28 septembre 2015 - Sud Ouest par Stella Dubourg
La décision de l’État de poursuivre les projets de LGV vers le sud ne fait pas que des heureux
Jean-Luc Gleyze peine à croire que le projet verra le bout.
© ARCHIVES TIFFANY ARNOULT
"Il ne faudra pas compter financièrement sur le Département, qui est complètement étranger au domaine du transport."
«De l'eau coulera encore longtemps sous les ponts ferroviaires avant que le projet de LGV Sud n'obtienne son financement », a indiqué hier Jean-Luc Gleyze. Le président PS du Département de la Gironde, également conseiller départemental du Sud-Gironde, a pris acte ce samedi de la décision du gouvernement de poursuivre la procédure concernant la réalisation des lignes à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. Et ce malgré l'avis négatif de la commission d'enquête publique.
« Vu les difficultés qu'il y a eu à financer la LGV Nord et sachant que tout le monde n'a pas encore payé la facture, je reste très dubitatif sur le financement de la LGV Sud », poursuit l'élu, qui peine à croire que le projet verra le bout. « D'autant plus qu'il ne faudra pas compter financièrement sur le Département, qui est complètement étranger au domaine du transport. Comment lui demander de financer un projet comme celui-ci alors qu'il n'en a pas la compétence ? Ce serait hors la loi », insiste Jean-Luc Gleyze.
Aucune solution moins coûteuse pour relier Toulouse à Paris et Bordeaux à l'Espagne à plus de 250 kilomètres n'a été envisagée.
LE CALENDRIER
Les deux projets de nouvelles lignes s’inscrivent dans la continuité de la LGV Tours-Bordeaux qui sera mise en service en juillet 2017 et mettra Bordeaux à 2 heures de Paris. La procédure prévoit des travaux pendant cinq à sept ans pour une mise en service de Bordeaux-Toulouse en 2024 et de Bordeaux-Dax en 2027.
Comment et qui va financer le projet ?
À l'inverse du président PS de la Région et du maire LR de Bordeaux, l'ancien maire de Captieux s'est toujours rangé du côté des opposants à la LGV vers l'Espagne, assurant que ce projet condamnerait le territoire sud-girondin. « Il reste encore beaucoup d'étapes et de péripéties mais, si un jour la question du financement est résolue et que le projet arrive au bout de la procédure, nous exigerons que toutes les remarques émises lors de l'enquête publique soient bien prises en compte. Nous serons très vigilants sur les aspects environnementaux et humains, notamment dans le Sud-Gironde qui reste le territoire le plus impacté. »
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Mais Jean-Luc Gleyze n'est pas le seul élu à s'interroger sur la manière dont sera financé ce projet de 9 milliards d'euros pour la réalisation de 327 kilomètres de lignes nouvelles. « Cet arbitrage intervient alors que le système ferroviaire ne fait que creuser son endettement, établi à ce jour à 44 milliards d'euros et qu'aucune solution moins coûteuse pour relier Toulouse à Paris et Bordeaux à l'Espagne à plus de 250 kilomètres n'a été envisagée », déplore Gilles Savary, député PS de Gironde.
« En outre, cela n'empêchera pas une régénération d'ampleur de la ligne ferroviaire Bordeaux-Toulouse actuelle, de plus en plus sollicitée. » Pour Jean-Luc Gleyze, « il est urgent de mener un vrai travail sur la mobilité intra-départementale et de se concentrer sur la qualité des liaisons TER comme la ligne Bordeaux-Langon, qui pose vraiment problème. Car c'est ce qui concerne le quotidien des Girondins. »