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La ligne à grande vitesse Sud-Europe Atlantique subit la crise
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15 mars 2012 - La Tribune

LGV_La_criseLe tracé du Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO), un des volets de la LGV Sud-Europe Atlantique (LGV-SEA) pourrait être approuvé ce mois-ci, alors que le financement de l'ensemble, visant à désenclaver les capitales régionales du Sud-Ouest et relier, à terme, Paris à Madrid, est mis à mal par la crise.

Les deux présidents PS des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées, Alain Rousset et Martin Malvy, ardents défenseurs de la LGV-SEA pour le Sud-Ouest, dernière grande région à ne pas bénéficier du ferroviaire à grande vitesse, ont récemment exprimé leur inquiétude sur le mécanisme de financement de ce colossal projet. La LGV-SEA, qui concerne cinq régions (Centre, Aquitaine, Poitou-Charentes, Limousin, Midi-Pyrénées) soit 10 millions d'habitants en France, doit voir le jour en deux temps.

D'abord le prolongement de la ligne TGV entre Tours et Bordeaux (302 km), dont le chantier a commencé début 2012, puis la création au sud de Bordeaux de deux lignes vers Hendaye, au Pays basque, et vers Toulouse, ces deux dernières (417 km) réunies sous le nom de GPSO. Une branche vers Limoges, au départ de Poitiers, est également prévue. Ce réseau doit mettre Bordeaux à 02H00 de Paris d'ici 2017, Toulouse à un peu plus de 03H00 après 2020, au lieu de cinq actuellement, et favoriser le fret ferroviaire vers l'Espagne.

Un parcours semé d'embûches

Le financement du tronçon Tours-Bordeaux, (6,7 milliards d'euros constants), finalement bouclé courant 2011, a été compliqué, après notamment le refus de la région Poitou-Charentes d'y participer et les réticences des collectivités alarmées par le poids de leur contribution (total de 1,5 milliard d'euros) équivalente à celle de l'Etat. Les grandes collectivités de Midi-Pyrénées ont finalement accepté de payer pour ce premier maillon qui n'est pas sur leur territoire, en tablant sur le prolongement ultérieur Bordeaux-Toulouse. En retour, celles d'Aquitaine se sont engagées à contribuer à cette ligne, dont le financement doit être finalisé en 2014.

Trente-deux collectivités ont signé la convention de financement avec l'Etat dans le cadre d'un partenariat public-privé avec Réseau ferré de France pour le premier tronçon. Plusieurs, dont Midi-Pyrénées, ont toutefois conditionné leur engagement au respect du calendrier du Bordeaux-Toulouse prévoyant les premiers coups de pioche en 2017. Mais la réduction des dotations publiques aux collectivités alors que l'Etat cherche à réduire ses dépenses, menace de faire dérailler le GPSO. Le Lot-et-Garonne (Aquitaine), apportant 34 millions d'euros au Tours-Bordeaux, a annoncé qu'il ne financerait pas les deux tronçons suivants. Même démarche pour le Gers (Midi-Pyrénées) qui remet en cause toute participation à la LGV, un "chantier d'Etat", selon son président Philippe Martin (PS).

Une question politique

Mi-décembre, l'ex-ministre des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet, avait, elle, jeté le doute sur l'engagement de l'Etat en demandant une évaluation de la pertinence socio-économique des LGV encore non financées, avant d'assurer que le GPSO se ferait. En février, Alain Rousset a demandé au Premier ministre, François Fillon, de revoir le mode de financement qui "peut à tout moment être mis en péril par la défection d'une collectivité", estimant que "le modèle du partenariat public-privé coûtait trop cher" au contribuable.

Martin Malvy a lui pressé le gouvernement de valider sans attendre le tracé du Bordeaux-Toulouse et fait des propositions pour une révision du dispositif afin de couper court à toute incertitude. Il propose que les collectivités de sa région cessent de payer pour le premier maillon pour assumer en revanche la totalité du financement du Bordeaux-Toulouse. Autre option: que leur contribution au Tours-Bordeaux soit considérée comme une avance que les collectivités d'Aquitaine rembourseraient au début des travaux du Bordeaux-Toulouse.

 

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