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Le calvaire dune riveraine de la LGV à Plassac
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19 septembre 2012 - Charante Libre

Maryse Viaud vit à 30 mètres de l'emprise de la LGV à Plassac. Cinq mètres de trop pour être indemnisée. Mais suffisant pour subir les nuisances du chantier.


Maryse Viaud montre le chantier et le tas de terre qui a été déposé sur sa propriété, sans son autorisation.Photo CL

Maryse Viaud montre le chantier et le tas de terre qui a été déposé sur sa propriété, sans son autorisation.Photo CL

Dès le matin 7 heures, les travaux commencent et je ne peux plus rester dans la maison à cause des vibrations. Les portes sont secouées et ça me fait penser au tremblement de terre qu'il y avait eu quelques années plus tôt. Je vais être obligée de partir car je ne peux plus rester là. Je ne peux plus. Je pleure toute la journée...»Maryse Viaud habite un petit hameau de Plassac, dans le Blanzacais. Curieusement, ce hameau se nomme «Chez-Viaud». Originaire de la commune voisine de Bécheresse, Maryse Viaud habite le lieu depuis 1968. Elle s'y était installée avec son mari, décédé en 2004. «Je me sentais bien ici, et je n'avais pas envie de déménager.»

Mais depuis deux mois, le chantier de la ligne à grande vitesse (LGV) a ouvert dans le paysage une entaille profonde qui éventre les collines sur plusieurs dizaines de mètres de large: des travaux spectaculaires sur lesquels s'agitent en permanence des tractopelles et d'énormes camions, des vibreurs aussi: «La LGV va passer à une trentaine de mètres de chez moi et, au bout de mon jardin, il y aura un talus de terre de 14 mètres de haut.» Un talus où passe et repasse un engin pour égaliser des déblais.

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«On est venu chez moi. M Becker, de Cosea, m'a répété que je ne pourrai jamais rester là, que je devrais acheter ailleurs. