28 janvier 2012 - La Dépêche
Avant juin, les conseillers généraux devront dire oui ou non au financement du tronçon Bordeaux-Toulouse de la ligne à grande vitesse. Mobilisation des opposants hier à Agen.
Les quarante conseillers généraux avaient un rendez-vous prévu depuis quelques semaines. Double rendez-vous avec les deux bureaux d'études chargés d'élaborer, pour le compte de l'association ALTernatives LGV, une contre-expertise portant sur l'aménagement des voies existantes (lire nos précédentes éditions) ; mais aussi avec l'un des responsables du Grand Projet du Sud-Ouest, le bras armé de Réseau ferré de France pour ce projet de ligne à grande vitesse.
Deux heures d'entretien, une pour chaque thèse et à la sortie un président du conseil général qui considère que l'étude d'ALTernatives LGV est « certes sommaire mais intéressante. Elle permet de faire avancer le débat ». Pierre Camani veut aussi des précisions de la part des auteurs de l'analyse alternative, et de Réseau ferré de France sur les coûts (lire par ailleurs). « Le vrai débat est le financement de la LGV », estime-t-il. « Aquitaine et Midi-Pyrénées sont les deux derniers servis en matière d'infrastructures et en plus il faut payer alors que d'autres n'ont pas eu à le faire ».
Le conseil général a déjà fait un chèque de 34 millions d'€ pour le tronçon Tours-Bordeaux. Pierre Camani se dit « pas convaincu » par l'étude d'ALternatives et reste un « fervent partisan » du concept de ligne à grande vitesse entre Tours et Bordeaux « qui met Agen à trois heures de Paris ». En revanche, « la Bordeaux-Toulouse me pose questions, même si j'y suis plutôt favorable ». Il donne rendez-vous en avril, pour un débat, public cette fois, au sein des conseillers généraux.
La présentation d'hier s'est faite à huis clos, ce que regrette Jean-Louis Costes, du groupe d'opposition Avenir Ensemble. « Chacun a présenté séparément ses chiffres, sans qu'il soit possible de les confronter directement ».
Patrick Vaccari, de la Coordination 47, considère, lui, que « l'ombre d'Alain Rousset », le président du conseil régional, plane dans ce dossier. Pierre Camani « est dans une situation inconfortable, il n'est pas libre de décider ». Ce représentant des opposants à la LGV regrette également que les débats d'hier matin n'aient pas été « ouverts au public. Il fallait aussi un débat contradictoire entre nos arguments et ceux de RFF. On demande clairement que le conseil général vote une motion contre le financement de cette LGV, et avant avril ! Les élus ont désormais tous les éléments ». Le ministère doit valider la dernière version du tracé dans les prochaines semaines.
St. B.
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28 janvier 2012 - Le Sud-Ouest
LGV : deux études et des questions
Hier matin les anti-LGV se sont chargés d'accueillir les élus. Mais peu sont passés par leur « barrage-café filtrant ». (photo jean-Louis borderie/ «sud ouest»)
Ils étaient une trentaine anti-LGV, hier, à avoir dressé une barrière fictive, avec cafés et croissants, à l'entrée de l'Hôtel du Département, pour accueillir les élus réunis en commission permanente. Une présence en nombre du collectif Coordination 47 destinée à sensibiliser les conseillers généraux de tous bords des « effets néfastes » de la future LGV et ce, avant que ceux-ci n'examinent l'étude commandée par ALTernative LGV pour un réaménagement des voies existantes.
Les élus de la commission permanente présidée par Pierre Camani ont donc tout d'abord reçu le cabinet Claraco qui a rédigé l'étude alternative avant, dans un deuxième temps, d'entendre un représentant de Réseau Ferré de France (RFF). RFF qui conteste l'étude de Claraco notamment sur les coûts et les possibilités techniques. Hier, il n'y a pas eu de confrontation des deux argumentaires et c'est d'ailleurs ce qu'a regretté l'opposition départementale menée par Jean-Louis Costes. « Chaque argumentaire était intéressant mais ils n'ont fait que se répondre en deux temps, sans qu'il puisse y avoir un véritable débat. D'ailleurs, nous regrettons également que cette présentation ait eu lieu à huis clos. » Un reproche que le président Pierre Camani n'entend pas. « Cette présentation permettait aux élus de poser toutes les questions qu'ils souhaitaient et d'obtenir des réponses plus précises. Le débat en séance plénière, avec RFF et Claraco, et donc en public aura lieu après le vote du budget, probablement en avril. »
Et s'agissant de précisions, les élus en ont demandé quelques-unes. « Nous avons demandé à RFF, plus de clarté sur le coût de cette ligne à grande vitesse. Ce sujet reste l'Arlésienne. D'un côté le ministère a évoqué la somme de 7,8 milliards d'euros. De l'autre, dans son communiqué contestant l'étude alternative, RFF parle de 5,5 milliards. Et devant la commission permanente, il nous annonce 6,6 milliards », fait remarquer Pierre Camani. Pour le président du Conseil général c'est bien la facture qui a du mal à passer. « Je trouve injuste que l'Aquitaine et Midi-Pyrénées qui sont les derniers servis par la LGV doivent mettre la main à la poche et ce, alors que les autres territoires servis avant n'ont rien eu à débourser. Je rappelle que l'État nous demande entre 120 et 140 millions d'euros pour les projets LGV du Sud Ouest. C'est impensable ! Nous nous sommes engagés déjà pour les 34 millions d'euros sur Bordeaux-Tours… »
Pour autant, le président du Conseil général reste un partisan de la LGV y voyant un équipement « nécessaire pour le développement économique »… du moins sur le tronçon Bordeaux-Tours « qui met Paris à trois heures d'Agen. Sur le tronçon Bordeaux-Toulouse, je me pose plus de questions même si je fais confiance aux atouts de la technologie. »
Aménagement du territoireDes questions, Jean-Louis Costes s'en pose également. « Tout d'abord, les arguments de l'étude alternative sèment forcément le doute. Ensuite, il y a une question que nous aurions aimé voir posée sur la table, à savoir les problématiques sur l'aménagement du territoire découlant de la LGV. Quelles conséquences pour le centre-ville d'Agen avec la gare LGV en rive gauche ? Quel impact pour les Villeneuvois en terme d'accès à la nouvelle ligne ? Quelles perspectives pour la ligne Périgueux-Monsempron-Penne ? Non seulement le Conseil général ne se les pose pas mais n'y pense même pas. Or pour nous, ces sujets sont aussi primordiaux que la question du tracé, de la LGV, le réaménagement des voies existantes ou le coût. »
À noter que si le débat aura lieu autour de la LGV et l'étude alternative, en séance plénière, Pierre Camani a rappelé hier à la presse que la décision du Conseil général de participer ou non et comment au financement de la LGV Tours-Bordeaux ne sera pas prise avant 2014. « En 2013, ce sera le lancement de l'enquête publique. Elle sera terminée en 2014. Nous prendrons notre décision à ce moment-là. » Pour Jean-Louis Costes « quoi qu'il arrive, Pierre Camani s'alignera sur ce que lui demandera le président de la région, Alain Rousset, et il fera payer le département. »