18 mars 2017 - Sud Ouest
À l’intérieur, adhérents et sympathisants émargent, se saluent chaleureusement. Certains en profitent pour se mettre à jour de leur cotisation annuelle, investir dans un tee-shirt – timidement siglé « J’aime mon terroir, je dis non à la LGV » côté face, mais arborant fièrement le même slogan en beaucoup plus gros côté pile -, feuilleter Le Livre noir des grands projets inutiles, ou l’essai de Marc Fressoz « FGV, faillite à grande vitesse ».
Pas de doux rêveurs à dreadlocks ou d’illuminés tendance anarco-vegan dans les rangs. Il y a là des agriculteurs, quelques élus, le maire de Feugarolles en tête et la fidèle conseillère régionale Maryse Combres, des chefs d’entreprise et des citoyens qui entendent se battre contre ce qu’ils qualifient de « déni de démocratie ». Car enfin, s’agace Catherine Aime, la vice-présidente de Très Grande Vigilance en Albret, « à la suite de l’enquête publique sur la LGV, qui a suscité 15 000 contributions en Nouvelle Aquitaine, le commissaire a donné un avis défavorable?! » Créée en 2009, l’association fédère autour d’elle 271 adhérents à jour de leurs cotisations et environ 640 sympathisants. Ce soir-là, pour l’assemblée générale, ils sont environ 150 à avoir rallié la salle des fêtes de Feugarolles, « mais comme nous n’acceptons qu’une cotisation par foyers, vous imaginez ce que cela représente en nombre de familles… », souligne Catherine Aime.
« Un projet obsolète »
Tandis que le président Charles d’Huyvetter distribue les accolades, Xavier de la Raitrie, récent propriétaire du château de Trenquelléon, fustige un projet « obsolète ». « La vitesse en train, c’est dépassé?! Aujourd’hui, dans un train, vous êtes connecté, vous pouvez travailler. Si vous voulez vraiment gagner du temps, vous prenez l’avion. » Le tracé de la LGV passe à 360 mètres de son château, que le classement Monuments historiques protège pourtant dans un périmètre de 500 mètres. Si la LGV se faisait, elle se trouverait donc au pied son domaine, avec un viaduc de 1 800 mètres de long sur 60 mètres de hauteur. Mais Catherine Aime tient à le préciser : « On se défend de défendre des cas particuliers. Nous, on se bat contre le déni de démocratie. »
21 heures, l’assemblée générale démarre. L’occasion de faire le point sur les six recours déposés devant les tribunaux administratifs de Bordeaux et Toulouse, mais aussi auprès du Conseil d’État. Patrick Vaccari, membre actif de l’association n’attend pas de décisions de justice « avant un an et demi à deux ans ». « On sera toujours là, promet Charles d’Huyvetter. Ils sont coriaces, mais c’est nous qui allons gagner. »