Les militants écologistes se sont soulevés partout en France contre « le monde du béton » samedi 9 décembre. Trois rassemblements étaient programmés en Gironde pour manifester contre les projets de nouvelles carrières à Saint-Michel-de-Rieufret en Sud-Gironde, à Porchères dans le Libournais et à Lormont dans la métropole bordelaise. Objectif de ces rassemblements : dénoncer l’empreinte carbone des cimentiers.
Les anti-LGV sont opposés à l’extension ou construction de nouvelles carrières.
A. D.
Le lien avec le projet des nouvelles lignes ferroviaires à grande vitesse Bordeaux-Toulouse-Dax a été fait dès le premier rassemblement devant une gravière de Saint-Michel-de-Rieufret : « Pour le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), plus gros chantier BTP des dix prochaines années en France, les besoins en matériaux seront pharaoniques. Pas besoin d’être sur le tracé des LGV pour être touché »,prévient le collectif LGV-NiNA (Ni ici ni ailleurs).
Deux dossiers d’extension ou de création de gravière ont été déposés ces dernières annéesà Saint-Michel-de-Rieufret(85 hectares par Vinci) età Bourdelles dans le Réolais(environ 100 hectares par Lafarge). La matière première servira notamment à la construction des ouvrages d’art de la LGV. « Rappelons qu’il y a 17 viaducs entre Saint-Médard-d’Eyrans et Bernos-Beaulac », compte une militante de NiNA en sortant la calculette. L’emprise du projet est de 4 800 hectares. « L’artificialisation sera beaucoup plus importante si on prend en compte les nouvelles gravières qui devront être creusées en Gironde, en Dordogne ou dans le Lot-et-Garonne. On est très loin des chiffres délirants avancés par Alain Rousset (président de la région Nouvelle-Aquitaine, NDLR) et de ses700 hectares. »
L’association Vivre en Vallée de l’Isle, présidée par le maire de Porchères lui-même, s’oppose à la gravière.
Philippe Belhache
Le collectif LGV-NiNA s’est également déplacé à Porchères, accueillie par l’association Vivre en Vallée de l’Isle, association contre la gravière à Porchères et Saint-Antoine-sur-l’Isle (Vienvi), présidée par le maire de Porchères lui-même, David Redon. Une trentaine de manifestants ont ainsi pris place devant ce site de 36 hectares, à 95 % boisé, d’où doivent être extraits, rappelle celui a combattu le projet bien avant d’être élu maire, « quelque trois millions de m3de graviers destinés, selon l’arrêté préfectoral d’avril 2022, au chantier de la LGV ». Le bras de fer engagé par Vienvi avec le groupe Garandeau, avec le soutien de la Sepanso,dure depuis plus de dix ans. « Nous venons de perdreun dernier recours devant le Conseil d’État. Les plus proches riverains vont subir les nuisances liées à l’activité. Cela représente 90 camions par jour durant vingt ans ! »
Le rassemblement anti-béton à Lormont.
Y.D.
Le projet de LGV était aussi au menu des griefs déclinés par les 60 manifestants à Lormont devant les policiers de six fourgons protégeant l’entrée de la centrale de Lafarge. La pluie ? « C’est un bon signe car elle est bonne pour la terre et retarde le séchage du béton », sourit un militant de Scientifiques en rébellion sous sa capuche. Bordeaux se soulève, ANV COP 21 Gironde, Attac 33 et XR Bordeaux étaient à l’initiative du rassemblement où on a illustré le discours via des exemples locaux.
Le projet immobilier voisin des Cascades de Garonne dans le viseur des manifestants.
Y.D.