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Les travaux de la LGV basque dans l'impasse
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30 août 2016 - CADE ( du 25 août)

 

Egoitz URRUTIKOETXEA

Les travaux de la LGV basque dans l'impasse

Dix ans se sont écoulés depuis la présentation du tracé du Y basque. D'abord prévu pour 2010, l'avenir du projet paraît incertain. A la controverse sur la nécessité de la LGV, vient s'ajouter celle de savoir quel sera l'avenir des travaux engagés.

Le projet de LGV basque avait été présenté en 2006 en grande pompe par le Gouvernement de la communauté autonome basque (CAB) comme l'outil majeur de progrès pour les provinces basques. Il prévoyait de les intégrer dans un flux européen, avenir prometteur pour leur développement économique. Les questions environnementales et les préoccupations des opposants ne faisaient pas le poids face aux arguments messianiques de progrès. Le projet initial prévoyait de traverser l'ensemble des provinces basques, et de relier par le Sud le réseau à grande vitesse de l'Etat espagnol, et par le Nord, celui de l'Etat français. Initialement la LGV basque aurait dû voir le jour en 2010. Après avoir dépensé plus de 3 milliards d'euros, le tracé de la ligne à grande vitesse prévue dans la CAB peine à avancer, pour ne pas dire qu'il est à l'arrêt. Et pour cause, faute de financement, il est désormais difficile d'établir une date butoir.

Le très controversé Y basque

Au cœur du projet, se trouve le dénommé Y basque, reliant les trois capitales de la Communauté autonome basque (CAB), Donostia, Gasteiz et Bilbo par une nouvelle ligne à grande vitesse de 167 km. Ce tronçon était à la base le point névralgique du grand projet espagnol de maillage du territoire par le TGV, symbole de l'éclosion économique espagnole après son intégration dans la Communauté économique européenne (CEE) en 1986. Un investissement qui a été rendu possible par les fonds de compensation que l'Etat espagnol a reçus de la CEE suite à son intégration communautaire, en contrepartie d'un démantèlement en règle de son économie. Il faut préciser que l'Etat espagnol possède le plus vaste réseau de LGV d'Europe, et le second dans le monde derrière la Chine. Néanmoins, il s'agit également d'un des réseaux les plus déficitaires d'Europe, ce qui a amené la Commission européenne a remettre en question la politique d'investissement et de gestion du gouvernement espagnol du réseau à grande vitesse.

Dès 2004, bien avant le début des travaux, le rapport établi par l'universitaire et Docteur en science économique Roberto Bermejo, tire la sonnette d'alarme et met en évidence l'aberration du projet d'Y basque. Selon l'économiste, “le projet est économiquement inadapté, non seulement par rapport à son coût prohibitif, mais aussi parce qu'il ne favorise pas le développement économique du territoire et l'administration publique devra financer le déficit de l'exploitation de la LGV”. De surcroît, il considère que l'Y basque “est socialement inadapté, parce qu'il répond exclusivement aux besoins de mobilité d'une catégorie sociale ayant un grand pouvoir d'achat. Il est néfaste d'un point de vu environnemental, car les effets de la construction d'une nouvelle infrastructure de 198 kilomètres (tunnels, viaducs, …) seront irréversibles. Il est également inadapté du point de vue de la cohésion territoriale, car tout en rapprochant les capitales, il éloigne les territoires isolés de l'intérieur des terres”.

Qui plus est, dès le début des travaux, les promoteurs du projet ont dû faire face à l'incertitude quant à la date prévue pour la connexion du Y basque aux réseaux LGV des Etats espagnol et français, pourtant primordiale pour la viabilité du projet. Incertitude qui ne les a pas empêchés de poursuivre les travaux coûte que coûte. En ce qui concerne la connexion à la péninsule ibérique, les travaux sont à l'arrêt depuis fort longtemps. Il se pourrait donc que le Y basque voit le jour dépourvu d'une ouverture vers le Sud. Quant à la connexion au réseau français, le gouvernement n'a eu de cesse de repousser le projet de construire la ligne LGV entre Hendaye et Bordeaux. S'agissant d'un territoire avec une basse densité démographique et un développement économique limité, les prévisions de fréquentation de la ligne ne suffiraient pas pour justifier l'ouverture de ce tronçon. Et il n'est pas certain que la pression de quelques élus locaux, dont le président de région Alain Rousset, suffisent pour que le projet soit réalisé.

