je sais que les résultats sont comparables dans les autres communes impactées. ««Inutile», «coûteux», «dégradant», «obsolète» Jean-François Garrabos ne tarit pas de reproches au sujet de ce projet dont il attend encore qu'on lui présente une clef de financement.
Pour l'instant, il a surtout l'impression que cette LGV, qui lui paraît bien discutable, sera financée par des générations de Lot-et-Garonnais, qui vivent déjà dans un des départements les plus pauvres de France. «On ne va quand même pas financer cette mascarade alors qu'on sait très bien que les gens qui seront à l'intérieur des trains sont des gens des métropoles. Cela n'apportera que croissance et prospérité aux entreprises qui vont la construire et qui ne seront certainement pas lot-et-garonnaises».
Prise de conscience
Tout comme l'a fait remarqué la Cour des comptes dans son rapport du 23 octobre, il est bien conscient que ce genre d'aménagements contestés aboutissent souvent du fait d'élus persuadés d'être sur la bonne voie, mais il ne désespère pas : «Il me semble percevoir un changement de ton au niveau de l'état. Manuel Valls a récemment déclaré que 4 grands projets c'était trop et qu'il valait mieux privilégier l'entretient des voies existantes.» La preuve que le gouvernement ne fait pas la sourde oreille lorsque les citoyens se prononcent contre ces grands projets d'aménagements qui provoquent de vives réactions dans l'Hexagone : «Il commence à y avoir une prise de conscience sur le mode de prise de décision des projets», commente Charles d'Huyvetter. «Une minorité de gens prend les décisions, c'est scandaleux et c'est cela qu'il faut combattre.»