Samedi, quatre mille personnes venues de tout le Sud-Ouest se sont retrouvées à Nérac pour défiler dans les rues afin d'affirmer leur opposition à la création de la ligne LGV Sud Europe Atlantique dont le tracé passe par l'Albret (Lire « La Dépêche » d'hier). C'est à l'appel de l'association Très Grande Vigilance en Albret que ce rassemblement a eu lieu au départ du foirail pour traverser la ville en passant par le Vieux-Nérac.
En tête de cortège, huit tracteurs ouvraient la marche, suivis du collectif d'élus ALT LGV (qui avait tenu réunion le matin) et des associations d'Aquitaine et Midi-Pyrénées ainsi que des citoyens lambda. Après la longue balade durant laquelle des slogans explicites étaient largement déployés, les opposants à la ligne LGV ont été réunis sous la halle du foirail pour clôturer la marche par un meeting où les responsables d'associations, y compris du collectif d'élus et Noël Mamère, député et maire de Bègles, défenseur de la cause écologique, prirent la parole.
Parmi les intervenants, celui de l'asso de sauvegarde des coteaux des Landes de Gascogne qui lança : « Nous ne sommes pas des Indiens, nous ne sommes pas contre le progrès, nous tournons le dos à un progrès qui consiste à développer d'énormes agglomérations ». Il fut rappelé les prochains rendez-vous : demain, à Agen, pour une réunion publique de la Coordination agenaise pour le maintien de la gare en centre-ville et une manifestation qui aura lieu le 20 mars à Montauban. Ensuite, une délégation de TGV fut reçue par la sous-préfète, Yamina Reynaud, à qui elle déposa une motion réclamant l'arrêt immédiat des travaux et du projet de LGV, la remise en état des voies existantes, la restitution de la capacité de décision aux populations concernées, une étude indépendante sur la faisabilité de la modernisation des voies existantes dans le couloir naturel de la vallée de la Garonne.
ADHÉSION AU RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES
La motion précise : « Nous adhérons aux recommandations du rapport de la Cour des comptes, « le réseau ferroviaire : une forme inachevée, une stratégie incertaine » avril 2008 et du Conseil d'analyse économique « infrastructures de transport, mobilité et croissance » préconisant de donner priorité à la modernisation des réseaux existants.
Nous adhérons aussi aux dispositions relatives aux transports de la loi Grenelle (chapitre 3, section 1, article 9) précisant « la rénovation des infrastructures existantes peut être privilégiée par rapport à la construction d'infrastructures nouvelles ».
Le président et la vice-présidente de TGV, Charles d'Huyvetter et Catherine Aime, ne manquaient pas de rappeler : « Le trait caractéristique des élus porteurs du projet est d'être hermétiques à toute analyse tangible et vérifiable. Ce projet de LGV n'a pas lieu d'être. Ce rassemblement n'est qu'une étape parmi d'autres. Nous ne fléchirons pas ».
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N. Mamère: «Un projet destructeur »
Noël Mamère a expliqué sa présence : « Les droits du peuple sont méprisés en imposant un projet destructeur au niveau écologique, social et économique. Il faut relocaliser l'agriculture ; en déménageant les habitants, on transforme les terres en désert… À partir de 2012, les TGV et LGV pourront être utilisés par des privés comme Véolia. Il faut mettre les camions sur les trains en améliorant les voies existantes. Nous devons nous battre pour qu'il reste un service public de transport de proximité afin de protéger l'emploi et de créer du durable. De plus, les prix pratiqués seront plus chers que les prix des compagnies aériennes low-cost ».
La Dépêche PUBLIÉ LE 08/03/2010 14:08 | CATHY MONTAUT