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LGV Bordeaux-Toulouse : une alternative est possible
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5 juin 2016 - La Dépense du Midi - Merci Pati Bulaire

NdlR-TGV Albret : Excellent article !

alt© Ville de Cadaujac

Depuis 2011, le collectif intitulé Coordination 47, milite pour une solution alternative crédible à la construction d’une ligne nouvelle sur l’axe Bordeaux-Toulouse. La modernisation des voies existantes, construites en 1857, est un compromis raisonnable entre gain de temps, rentabilité, faisabilité, économie et transports du quotidien. Convaincue de la pertinence de cette alternative, la Coordination 47 s’est associée à l’association ALTernative LGV pour en apporter la preuve. ALTernative LGV, association composée d’élus lot-et-garonnais, a sollicité le cabinet CERCL pour étudier la faisabilité de la modernisation des voies tant d’un point de vue technique et économique qu’en termes de gain de temps sur la liaison Bordeaux-Toulouse. Ce travail d’expertise fut cofinancé par le Conseil Département du Lot-et-Garonne et des collectivités locales des départements de Lot-et-Garonne, de Gironde et de Tarn-et-Garonne.

Cette expertise, baptisée « étude CLARACO » a ensuite été présentée à de nombreux élus, mais également aux citoyens. L’objectif des campagnes d’information menées par la Coordination 47 est de permettre à chacun de se forger une opinion éclairée. Les arguments de l’étude CLARACO se sont d’ailleurs trouvés confortés par la publication de plusieurs rapports gouvernementaux. Qu’il s’agisse de la Cour des Comptes, du Conseil d’Analyse Économique, de la Commission des finances de l’Assemblée Nationale, de la Commission économique du Sénat, des Assises du Ferroviaire, du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), entres autres, tous estiment que le « tout LGV » est un modèle inadapté et coûteux. Il s’agit aujourd’hui de donner la priorité à la modernisation du réseau existant, seule solution permettant une diminution significative de la dette du réseau ferroviaire. Il est temps d’arrêter de cacher cette dette sous le tapis et de prendre des mesures durables pour ne pas mettre en faillite la totalité du modèle ferroviaire français.

La modernisation des voies existantes permet de faire circuler les TGV actuels sur les lignes classiques. L’investissement nécessaire est nettement inférieur à la construction de nouvelles infrastructures. L’étude CLARACO estime les travaux à environ de 2 milliards d’euros, contre 8 milliards pour réaliser la LGV Bordeaux-Toulouse. Dans tous les cas, la totalité des passages à niveau, au nombre de 139 sur cet axe, doivent être supprimés pour faciliter la circulation des trains du quotidien et garantir la sécurité des personnes. A cette première piste s’ajoutent, comme le souligne l’étude CLARACO, des travaux et des solutions techniques permettant un meilleur cadencement des trains, des vitesses accrues sur un axe sécurisé. Parmi les mesures citées, il y a pêle-mêle : la reprise de certaines courbes, la rénovation des ouvrages d’art et des quais, le changement des voies actuelles par des rails soudés, la généralisation des signalisations ERTMS, la sécurisation des traversées de gares, l’installation de murs anti-bruit et la fiabilisation de l’alimentation électrique.

La nécessité de développer une nouvelle offre de transport

La modernisation des voies existantes bénéficie avant tout aux passagers du quotidien. En effet, la grande majorité des usagers du train détient un abonnement travail. Pour la Coordination 47, il n’est pas envisageable que soit privilégiée la construction d’une LGV alors que le besoin de modernisation des voies est criant. La liaison entre Bordeaux et Toulouse constitue un maillon essentiel qui renforce les liaisons interrégionales et qui assure l’équilibre du territoire. Même Guillaume Pepy, le président de la SNCF a souligné, lors des Assises du ferroviaires (dès 2011), la nécessité de « développer une nouvelle offre de transport, s’articulant autour de trains circulant à 200 km/h ou plus, utilisant le plus souvent possible les lignes existantes ». Selon lui, il s’agit « d’envisager des solutions moins onéreuses et donc plus rapidement disponibles que la construction de lignes grande vitesse ».

En d’autres termes, la modernisation des voies existantes, accompagnée par une politique d’investissement dans des nouveaux trains Grande Vitesse (technologie MHS : Medium High Speed Trains), répond pleinement aux objectifs de diminution du trajet sur l’axe Paris-Toulouse. Ces trains sont en effet capables de rouler sur des lignes grandes vitesse (LGV) sur l’axe Paris-Bordeaux et d’être performants sur lignes modernisées, comme la Coordination 47 l’appelle de ses vœux pour le tronçon Bordeaux-Toulouse.

Enfin, en termes de performance, l’étude CLARACO démontre que l’écart entre la LGV Bordeaux-Toulouse et la ligne modernisée est seulement de 30 minutes pour les trains directs : Paris-Bordeaux-Toulouse. La SNCF ne propose que 3 allers-retours de ce type par jour car sans desserte du territoire, la rentabilité économique des trajets est faible. Dès lors où la desserte des villes moyennes est assurée, c'est-à-dire pour 90% du trafic ferroviaire, l’écart entre LGV et voie modernisée se réduit à 20 minutes.  En prime, c’est un réseau performant qui s’offre aux usagers, avec un confort accru des trains du quotidien et des rames équipées au service des professionnels (wifi, prises électriques, etc.). Avec un tel niveau de services, le TGV de demain n’est-il pas en train de devenir un nouvel espace de co-working ?

L'abandon du projet LGV Bordeaux-Toulouse

Voilà l’innovation sociale souhaitée vivement par la Coordination 47 : un projet qui ne porte pas d’atteinte supplémentaire ni à l’environnement, ni aux finances de l’état, ni aux habitants attachés à la beauté de leur terroir. La question qui se dessine sur toutes les lèvres est donc simple. L’utilité publique sur le tronçon Bordeaux-Toulouse, consiste-t-elle à dépenser 8 milliards d’euros pour construire une LGV au détriment des voies existantes ou à investir 2 milliards d’euros pour moderniser les voies classiques en développant une politique de transport ferroviaire adaptée aux besoins de ses usagers ?

La Commission d’Enquête publique s’est d'ailleurs prononcée en faveur de la seconde option. Confortée par cet avis, la Coordination 47 réitère donc sa demande : l’abandon du projet de construction d’une ligne nouvelle entre Bordeaux et Toulouse.

Pati Bulaire

 

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