3 décembre 2014 - Le Républicain et Sud Ouest
Le lien vers l'article de SO relatant cette réunion :
http://www.sudouest.fr/2014/12/03/dialogue-de-sourds-1755833-2780.php
Réunion publique houleuse ce mardi soir à Langon. Les responsables du projet campent sur leur position : pas question de prolonger l'enquête publique GPSO au-delà du 8 décembre.
Alors que la température frise les 0 degré dans les rues de Langon, l’ambiance est bouillante dans la salle Nougaro : un climat insurrectionnel flotte en effet du côté des opposants aux LGV venus en nombre pour cette 4e réunion d’information organisée dans le cadre des enquêtes publiques du GPSO (Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest).
Sur scène, André Bayle, le chef de projet RFF (Réseau ferré de France) et responsable de mission GPSO et Daniel Maguerez, le président de la commission d’enquête publique du GPSO, font face aux Sud-Girondins qui ont pris d’assaut les 500 fauteuils mis à disposition du public.
D’entrée, la ton est donné : « Il n’y a pas de raison de prolonger l’enquête d’utilité publique et son arrêt reste conforme au planning soit le 8 décembre prochain » lâche sans ménagement Daniel Maguerez. Aussitôt c’est la bronca dans la salle. Huées, sifflets et cris de colère jaillissent dans tous les sens : « Il n’y a pas d’arrangements » ou « abandon du projet » se distinguent dans le lot.
Les arguments d’André Bayle, chef de projet RFF
Qu’à cela tienne, André Bayle, imperturbable, reprend la parole et revient sur les grandes lignes du GPSO en Sud-Gironde, programme qui a d’ailleurs été confirmé dans les priorités nationales en 2013. A l’aide d’un diaporama informatif, le chef de projet RFF reprend un à un les grands points du projet tant sur sur son impact économique que sur son aspect environnemental :
- « Une irrigation des territoires »
- « Un développement des capacités du fret »
- « Une amélioration des transports du quotidien au droit des deux métropoles régionales : Bordeaux et Toulouse »
- « Un projet ambitieux et stratégique »
- « Un gain de temps »
- « Des dessertes des territoires intermédiaires »…
Inutile de préciser que chacune de ses expositions sont ponctuées de huées ou de sifflets par une foule crispée et nerveuse, prête à en découdre.
Philippe Barbedienne, représentant des opposants, réplique
On pourrait dire que le TGV a un petit air de famille avec le Concorde et avec le Rafale, vous savez, cet avion que seuls les Français achètent parce que les étrangers n’en veulent pas : le TGV, c’est un peu pareil, c’est trop cher pour les étrangers.
Philippe Barbedienne, directeur de la Sepanso* et représentant des associations apporte un nouvel éclairage sur ce projet ferroviaire qui traverserait 105 communes et qui nécessiterait la création de 327 km de lignes nouvelles avec un tronc commun de 55 km en Sud-Gironde dont 105 sur le tronçon Sud-Gironde-Dax et 167 km sur le tronçon Sud-Toulouse.
C’est un projet ruineux : 9,5 milliards d’euros sans le tronçon Dax-Hendaye. C’est un projet dévastateur : 4800 d’hectares d’emprise. C’est la fragmentation définitive des grands espaces et ce sont des nuisances dures pour les humains, la foret, le vignoble, la faune, la flore, les paysage. En bref, c’est un grand projet inutile imposé.
Et sous un tonnerre d’applaudissements, Philippe Barbelaine tire alors sa botte secrète : « La grande vitesse ferroviaire : un modèle porté au-delà de sa pertinence ». Qualifié de « petit caillou dans la chaussure » par le directeur de la Sepanso, ce rapport de la Cour des Comptes fait aussitôt mouche dans l’assemblée qui manifeste alors son adhésion par des applaudissements nourris.
Power point contre power point, diapo contre diapo, tous les éléments sont réunis pour une guerre de position. Et dans l’hypothèse du maintien du projet, le calendrier pourrait en effet mettre le feu aux poudres entrainant alors un mouvement de radicalisation parmi les opposants les plus déterminés à ce projet ferroviaire en Sud-Gironde.
*la fédération des Sociétés pour l’Etude, la Protection et l’Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest
Paul-Michaël Borgne