28 mai 2011 - Le Sud-Ouest
Le collectif Alternative 47 s'accroche au rapport du député UMP Hervé Mariton sur une rentabilité du projet douteuse.
Le sourire aux lèvres et le rapport entre les mains, Raymond Girardi, Michel Ponthoreau et Bernard Faucon-Lambert. PHOTO S. C.
Voilà bien 15 jours qu'Alternative 47 prépare son discours, temps qu'il lui aura fallu pour récupérer le rapport consacré aux infrastructures de transports du député UMP de la Drôme, Hervé Mariton, remis à la Commission des finances de l'Assemblée nationale le 18 mai dernier. Dans ce texte, presque étonnement, les conclusions ne sont pas à la faveur de la majorité gouvernementale. Il y est clairement dit que la priorité est l'aménagement du réseau existant et que le projet LGV ne fera que creuser un peu plus le déficit du système ferroviaire.
Les trois membres d'Alternative 47, Raymond Girardi et Bernard Faucon-Lambert, coprésidents, et Michel Ponthoreau, secrétaire, crieraient presque au plagiat. « C'est à se demander si Hervé Mariton n'est pas venu nous demander notre avis tellement nos arguments et nos conclusions sont similaires. » Pourtant, le rapport est à considérer comme une bonne nouvelle pour le collectif de défense qui, dossier en main, aura une arme supplémentaire comme fer de lance.
Concrètement, il y est écrit que le Schéma de nouvelles infrastructures de transport (Snit) est largement critiquable quant à sa rentabilité et sa fragilité financière. L'illustration la plus exemplaire concerne justement la ligne Tours-Bordeaux. Sur les treize projets d'aménagement inscrits au Snit, c'est celui qui offre la meilleure rentabilité qui se monte à... 55 %. Les collectivités devront alors assurer les 45 % d'investissement restants. « Un coût pharaonique », estime Bernard Faucon-Lambert. D'après Hervé Mariton, il serait impensable de pouvoir compenser la dépense par un trafic largement insuffisant. « Augmenter les péages, c'est augmenter le prix des billets, déjà relativement élevé. Il ne faut pas oublier que les liaisons aériennes low-cost entre Toulouse et Paris commencent à être des concurrents non négligeables aux transports ferroviaires », continue le coprésident.
Expertise en cours
Au centre du rapport, la création de nouvelles lignes est critiquée face à la rénovation du réseau existant. « Ne vaut-il pas mieux utiliser cet argent pour aménager les lignes ? Au final, le gain de temps avec la LGV sur la ligne Agen-Paris serait de 10 minutes. Est-ce que cela vaut le coup ? », demande Raymond Girardi.
Les oreilles doivent également siffler pour certains élus. « Jérôme Cahuzac, qui est très médiatique en ce moment, ajoute Bernard Faucon-Lambert, a reçu le dossier le 18 mai en tant que président de la Commission des finances et n'a pas réagi. Y aurait-il de la rétention d'information ? »
Alternative 47 voit l'avenir un peu plus sereinement qu'auparavant. « On nous prenait pour des doux rêveurs quand nous avons lancé notre étude. Aujourd'hui, grâce à ce rapport, il est clair qu'il y a des contradictions majeures de financement de ce projet. » Le collectif de défense a lancé une expertise dont les résultats devraient tomber fin décembre. « Le Conseil Général attend cette étude avant de se prononcer, ajoute Bernard Faucon-Lambert. Et même si le projet LGV est abandonné, notre combat continue. IL faudra tout de même aménager la ligne existante. »
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