Le 11/02/2014 - La Dépêche du Midi (publié le 10/02/14 - Article de St. B.)
LGV : une épine dans le pied
Les deux nouvelles lignes LGV et leurs aménagements ferroviaires ont fait l'objet d'un document de 10 000 pages qui devrait servir de support à l'enquête publique. (Photo, archives, J.-M.M.)
Une autorité indépendante vient de remettre un rapport de 45 pages qui demande à Réseau Ferré de France de revoir sa copie en amont de l’enquête publique de l’été prochain sur le tracé Bordeaux-Toulouse.
C’est un petit caillou dans la chaussure de Réseau Ferré de France et de Grands Projets du Sud-ouest (GPSO). Le 22 janvier dernier, la méconnue Autorité environnementale (*) a rendu sa copie sur les deux lignes nouvelles LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax et les aménagements ferroviaires sur les deux tronçons à partir de la capitale aquitaine.
Dans ce document que «La Dépêche du Midi» s’est procuré, les experts émettent un avis circonstancié sur les 10 000 pages (?) soumises à leur avis par RFF, qui doivent servir de support à l’enquête publique prévue avant l’été dans les départements traversés, et donc en Lot-et-Garonne. Sur la forme, l’Autorité considère que l’épaisseur du guide de lecture (172 pages à lui tout seul !) est peu lisible comme les sommaires.
C’est presque un détail car l’Autorité estime que ce même dossier doit pour être présenté au public être complété sur une série de points et pas des moindres. Ils sont au nombre de six, à commencer par «les raisons pour lesquelles les projets ont été retenus, au regard des principales solutions de substitutions examinées, notamment pour Bordeaux-Toulouse.» Du côté des opposants à la ligne à grande vitesse, qui militent pour l’aménagement des lignes existantes, on ne danse pas encore sur les tables mais on a déjà sorti les bouteilles, même si l’avis de cet organisme n’est que consultatif.
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Natura 2 000…
Les autres points soulevés concernent très directement la protection de l’environnement. Le document s’interroge sur l’impact de la LGV sur les milieux aquatiques et des franchissements «de très nombreux cours d’eau», et demande l’évaluation des incidences sur le réseau Natura 2 000. L’Autorité veut connaître l’impact sur la biodiversité et la sacro-sainte «continuité écologique» des fleuves et rivières, dont la Garonne.
Et, cerise sur le gâteau, deux points doivent être mieux éclairés : l’impact des nuisances acoustiques aux abords des villes et agglomérations sur les tracés en tenant compte des «trafics vraisemblables» en 2025. Les experts s’interrogent aussi sur la fréquentation supposée de la ligne et la mettent en parallèle des investissements annoncés (7,8 milliards d’€). Du pain béni pour les anti-LGV. Pour faire court, il manque encore des pages aux 10 000 déjà fournies. Un comble.
L’AE recommande «des éclairages complémentaires aux résultats de l’évaluation économique» sur les prévisions de trafic et sur le montant des investissements publics. Elle va même jusqu’à imaginer qu’il faut réellement scinder les deux tronçons pour apporter «des éclairages utiles au public et aux autorités amenées à se prononcer sur l’utilité publique des projets.» Enfin, elle s’interroge sur un chiffre monstrueux et son impact : 40 millions de m3 de remblais pour le terrassement et les travaux de l’ensemble.
(*) L’Autorité environnementale dépend du Conseil général de l’environnement et du développement durable (ministère de l’Ecologie). Elle a été créée en 2009.
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24 communes concernées
Pas de date précise pour le lancement de l’enquête publique. RFF et GPSO ont toutefois annoncé le mois de juin. Ce n’est qu’un pur hasard, l’enquête publique doit ainsi se dérouler en plein été. La saisine de l’Autorité environnementale est la première étape en amont de la consultation taille XXL qui doit se dérouler dans les départements concernés par les tracés en Aquitaine et Midi-Pyrénées. La deuxième étape est la décision ministérielle pour approbation du dossier soumis à l’enquête publique avec en bout de ligne un arrêté pris par tous les préfets concernés. La LGV en Lot-et-Garonne, c’est 71 km, et 24 communes concernées (sources RFF).