5 mars 2017 - La Dépêche
La dernière manifestation d'ampleur remonte à 2015 pour les anti-LGV. Depuis, leurs avocats travaillent sur le fond des recours auprès du Conseil d'Etat pour contrer le cheminement administratif du projet GPSO de ligne à grande vitesse entre Toulouse et Bordeaux./ Photo archives Jean-Michel Mazet.
Le tronçon Paris - Tours- Bordeaux de la ligne à grande vitesse entre en service en juillet. D'ici là, les fonds publics et/ ou privés pour financer Bordeaux-Toulouse et Bordeaux - Hendaye auront-ils été trouvés ?
Il n'y a «pas ou peu d'impact sur le développement économique apporté par une LGV sur les villes intermédiaires.» En marge du lancement de la ligne Paris-Tours-Bordeaux cette semaine à Bordeaux, en marge aussi des débats lancés à cette occasion, les opposants à la ligne à grande vitesse jettent à nouveau une poignée de sel.
Une heure, «c'est positif»
Selon Claude Semin, porte-parole des opposants en Aquitaine et en Occitanie, l'impact économique de l'arrivée des LGV dans les bassins de vie qu'elles traversent se mesure au mieux avec un pied à coulisses. «Peut-être et sans doute cela accentuera celui des métropoles économiques, Bordeaux ou Toulouse. Agen ne récoltera que les cadres de ces deux grandes villes pour les loger au calme. Cela gérera des besoins nouveaux et augmentera ainsi la taxe d'habitation pour tout le monde. Scénario déjà connu, à Châteaudun par exemple.»
Pour les opposants aux lignes à grande vitesse, «gagner une heure sur le trajet Paris Agen est très positif pour les voyageurs, cela est incontestable mais cela convaincra-t-il les entreprises de venir s'y installer ? L'intense campagne de promotion entreprise par la communauté d'Agglomération depuis 4 à 5 ans donne la réponse».
Pas de financement
Selon Claude Semin, «personne ne peut affirmer que la LGV Bordeaux-Toulouse se fera, et quand. De plus en plus de responsables politiques, pensent que ce projet ne se justifie pas et est donc inutile. De plus, on ne sait pas comment le financer et qu'en plus, il existe une autre solution pour des résultats identiques sur le plan économique s'entend.» Le coût est estimé à 8,3 milliards d'€. Il est avéré que le financement de ces tronçons n'est pas assuré. L'hypothèse d'un partenariat public-privé (comme pour la Tours-Bordeaux) s'éloigne.
L'autre solution s'appelle la rénovation des lignes existantes, dont la facture est du tiers de la LGV. Le Sénat a, avant l'été, émis un rapport allant dans ce sens, confirmant indirectement qu'une nouvelle desserte ferroviaire entre Bordeaux et Toulouse n'était pas l'urgence. Le sénateur et président du conseil départemental Pierre Camani est allé dans ce sens.
«Réponse politique»
Les opposants à la LGV et le maire d'Agen Jean Dionis ne prendront jamais le train pour partir ensemble en vacances, c'est depuis longtemps une certitude. «Il faut rappeler que Monsieur Dionis a perdu les élections législatives de 2012 en très grande partie pour avoir été le chantre de la LGV dans sa circonscription. Nous craignons que cela se reproduise car cela grogne fortement dans le Néracais et la Communauté d'agglo.»
Fort de soutiens qu'il estime acquis au sein du conseil régional, le mouvement anti-LGV cible ses attaques sur le maire d'Agen et président de la communauté d'agglomération, par ailleurs chef de file centriste au sein de la Nouvelle Aquitaine. «Jean Dionis se présentera aux élections législatives prochaines et il a besoin de Rousset et, surtout la subvention que celui-ci lui promet. Pour cela, il supporte tous les votes que M. Rousset présente au conseil régional contre l'avis même des membres de l'Intergroupe d'opposition. Il a besoin de l'argent de la Nouvelle Aquitaine pour financer son TAG (*) surdimensionné. Alors, on lui frotte la manche.»
(*) Technopole Agen Garonne, sur la rive de la Garonne.
Des recours à la pelle
La coordination interrégionale des opposants aux lignes à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse, Bordeaux et Hendaye ont déjà saisi le Conseil d'État pour contrer la démarche du gouvernement. «De multiples recours en justice sont en cours, confirment ses responsables, et le Conseil d'État a de fortes chances de casser la DUP comme il l'a fait pour la LGV Limoges Poitiers.»