11 mars 2017 - Sud Ouest ( du 7 mars 2017)
C'est évidemment sur le terrain de l'environnement que Pierre Hurmic se montre le plus sévère envers le document de SNCF-Réseau. ARCHIVES THIERRY SUIRE
Pour l’avocat bordelais Pierre Hurmic, SNCF-Réseau vient d’apporter la preuve que le GPSO (Grand Projet du Sud Ouest) n’est pas financé
"Ces deux arguments financiers et et environnementaux me confortent dans la certitude que ce projet de GPSO ne verra pas le jour "
Il y a sept mois, mandaté par des associations environnementales et treize communes ou intercommunalités du Sud-Gironde, l’avocat bordelais et élu municipal écologiste Pierre Hurmic déposait un recours devant le conseil d’Etat pour faire annuler la déclaration d’utilité publique des LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, annoncée par le secrétaire d’Etat aux transports Alain Vidalies.
L’avocat précise avoir reçu le mémoire en réponse de SNCF-Réseau, l’entité de la SNCF qui s’occupe des infrastructures ferroviaires. " Ce mémoire contient peu d’arguments convaincants ce qui renforce la pertinence de notre recours " explique-t-il.
Absence de financement
SNCF-Réseau confirme surtout l’absence de financement du projet, surtout depuis que le Conseil Régional Nouvelle-Aquitaine et le conseil départemental de la Gironde aient annoncé qu’ils ne verseraient pas le moindre à la construction de ces deux nouvelles lignes, l’une en direction de Toulouse et l’autre en direction de l’Espagne. Pour l’instant, la seule recette dont dispose SNCF-Réseau est une aide européenne de 52 millions d’euros alors que le coût estimé du GPSO se situe entre 8,5 et 9 milliards d’euros.
C’est évidemment sur le terrain de l’environnement que Pierre Hurmic se montre le plus sévère envers le document de SNCF-Réseau. " L’entreprise met en avant l’efficacité des mesures prises sur le chantier de la LGV Tours-Bordeaux et ceci ne peut que nous inquiéter davantage " dénonce l’avocat bordelais.
Rappelons que cette ligne de 340 kilomètres, inaugurée le 28 février dernier par François Hollande et sur laquelle les trains rouleront à partir du 2 juillet, a été concédée jusqu’en 2061 au consortium Lisea dont l’actionnaire privé principal est le géant mondial du BTP, le groupe français Vinci. C’est une filiale de Lisea, Cosea, qui a construit cette nouvelle LGV.
Atteintes à l’environnement
Or, rappelle Pierre Hurmic, Cosea et une filiale de Bouygues ont été condamnées en septembre dernier par le tribunal de police de Tours à des amendes de 120.000 euros pour des atteintes à l’environnement dans la vallée de la Manse (en Indre-et-Loire) à l’occasion de ce gigantesque chantier. Un expert dépêché sur place affirme même avoir constaté à " un massacre environnemental ".
"Ces deux arguments financiers et et environnementaux me confortent dans la certitude que ce projet de GPSO ne verra pas le jour " souligne Pierre Hurmic qui se dit persuadé que le Conseil d’Etat annulera la déclaration d’utilité publique du GPSO.
Hier lundi, Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine et ardent défenseur du projet, recevait à Bordeaux ses homologues basques d’Euskadi et de Navarre. Tous les trois ont plaidé pour la prolongation de la grande vitesse au sud de Bordeaux, vers le Pays basque et l’Espagne, en espérant obtenir le soutien de l’Union européenne.