15 octobre 2011- Le Sud Ouest
Seule entreprise charentaise candidate à un gros marché (52 millions d'euros), la SNGC a été recalée par Cosea. Michel Boutant n'apprécie pas vraiment.
Michel Boutant ne veut pas que les entreprises charentaises « se contentent des miettes » du chantier LGV. PHOTO CÉLINE LEVAIN
Groupement d'une quarantaine d'entreprises, quasiment toutes filiales de Vinci, chargé de construire la LGV Tours-Bordeaux, Cosea s'est attribué la plus grosse partie du chantier. Onze lots dits « infrastructures » sur quinze…
Restait donc quatre lots à donner à des entreprises extérieures à Cosea. « On nous avait prévenus que les entreprises charentaises, de taille plutôt réduite, pourraient postuler, à condition d'imaginer des regroupements. C'est ce que nous avons fait », raconte Tony Bonifaci, patron de la Société nouvelle de travaux publics et de génie civil (SNGC), basée à L'Isle-d'Espagnac (54 salariés).
Il y a quelques semaines, Tony Bonifaci a donc monté un groupement avec des sociétés de la proche région : le groupe Laurière (Dordogne), les entreprises Bonnet (Deux-Sèvres), Buesa, dont une agence se trouve à Bordeaux, et Cazal (Midi-Pyrénées).
Le groupement naissant fait acte de candidature sur le lot n° 9, portant sur le terrassement, l'assainissement et la construction d'ouvrages d'art sur une portion de LGV dans le Nord-Charente. Un juteux marché de 52 millions d'euros.
Mais on vient d'apprendre que Cosea a écarté la SNGC et ses entreprises partenaires au profit du groupement de deux sociétés de Metz (Demathieu & Bard) et d'Avignon (Valérian). « Cette décision a un goût amer », regrette Tony Bonifaci qui tablait sur 50 à 100 embauches pour le groupement si le marché avait été remporté.
Braves petits soldats
« Les concessionnaires de la LGV soulignent l'exemplarité de la Charente dans l'accueil du chantier. Mais pour ce qui est de choisir une entreprise charentaise… En fait, Cosea fait ce qu'il veut. On se demande quelle est son intention réelle », s'inquiète Tony Bonfaci qui émet des doutes sur l'importance de la sous-traitance locale attribuée par les titulaires des différents marchés. Des sous-traitants qui pourraient n'intervenir « qu'à la marge, en dernier recours ».
Une crainte partagée par Michel Boutant. Contacté hier après-midi, le président du Conseil général venait tout juste de prendre langue avec Cosea pour demander quelques explications. « Ce n'est pas une bonne nouvelle pour le département. Il aurait été judicieux que Cosea, qui va rafler onze des quinze lots, attribue les lots libres aux entreprises de la région traversée par la LGV. C'est un devoir de nous battre pour que ces entreprises charentaises aient une part non-négligeable du chantier. Et, pour l'heure, Cosea ne promet que de la sous-traitance. Ce n'est quand même pas la même chose que d'être titulaire du marché ! Je ne décolère pas. On dit aux Charentais : payez, soyez de braves petits soldats. Mais à côté de cela, on méprise nos entreprises et on nous prive de conséquentes retombées économiques. Ce n'est absopas supportable. Nous n'entendons pas nous contenter des miettes », martèle Michel Boutant. Le Conseil général va verser 29 millions d'euros au projet de LGV Sud-Europe Atlantique. Grand-Angoulême en sera pour 10,3 millions d'euros et la CdC de Cognac pour 2,7 millions d'euros.
Des financements pour l'heure suspendus au rétablissement des liaisons TGV, au départ d'Angoulême, que la SNCF entend supprimer, dès le mois de décembre. Les négociations sur ce sujet sont toujours en cours.