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La voie du « non » ouverte
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26 juin 2012- Le Sud-Ouest

Hier, les élus du Conseil général ont débattu. Et le camp des « contre » la LGV a grandi.

NdlR- TGV-Albret: on ajoute la position des conseillers généraux  qui ont participé au débat: 

http://www.sudouest.fr/2012/06/26/lgv-bordeaux-toulouse-des-conseillers-generaux-se-positionnent-754334-3603.php

Les associations anti-LGV, spectatrices du débat, ont pu prendre la mesure de l'évolution des opinions de leurs élus.

Les associations anti-LGV, spectatrices du débat, ont pu prendre la mesure de l'évolution des opinions de leurs élus. (photo thierry Breton)

Une session spéciale était consacrée hier, en fin d'après-midi - après la décision modificative n°1 - au dossier controversé de la création d'une ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse. Une session d'information où les conseillers généraux n'étaient censés qu'auditionner Réseau Ferré de France (RFF) et le cabinet Claraco, auteur de l'étude commanditée par ALTernative LGV 47 sur l'aménagement des voies existantes. Et ce, tandis que les associations anti-LGV, qui avaient distribué dès le matin leur argumentaire aux élus à l'entrée de l'hémicycle, étaient réduites au rang de spectatrices.

Réseau Ferré de France et le cabinet Claraco se sont succédé à la tribune avec moult graphiques, statistiques, durées, et millions d'euros à l'appui. Si les questions ont fusé avec RFF, le silence a été de mise après la présentation du cabinet Claraco. Les élus sont restés dans le doute, quelque peu sonnés par des chiffres qui s'affrontent tout en n'étant pas construits forcément sur les mêmes bases. On compare des temps avec arrêts à Agen, sans arrêts à Agen, avec d'autres arrêts pour remplir les trains pas forcément bien remplis, ou directs pour crever l'avion et ses dépenses douloureuses en matière de kérosène. Restait alors à débattre. Et il a fallu, pour que les uns et les autres se lancent, que le président Pierre Camani amorce la prise de parole tout en marchant sur des œufs. « Beaucoup de promesses ont été faites aux territoires pour les LGV, mais il n'y a pas le financement. En terme d'accessibilité, il y a des territoires qui peinent et ce sont ceux du grand sud-ouest. Et si nous n'y remédions pas, nous serons un territoire marginalisé. Je comprends les associations, mais nous devons, nous élus, prendre en compte l'intérêt général. » Un avis partagé par son premier vice-président, Patrick Cassany, mettant en avant le développement économique, même si pour lui aussi, « les clés de répartition de financement sont à revoir. »

La guerre des chiffres en direct

Réseau Ferré de France et Claraco, dans deux genres bien distincts, monocorde pour le premier et de haut débit pour le second, se sont livrés à une véritable guerre des chiffres. Pas de quoi éclaircir le débat. D'autant qu'il n'y a pas eu de confrontation entre les deux prestataires.

RÉSEAU FERRÉ DE FRANCE Pour RFF, la ligne nouvelle permettra d'annoncer un Paris-Agen en 2 h 47, Paris-Toulouse en 3 h 10 sans arrêt, soit un gain de 50 min, et en 3 h 30 avec arrêts en gares intermédiaires. Un gain de 2,4 millions de voyages sur Bordeaux-Toulouse, résultat du report modal avion et voiture vers le train. Soit un total de 9 millions de voyageurs. Le tout pour un coût de 5,7 milliards d'euros.

CLARACO Avec la LGV, 3 000 hectares de terres impactés. Avec la modernisation de la ligne actuelle, 175 hectares. Avec la LGV, Bordeaux-Toulouse, avec arrêts, se ferait en 1 h 19, et avec la ligne actuelle modernisée par des shunts en 1 h 25. Soit pour un Paris-Toulouse avec arrêts : 3 h 42 avec la LGV. Le cabinet fait également valoir que les trains actuels sur Bordeaux-Toulouse ne sont remplis de moitié. La ligne n'est pas saturée. Par ailleurs, le billet LGV sera 40 % plus cher que l'actuel. Enfin, le cabinet fait valoir un équipement en terme de voitures pour la LGV qui sera obsolète dans 20 ans.

Le coût, point de crispation

Finalement, ce débat aura permis de voir que l'assemblée a largement évolué. Le camp des « contre LGV » et « pour le réaménagement des voies existantes » grossit, dépassant de loin les clivages droite-gauche. Un camp qui semble prendre l'ascendant sur les convaincus de la LGV avec pour arguments les nuisances sur l'environnement, le peu de temps gagné, l'amputation de terres agricoles, et invariablement le coût.

Car, comme l'a souligné Jean-Luc Barbe, c'est bel et bien l'addition à laquelle le Conseil général de Lot-et-Garonne pourrait se retrouver acculé, qui a suscité le questionnement. Ceux qui sont pour la LGV, ceux qui sont contre et ceux qui en doutent, ne peuvent écarter cette variable. Une variable qui sera peut-être décisionnaire, du moins sur un avis donné par l'assemblée départementale. « Néanmoins, si pour des raisons financières la ligne nouvelle ne se réalisait pas, la crainte serait que la modernisation des voies existantes nous échappe. Nous allons nous employer à faire entendre cette nécessité de l'améliorer », ajoutait Raymond Girardi.

Et Pierre Camani de conclure : « C'est un débat de haute tenue qui fait appel à l'intime conviction car personne ne peut avoir de certitudes sur ce dont auront besoin les générations futures, sur les technologies futures, etc. C'est une décision politique au sens noble du terme, à savoir une décision sur l'avenir de la cité. Nous ne pourrons pas aller plus loin que notre participation à la ligne Bordeaux-Tours. Nous allons attendre ce que va décider le nouveau gouvernement. Il va être amené à revoir le problème et à hiérarchiser. »

 

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