23 octobre 2013 - Sud -Ouest édition papier
FINANCEMENT ; Le gouvernement refuse le recours au privé, mais la négociation avec les élus locaux sera âpre
9 milliards d'euros. Pas moins. C'est le coût aujourd'hui estimé par le ministre délégué aux Transports pour financer la construction de la ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse et jusqu'à Dax. Dans l'entretien qu'il nous a accordé hier dans son bureau du boulevard Saint-Germain, Frédéric Cuvillier livre deux informations de première importance.
D'abord, les majors du BTP et leurs banquiers devront se faire à l'idée que l'actuel gouvernement n'envisage pas de recourir à un partenariat public-privé comme celui qui a présidé au lancement de la construction de Tours-Bordeaux par le gouvernement Fîllon.
Il annonce ensuite avoir fait un choix soutenable du point de vue des capacités budgétaires de l'État. Le budget de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) est aujourd'hui de l'ordre de 2 milliards d'euros. C'est elle qui alimente les budgets de rénovation des réseaux ou la sécurité des tunnels, qui finance la part de l'État dans les contrats signés avec les collectivités locales pour la modernisation des routes et des voies ferrées, les grands projets de type Bordeaux-Tours aujourd'hui ou Bordeaux-Toulouse demain, ainsi que le renouvellement du matériel roulant. En faisant le choix de ne lancer qu'une seule grande ligne à grande vitesse, comme le lui avait conseillé le rapport Duron, Frédéric Cuvillier se donne certes un peu d'air.
L'apport de l'écotaxe
Philippe Duron est, lui, plus sceptique sur les capacités de l'Afîtf à soutenir de tels projets d'ici à 2030. Et ce même si celle-ci bénéficie à compter de l'année prochaine des rentrées financières de l'écotaxe, estimées (avant d'éventuelles dérogations) à 900 millions d'euros en année pleine.
Il propose aussi une mise en service du Bordeaux-Toulouse en 2024, ce qui suppose un lancement du chantier en 2019. C'est un peu plus loin que ce qu'espéraient les Toulousains. Martin Malvy, président du Conseil régional de Midi-Pyrénées, évoquait encore il y a peu une arrivée possible du TGV en gare Matabiau en 2022.
Mais il lui faudra, à son tour, mener une négociation financière serrée avec les collectivités locales. Celles-ci sont échaudées. Les annonces gouvernementales délieront peut être la bourse de celles qui avaient suspendu ou non encore engagé. leur participation financière sur Tours-Bordeaux. Le protocole de 2009 arraché par Dominique Bussereau engage 57 collectivités locales dans les prolongements des travaux au-delà de Bordeaux. Leurs perspectives financières sont nettement moins favorables aujourd'hui. RFF s'engagera aussi à la hauteur de la rentabilité des lignes nouvelles. Le financement n'est pas bouclé.
Jean-Bernard Gilles