30 septembre 2016 - La Dépêche
Faut-il croire que le sénateur et président du conseil département Pierre Camani a changé d'avis sur la nécessité du tronçon LGV entre Bordeaux et Toulouse ? Interrogé hier à la suite de la publication d'un rapport du Sénat sur ces lignes à grande vitesse, l'élu dit clairement qu'il «partage les conclusions» de cette analyse.
Ce jeudi, une commission composée à parts égales de sénateurs de droite et de gauche a rendu public un rapport n'allant pas dans le sens des investissements décidés pour la réalisation des LGV en France, dont le tronçon entre la Gironde et la Haute-Garonne (8,5 milliards). Dans le texte, les parlementaires estiment qu'il faut «geler pendant une quinzaine d'années le financement des nouveaux projets» et mettent l'accent sur la nécessité de «la modernisation des réseaux existants.»
Et ces frondeurs de la Haute Assemblée de prendre pour cible une demi-douzaine de projets, dont le double Bordeaux-Dax et Bordeaux-Toulouse. Pour Pierre Camani, «l'urgence est à l'amélioration du quotidien des usagers des liaisons régionales. Les Français les utilisent beaucoup. En Lot-et-Garonne, nous avons besoin des lignes que sont Marmande — Agen, Agen — Bordeaux ou Agen — Montauban. Oui, il y a d'autres urgences même s'il est nécessaire de réserver le sillon LGV (le tracé, N.D.L.R.) pour l'avenir.»
«Ce rapport va dans le bon sens»
Et le sénateur de Lot-et-Garonne de citer pour l'exemple le travail du député PS de Gironde Gilles Savary, pourfendeur des projets LGV et défenseurs des investissements sur les lignes régionales. «Ce rapport du Sénat va dans le bon sens pour Bordeaux-Toulouse et globalement, la question des lignes à grande vitesse est soulevée par bon nombre de responsables politiques de droite et de gauche. On voit bien les difficultés financières qu'elles engendrent.» poursuit Pierre Camani, qui rappelle que le Lot-et-Garonne «sera à trois heures de Paris à compter de juillet 2017. C'est une grande avancée, le département sera plus accessible.»
Sénateur de Lot-et-Garonne, Henri Tandonnet est aussi vice-président d'Agglo Agen chargé du développement économique et des infrastructures. Pour mémoire, le territoire de l'agglomération d'Agen doit accueillir une nouvelle gare et la plate-forme technique des travaux de la LGV Bordeaux-Toulouse. L'élu, maire de Moirax, n'avait pas franchement pris connaissance du document de ses pairs en début de matinée hier. «Je ne suis toutefois pas très étonné des conclusions de ce rapport. Il existe encore et toujours des questions non résolues sur le financement de ces projets, tout est lié au déficit de la SNCF qui, par ailleurs, n'a pas franchement fait le job pour améliorer le réseau existant.»
« Rien n'est réglé»
La LGV Bordeaux-Toulouse dans le viseur du quarteron de sénateurs ? «Pour le financement de ce tronçon encore, rien n'est réglé. Je fais partie de ceux qui estiment qu'avec les taux très bas du moment, il est temps de négocier ces emprunts à long terme dès maintenant. Le coût de l'argent est très faible et disponible.» La Bordeaux-Toulouse est, ou était, annoncée en 2024.