31 mai 2017 - Les Echos
Des trains « directs » mais pas forcément sans arrêt, des tarifs identiques que le trajet dure 2 ou 3 heures... La grille horaire de la nouvelle ligne TGV recèle son lot de surprises.
La SNCF veut faire de la liaison Paris-Bordeaux, qui étrennera le 2 juillet prochain une nouvelle portion de ligne TGV, la vitrine de son nouveau labelÂÂÂÂÂ InOui, synonyme de service premiumÂÂÂÂÂ . Mais, dans un premier temps, ce sont surtout les incohérences de la nouvelle grille horaire qui risquent d'attirer l'attention des clients.
Un exemple glané ce mercredi sur le site voyages-sncf.comÂÂÂÂÂ : un passager qui souhaite faire le trajet Paris-Bordeaux le mercredi 5 juillet au matin se voit proposer un train « direct » à 8h27 pour une arrivée à 11h37... A moins qu'il ne choisisse de partir 25 minutes plus tard, à 8h52, pour arriver 41 minutes plus tôt, à 10h56 ! Et ce, pour le même prix (69 euros).
Ce cas de figure n'est pas une anomalie isoléeÂÂÂÂÂ : on le retrouve également le 4 juillet ou le 6 juillet, ainsi qu'à d'autres moments de la journée. Pour celle du 5 juillet par exemple, à trois reprises un TGV part une demi-heure après celui d'avant, pour arriver néanmoins avec une demi-heure d'avance sur celui-ci, pour un tarif identique.
Tous les « directs » ne le sont pas forcément
Pourtant, tous ces trains sont annoncés comme « directs ». Mais certains font les trajets en 2h04, et d'autres en plus de 3 heures. Car en l'espèce, « direct » veut en réalité dire sans correspondance... mais pas sans arrêt.
Les TGV affichant un temps de trajet de 2h04 font le parcours d'une traite, et profitent à fond du gain de temps dû à la nouvelle LGV entre Tours et Bordeaux. Mais d'autres s'arrêtent aux gares d'Angoulême, de Poitiers ou du Futuroscope sur l'ancienne ligne. Et du fait du délai nécessaire pour rejoindre la nouvelle, ils affichent un temps de parcours proche de 3 heures.
Avec un minimum de vigilance, les clients qui veulent un billet Paris-Bordeaux devraient remarquer, malgré ce label uniforme « direct », cette différence de temps de trajets (Voyages-sncf.com indique travailler à une appellation différente pour les trains avec arrêts). Et opter d'autant plus systématiquement pour les TGV les plus rapides que le prix est le même, que le trajet dure 2 ou 3 heures.
Interrogée par « Les Echos », la SNCF indique que cette similitude de prix est « éphémère »Â : lorsque la date du départ se rapprochera, la demande, plus forte pour les vrais « directs », fera grimper les prix des billets dans ces trains, ce qui aura pour conséquence de renforcer l'attractivité des trajets plus longs, assure la compagnie.
« Bug lié au rodage »
Près d'un mois avant le départ, ce mouvement n'est pas encore observable. Ponctuellement, on observe même l'inverseÂÂÂÂÂ : au 31 mai, un billet modifiable sous condition dans le premier Paris-Bordeaux de la journée en semaine coûte 111 euros, pour un départ à 6h10 et une arrivée à 9h37.
Mais le voyageur peut également prendre le suivant, qui part 40 minutes plus tard (6h52), arrive à Bordeaux 40 minutes plus tôt (8h56)... pour 73 euros, soit 38 euros de moinsÂÂÂÂÂ ! « C'est un bug lié au rodage des nouveaux horaires, ce sera rectifié dès que possible », assure la SNCF. Le véritable tarif pour le train de 6h10, plus incitatif, sera de 59 euros.
Plus largement, l'offre de TGV Paris-Bordeaux directs sera abondante (18,5 par jour en moyenne). Si la SNCF ne fait pas évoluer sa politique tarifaire, il y a fort à parier que les TGV avec arrêts n'intéresseront que les passagers à destination des gares intermédiaires. Et qu'ils arriveront ensuite à Bordeaux quasiment à vide.