De Bordeaux à Captieux et Bruch (47), le bureau d'études Géotec réalise des forages de reconnaissances géotechniques. Une étape préalable aux tracés pour les futures Lignes à grande vitesse.
A raison d'un forage tous les 800 à 1 500 mètres, à l'intérieur de la bande des 1 000 mètres des projets de Ligne à grande vitesse Bordeaux- Toulouse et Bordeaux-Espagne (GPSO), quelques 160 sondages seront réalisés d'ici la fin de l'été en Gironde par un bureau d'études.
Il s'agit pour Géotec, en charge de la partie girondine des études, de définir pour le compte de Réseau ferré de France la nature des sols et sous-sols. Déjà en possession de nombreuses données topographiques et géologiques, Daniel Coz sait que là où RFF « aime les sols durs », « on aura ici une ligne en léger remblai pour faire nous-même l'assise de la voie ». Que les riverains des futures lignes ne se bercent d'aucune illusion : « Il ne sera pas possible de faire de l'enterrement de voies », souligne le responsable des études techniques de tracé.
Tracé définitif en 2011
Partie de l'extrémité sud du département, l'une des quatre équipes de Géotec était en milieu de semaine dans le secteur de Bernos-Beaulac, où la méthodologie du sondage à la tarière était privilégiée. Sur le principe d'une perceuse, il permet de remonter des échantillons des différentes couches du sous-sol, d'une profondeur de 10 à 30 mètres. Chaque mètre prélevé est ainsi ensaché et identifié, en vue de son analyse en laboratoire. En plus d' établir les caractéristiques géologiques, ces études permettent de réaliser « des essais sur le possible réemploi des matériaux en les mélangeant avec de la chaux », explique Thomas Portenart, chef de projet Géotec. Ce afin de limiter les apports massifs de matériaux extérieurs durant le chantier.
À la pelleteuse dans les Graves
Dans les prochaines semaines, les opérations de sondage aborderont les Graves. Un secteur géologique particulièrement dur pour lequel le sondage à la tarière est inopérant. C'est alors qu'entrera en action la pelle mécanique, sur les communes de Portets et Castres-Gironde.
Pierre Coz en convient, « l'opération est plus impressionnante ». En ce sens qu'elle s'effectue sur un espace au sol plus vaste, de l'ordre de 3 mètres, sur une profondeur de 4 à 5 mètres.
Mais une fois achevé, le sondage « ne laisse trace que d'une butte d'une cinquantaine de centimètres », que la pluie se chargera de tasser.
Mais avant cela, la terre extraite est repositionnée, « dans l'ordre dans lequel les couches de terre ont été prélevées », assure la documentation fournie par RFF.
À l'approche d'ouvrages de franchissement, d'autres techniques, tels le sondage pressiométrique et le pénétromètre statique ou dynamique, permettront d'étudier la résistance des sols face à une pression exercée et leur capacité à porter des ouvrages.
Connus au fur et à mesure, les résultats donneront lieu à un rapport rendu fin mai. Il restera alors à Géotec quelques mois pour opérer des sondages complémentaires. Car dès l'automne, RFF entend « présenter trois tracés » pour n'en retenir qu'un, « présenté lui en février 2011 », annonce Daniel Coz. Un tracé qui s'accompagnera alors d'une emprise réduite à 500 mètres de part et d'autre.
Gestion ultrarapide de RFF
C'est une gestion ultrarapide des étapes du dossier quand on sait qu'en Charente, six années auront été nécessaires pour passer du fuseau des 1 000 mètres à celui des 500, dans ce même dossier de LGV.
Une fois ce tracé de la ligne défini dans une bande de 100 mètres, Daniel Coz prévient : « Les évolutions ne se feront qu'à la marge », à l'intérieur des 500 mètres du nouveau fuseau. Une nouvelle campagne de sondages sera alors engagée. Cette fois avec un maillage plus serré, tous les 250 à 300 mètres.
Mais d'ores et déjà, certains propriétaires s'étonnent des méthodes « cavalières » mises en œuvre par RFF. Bernard Daney, élu de Preignac et propriétaire à Lerm-et-Musset, rapporte ainsi qu'il y a quelques semaines « j'ai reçu un coup de fil m'annonçant que des forages allaient être réalisés sur une de mes parcelles ». S'y opposant faute de s'être vu notifier « l'arrêté préfectoral et de la lettre de mission », et sans qu'« aucun état des lieux » n'ait été avancé, Bernard Daney a « reçu un courrier complet dans les 48 heures ». Et l'élu de s'interroger sur ce qui se serait passé s'il n'était intervenu…
Daniel Coz est formel : « Nous privilégions les forages sur des parcelles faciles d'accès et un état des lieux d'entrée est réalisé avec les exploitants, avant notre intervention ». Le représentant de RFF insiste sur le fait que même en possession d'un arrêté préfectoral, autorisant de pénétrer une propriété privée, « nous privilégions le recours à l'amiable ». Quitte à déplacer le sondage de quelques dizaines de mètres. « Parce que nous sommes pour l'heure dans une phase large. » Mais Daniel Coz prévient, « après on pourra s'en servir ».