Etat des lieux des travaux

Le Y basque est sans doute le tronçon de la LGV basque le plus avancé, puisque 60 % des travaux ont été réalisés, avec un investissement de plus de 3 milliards d'euros. Néanmoins des obstacles, et non des moindres, entravent la poursuite des travaux. Les tronçons qui devaient être pris en charge par le gouvernement espagnol sont à l'arrêt, pour cause de manque de financement. C'est le cas du chantier de Bergara, dont le montant destiné au chantier ne suffisant pas à couvrir les frais, les entrepreneurs ont décidé de se retirer du chantier. Néanmoins, les chantiers qui avancent le plus se trouvent dans la province du Gipuzkoa, puisque c'est le gouvernement de la CAB qui fait la banque pour le gouvernement espagnol, en décomptant l'argent investi du montant versé chaque année (via le Cupo) à l'Etat espagnol. Le chantier navarrais est lui aussi dans l'impasse. D'une part, l'incertitude dans laquelle se trouve le tronçon de la LGV reliant la Navarre à Zaragoza a provoqué l'arrêt des travaux. A ce jour, seulement 15 kilomètres du corridor navarrais ont été réalisés. D'autre part, les partis politiques qui composent la majorité actuelle sont en désaccord sur le projet, ce qui rend improbable la poursuite des travaux, du moins jusqu'à la fin du mandat.

Sans cesse repoussée, il est quasiment impossible d'établir avec certitude la date de la fin des travaux. Dans la partie la plus avancée, celle du Y basque, les difficultés techniques, politiques et financières pourraient repousser la date butoir jusqu'en 2025. En ce qui concerne le tronçon navarrais et la connexion vers la péninsule ibérique il est plus hasardeux d'établir une date, tant le projet est en suspens. uant à la connexion avec l'Etat français, même si le gouvernement vient de signer la déclaration d’utilité publique pour la LGV entre Dax et Bordeaux , celle-ci ne devrait pas voir le jour avant 2027.

La LGV basque sera-t-elle économiquement viable ?

Selon le rapport qui vient d'être publié par les universitaires David Hoyos et Germà Bel sur l'évaluation économique du projet de Y basque, le projet n'est pas financièrement viable et il n'est pas non plus socialement rentable. Si la ligne Paris-Lyon a une fréquentation de 59 000 passagers par kilomètre, et celle de Madrid-Séville de 14 000 passagers, celle du Y basque devrait à peine atteindre les 6 000 passagers.

Prenant en considération le déficit abyssal des réseaux ferrés espagnols (plus de 15 milliards d'euros), D. Hoyos et G. Bel prédisent une charge financière considérable pour les habitants de la CAB sur plusieurs générations, de l'argent public qui ne pourra pas être investi ailleurs.

Le gouvernement français valide la ligne Dax-Bordeaux

Malgré l'avis défavorable de l'enquête publique rendu le 27 mars 2015 sur le caractère d'utilité publique des lignes LGV Toulouse-Bordeaux et Dax-Bordeaux, le gouvernement a décidé de passer outre. S'agit-il d'une complaisance envers le président de région Alain Rousset, qui n'a jamais caché son soutien au projet LGV ? En tout cas, le ministre des Transports, Alain Vidalies, a signé début juin 2016 la déclaration d'utilité publique (DUP) pour les LGV.

Le coût des travaux est estimé à plus de 8,3 milliards d'euros pour des lignes qui ne devraient pas voir le jour, dans le meilleur des cas, avant 2024 et 2027. Pourtant, l'enquête publique met en évidence l'écart abyssal entre le montant des investissements d'un tel projet et les retombées économiques. Un argument qui devrait pourtant avoir l'écho dans un gouvernement qui justifie des coupes drastiques dans le social pour des raisons de restrictions budgétaires.

La DUP devrait permettre à Réseau ferré de France de lancer les procédures d'expropriations nécessaires à la construction de la LGV. Néanmoins, rien n'est définitif, et il faudra compter avec l'opposition des habitants très mobilisés. Le 1er août, les Amis de la Terre des Landes et trois propriétaires landais expropriés ont déposé un recours devant le Conseil d’Etat contre la DUP signée par le ministre des Transports.

Le collectif du Cade dénonce pour sa part la validation“des projets inutiles et ruineux”, et prévient l'Etat, qu'en agissant de la sorte il “prend la responsabilité d'ouvrir de nouveaux lieux de résistance et de contestation à l'image de celui de Notre-Dame-des-Landes”

Source : http://www.naiz.eus/fr/hemeroteca/mediabask/editions/mediabask_2016-08-25-07-00/hemeroteca_articles/les-travaux-de-la-lgv-basque-dans-l-impasse

 

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