25 mars 2011 - L'Expansion.com avec AFP -
L'organisation du ferroviaire en France entre la SNCF, qui exploite les lignes, et Réseau ferré de France qui gère les infrastructures, se dirige "vers une impasse financière", estime dans le Monde le patron du groupe.
"Le duo RFF-SNCF n'a pas créé les conditions d'un pôle français fort et d'une optimisation de la dépense publique", a-t-il estimé.
L'organisation du ferroviaire en France entre la SNCF, qui exploite les lignes, et Réseau ferré de France (RFF) qui gère les infrastructures, se dirige "vers une impasse financière", estime le PDG de la SNCF, plaidant pour des "ajustements". Invité par le journal Le Monde daté de samedi à tirer un bilan de la réforme de 1997 à l'origine de cette séparation, M. Pepy répond: "Nous allons vers une impasse financière. Notre système RFF-SNCF n'a pas d'avenir. Ce modèle n'optimise pas la dépense collective".
"Il conduit chaque acteur à agir de manière égoïste", poursuit-il. "Le moment est venu de faire un vrai bilan de la réforme de 1997 qui mérite des ajustements. La Commission européenne, qui a poussé à cette dissociation au niveau de l'Union, le constate aussi".
"Si la France a le courage de regarder les choses en face, on va peut-être pouvoir inventer le futur de façon cohérente, en accord avec l'Europe", ajoute M. Pepy, estimant que la France avait "été très loin dans la séparation de l'infrastructure et du transport".
"Le duo RFF-SNCF n'a pas créé les conditions d'un pôle français fort et d'une optimisation de la dépense publique", a-t-il estimé, remarquant que les Allemands avaient conservé un système intégré via une holding commune.
Selon lui, grâce aux surplus générés, la compagnie allemande Deutsche Bahn conquiert des marchés en Europe au point que "de plus en plus se profile le scénario d'une Europe du ferroviaire dominée par l'Allemagne".
Faisant le constat que "le système ferroviaire ne s'autofinance dans aucun pays", le patron de la SNCF considère qu'il faut "développer une fiscalité écologique qui profite aux systèmes de transport vertueux". Parmi les possibilités, il évoque une taxe carbone, une taxe à l'essieu, une eurovignette ou encore un péage urbain.
Concernant la dégradation du service, M. Pepy explique: "Avec les crises énergétique et financière, le train retrouve une pertinence mais les décisions n'ont pas toujours suivi à temps".
"Personne, y compris à la SNCF, n'avait anticipé un tel retour en grâce du train", souligne-t-il. RFF "engage des travaux -et c'est tant mieux!- mais dans l'immédiat, ils allongent les parcours ou génèrent des retards", reconnaît-il.