18 décembre 2014 - Le Reporterre (par Hervé Kempf ( article paru le 14 septembre 2014)
Un saut à Agen, en train, pour débattre lors de la Quinzaine de l’écologie. On me raconte une lutte locale, méconnue, révélatrice du désastre ordinaire. La ville d’Agen, environ 40 000 habitants, se situe entre Toulouse et Bordeaux. Elle dispose d’une grande zone d’activité industrielle, qui marche bien, prospère, et qui a de la place pour s’étendre si besoin était. Mais le maire, comme tant de maires des villes moyennes, agglomérations, métropoles, capitales, rêve plus grand, plus beau, plus fort. Et plus grand, plus beau, plus fort, chez tant de maires des villes moyennes, agglomérations, métropoles, capitales, signifie couler du béton.
Dessin de Pierre Fournier
Donc, plutôt qu’utiliser ce qui existe, il veut créer une autre zone, à dix kilomètres de la ville, à Sainte-Colombe-en-Brulhois - ah, pardon, une"technopole" : deux cent hectares de bonne terre agricole dans ce riche Lot-et-Garonne, deux cent hectares de blé et de maraichage à « consommer » pour faire une nouvelle zone « d’activité » - l’agriculture, ce n’est pas actif, c’est bien connu -, pour poser comme une verrue les habituels batisses d’aluminium et de béton, en « HQE » (haute qualité environnementale), bien sûr, avec trame verte et bleue, et quelques panneaux solaires, parce qu’on est développement durable, n’est-ce pas ?
Plan du gâchis programmé près d’Agen
Ce désastre absurde est né dans le cerveau reptilien de l’édile agenais (Jean Dionis de Séjour) parce qu’il devait y avoir là une gare TGV. En plein champ, bien sûr, la terre, ça ne compte pas, pour les technocrates. Une gare TGV, donc, comme étape de la ligne à grande vitessse (LGV) Bordeaux-Toulouse.