28 juin 2016 - Sud Ouest
Le recours doit être déposé avant le 5 août. © PHOTO "SUD OUEST"
Depuis qu’ils ont récupéré les attendus de la déclaration d’utilité publique sur les lignes nouvelles, les opposants au projet GPSO bachotent. Entretien avec le président de LGVEA, Jean-Robert Thomas.
Chimiste de formation, Jean-Robert Thomas a travaillé pendant 40 ans dans l'industrie aéronautique. En 2005, cet habitant de Saint-Médard-d'Eyrans découvre le projet des LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. En 2010, il fonde LGVEA, à Saint-Médard-d'Eyrans, l'une des associations opposées au projet GPSO parmi les plus actives du Sud-Gironde. Elle compte 200 adhérents et a tenu une assemblée générale, ces jours derniers.
« Nous sommes sereins », affirme Jean-Robert Thomas, président de LGVEA.
Le gouvernement a déclaré d'utilité publique (DUP) les lignes nouvelles Bordeaux-Dax et Bordeaux-Toulouse, le 5 juin. Avez-vous déjà saisi le Conseil d'État ?
Non. Nous sommes en préparation du recours. Nous avons jusqu'au 5 août pour le déposer. Actuellement, nous épluchons tous les documents de la DUP. Elle est tombée le 5 juin, mais ses annexes, les attendus sur lesquels se base cette DUP, n'ont été publiées que le 15 juin. Il y en a une cinquantaine. Il s'agit d'études économiques, environnementales et techniques sur lesquelles le gouvernement s'appuie pour justifier l'utilité publique du projet. Ces études ont été réalisées sous le contrôle de SNCF Réseau, le maître d'ouvrage. Nous les examinons à la loupe pour mieux les contester. Nous fourbissons nos armes juridiques.
Comment procédez-vous ?
Nous sommes 12 associations sur le coup. Des associations girondines, lot-et-garonnaises, tarn-et-garonnaises ou encore de Haute-Garonne. Des associations de défense de l'environnement, mais aussi d'élus. Nous serons toutes co-requérantes.
Vous êtes-vous divisé le travail ?
Oui, pour deux volets du dossier. À savoir, les premières DUP sur les aménagements au sud de Bordeaux et au nord de Toulouse contre lesquelles nous avons déposé des recours préliminaires devant les tribunaux administratifs, dès janvier. Dans les tout prochains jours, nous allons y ajouter des recours complémentaires. Pour des raisons de connaissance des territoires, les associations girondines s'occupent du sud de Bordeaux ; les tarn-et-garonnaises et haut-garonnaises de Toulouse.
Faîtes-vous de même pour la DUP lignes nouvelles ?
Non. Pour elle, nous avons décidé de tous nous y coller. C'est la meilleure manière de repérer le plus grand nombre d'angles d'attaques. Nous nous retrouvons régulièrement pour faire des points. Nous sommes une dizaine de personnes, de plusieurs départements, à faire ce travail. Nous avons des spécialistes en économie, en environnement et sur les aspects purement techniques.
Avez-vous déjà repéré des angles d'attaque ?
Oui. Dans les études économiques, on nous annonce 2 millions de passagers supplémentaires. Or, rien ne le garantit. Quand on voit ce qui se passe sur la Tours-Bordeaux et les risques de pertes évaluées entre 150 et 200 millions d'euros par le propre patron de la SNCF, on ne peut qu'être sceptique. Pareil pour les aspects environnementaux.
On nous annonce 2 millions de passagers supplémentaires. Or, rien ne le garantit.
On nous dit qu'il n'y a aucun souci. Ici, le bocage des bords de Garonne, en zone Natura 2000, sera supprimé sur 30 mètres de large et 12 km de long pour les aménagements au sud de Bordeaux qui, en plus, passeront en zone rouge inondation ! Des exemples aberrants comme ça, il y en a plein les annexes.
Le Conseil d'Etat a rendu un avis favorable à la DUP. Ne craignez-vous pas d'être retoqués ?
Nous sommes sereins. Beaucoup de choses ont changé depuis 2005. De plus en plus de personnes, des experts, des décideurs, nous suivent. Quant à l'avis du Conseil d'Etat, personne ne sait sur quoi il repose car personne ne l'a vu, le gouvernement ne l'ayant pas rendu public. Un passé récent nous montre que rien n'est joué : sur la LGV Poitiers-Limoges, le Conseil d'État avait rendu un avis favorable à la DUP qu'il a ensuite retoquée.
(1) LGVEA : Landes graves viticulture environnement en Arruan.