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LGV: reprise de la fronde
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17 juin 2010 - Le Journal du Pays Basque- Pierre MAILHARIN

Les opposants au nouveau tracé de Ligne à Grande Vitesse (LGV) en Pays Basque nord se sentent enLGV_Pays_Basqueposture favorable. Hier, lors d'une conférence de presse donnée à la Maison de la Vie Citoyenne du Polo Beyris, à Bayonne, le CADE (Collectif des Associations pour la Défense de l'Environnement) a exposé les raisons de cet optimisme dans le rapport de force avec l'Etat français.

Le premier argument avancé par le rassemblement de contestataires concerne la situation du fret. Alors que Réseau Ferré de France (RFF) évoque une augmentation massive dans les prochaines années pour justifier d'une nouvelle ligne, celui-ci serait en réalité «en train de s'effondrer». Le CADE a notamment présenté un document du Conseil Economique et Social de la Région, qui révélerait «une surestimation des chiffres», selon Victor Pachon, porte-parole du groupement : «RFF parle de 8 millions de tonnes de fret attendues par an. Or, un rapport de la SNCF devant le CES de la Région fait état en 2009 d'une baisse de 49 % du trafic sur Hendaye et Mouguerre, avec un tiers pris en charge par le privé. En 2007, on était à 2,5 millions, en 2008 à 2,2. Selon ces chiffres, on serait donc en 2009 à environ 1,6 million».

Par ailleurs, le CADE a annoncé avoir récupéré des notes confidentielles fournies à la médiatrice Marie-Line Meaux, portant un rude coup à la thèse du gain de temps : «Entre Bordeaux et Bayonne, le temps gagné avec la nouvelle voie par rapport à l'aménagement du réseau existant est estimé à quatre minutes (21 minutes contre 17). Le problème, c'est que nous avons appris que l'arrêt à Bayonne durerait 18 minutes... Quand on sait que tout cela aura coûté environ 4 800 euros par foyer fiscal à la fin du remboursement de l'emprunt, on mesure la logique aberrante du projet».

Deuxième motif d'espoir pour les adversaires de la construction d'une nouvelle voie : la conjoncture économique. «La crise qui vient de frapper l'Europe pourrait freiner les projets pharaoniques. La commission européenne a déclaré que ce serait la fin des investissements d'ampleur dans les infrastructures. De son côté, l'Etat espagnol commence également à se poser des questions», souligne Victor Pachon.

Enfin, le CADE se réjouit de la «rivalité naissante» entre Bordeaux et Toulouse, qui menacerait le financement du tronçon Tours-Bordeaux. «Martin Malvy, président de la région Hautes-Pyrénées, a dit qu'il ne signerait que s'il obtenait l'assurance que le projet de TGV à Toulouse serait prioritaire après celui Tours -Bordeaux».

Fort de ces trois éléments, le CADE a donc décidé d'initier un nouveau cycle de mobilisation. Première étape : une réunion publique, rassemblant élus et associations, se déroulera mardi 22 juin à Ustaritz (20 heures, au mur à gauche). D'autres suivront cet été puis en automne. «De façon à déboucher, à la fin de l'année, sur une mobilisation de grande ampleur», espère Victor Pachon.

"L'Etat pousse la population à bout"

En marge de leur intervention à la MVC du Polo Beyris, les membres du CADE ont tenu à adresser un message d'avertissement à l'Etat français concernant sa conduite, qualifiée d'«indigne», dans le dossier du nouveau tracé LGV : «Quatorze référendums ont dit non à la LGV à plus de 90 %, des manifestations se sont déroulées un peu partout, et il fait comme s'il n'avait rien vu. Nous pensons qu'il s'engage ainsi d'une manière indigne sur la voie consistant à pousser à bout une population jusqu'à créer un incident», a ainsi solennellement déclaré Victor Pachon, le porte-parole des opposants en Pays Basque nord.

«Le CADE et les associations opposées à la LGV ont choisi de suivre une ligne non violente, a-t-il aussitôt précisé. Mais manifestement, l'Etat espère des incidents. C'est son affaire et sa responsabilité. Nous tenions à déminer ce terrain avant l'heure».

Et de conclure : «Finalement, ce qui le gêne, c'est de constater qu'autour des militants écologistes que nous sommes, il y a toute une population».

 

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