France Info jeudi 25 mars - Par Emmanuel Kessler Rédacteur en chef adjoint de la chaîne parlementaire Public Sénat, il a rejoint France Info en 2007 pour un décryptage quotidien de l’économie.
Près d’un milliard d’euros de pertes pour la SNCF. Les comptes 2009 présentés hier sont mauvais. La compagnie ferroviaire bascule dans le rouge Pour une part, ces mauvais résultats sont dus à des changements comptables, mais c’est aussi l’activité de la SNCF qui subit un sérieux coup de frein.
Dans le train de la SNCF, on sait qu’il y a depuis longtemps un wagon plombé par un déficit chronique depuis des années : le transport de marchandise. Concurrence de la route, organisation trop rigide. Les plans successifs n’ont pas permis de redresser la situation. Et est venu s’ajouter la crise. 20 % de marchandises en moins transportées en 2009. Mais la nouveauté, c’est que pour la première fois, la locomotive du groupe a des ratés : le TGV ne compense plus le reste. Une cassure historique. Pour la première fois en 10 ans, ses recettes ont diminué. Voyageurs moins nombreux donc trains moins remplis, restrictions budgétaires des déplacements d’affaires : la première est délaissée, les cadres sont mis au « régime seconde classe ». Du coup, le TGV n’est plus la machine à gagner de l’argent qu’il a été dans le passé.
La faute à la crise ?
Pas seulement. La rentabilité du TGV est aussi remise en cause par une forte augmentation des péages, le droit de passage que la SNCF doit payer pour utiliser les rails – exactement comme l’automobiliste qui prend l’autoroute – à Réseau Ferré de France, le gestionnaire des rails. Il faut dire que le réseau ferroviaire français a vieilli et nécessite d’énormes travaux, d’énormes investissements. Une situation dont pâtissent les voyageurs. La régularité des TGV en a pris aussi un coup. Les retards augmentent. En 2009, sur les grandes lignes, 60 000 trains - un sur cinq - ont subi plus de 5 minutes de retard, beaucoup à cause de l’infrastructure. Le TGV ralentit, il s’essouffle. On peut d’ailleurs se demander si les nouveaux projets de lignes à grande vitesse, qui ont largement occupé la campagne des régionales, seront vraiment finançables. 30 ans après son lancement, le TGV, fleuron de l’excellence technologique française et formidable moyen de développement pour nos territoires, est un modèle qu’il faut réinventer.