15 octobre 2015 - Capital
Lisea, le futur exploitant de la ligne à grande vitesse (LGV) Tours-Bordeaux frôlerait déjà la faillite. La société a écrit au gouvernement car elle ne peut plus payer ses fournisseurs.
L’an dernier, Capital annonçait déjà que la ligne TGV Tours-Bordeaux ne sera jamais rentable mais la situation serait pire ! Le consortium Lisea, mené par Vinci et censé exploiter la ligne qui doit relier Paris à Bordeaux en 2h05 à partir de 2017, n’a déjà plus de sous et risque la banqueroute.
Dans une lettre adressée au gouvernement, relayée par Challenges, le président de Lisea annonce que la société est proche « du défaut vis-à-vis de ses prêteurs ». Les banques du consortium « pourraient lui refuser nouveau tirage sur la dette, pourtant nécessaire dès la fin du mois d’octobre pour assurer le paiement à bonne date du constructeur » de la ligne LGV, explique Laurent Cavrois.
Dans un précédent article, Capital avait indiqué que c’est tout le modèle économique de ce projet lancé en 2008, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, qui est bancal. Les prévisions de recettes de ce chantier à 8 milliards d’euros auraient en effet été gonflées dès le départ.
Désormais, c’est le programme de fréquences proposé par la SNCF qui pose problème. Les 15 allers-retours quotidiens entre Paris et Bordeaux ne permettraient pas de couvrir les frais de fonctionnement de Lisea, selon Challenges. A ce niveau, déjà relevé par Guillaume Pepy, les pertes annuelles pour Lisea sont estimées entre 20 à 30 millions. Dans le schéma actuel, Lisea ne pourrait même pas payer les charges fixes liées à l’exploitation de la ligne et les seuls intérêts de la dette. Autant dire que les créanciers ne sont pas prêts d’être remboursés et les actionnaires de gagner de l’argent.
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Lisea souhaiterait que la SNCF porte son trafic à 19 aller-retours quotidiens, afin de générer les 250 millions d’euros annuels nécessaires pour couvrir ses frais d’exploitation. Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, milite aussi pour créer une véritable navette avec Paris, c'est-à-dire au moins un train par heure, et en pointe, toutes les demi-heures. Est-ce vraiment raisonnable ? Clairement non pour la SNCF, qui prévoit déjà de perdre entre 100 et 200 millions d’euros par an sur ces nouvelles lignes. Contacté, Lisea n’a pas souhaité faire de commentaires, indiquant seulement que des négociations étaient en cours avec la SNCF, l’Etat et les différentes collectivités.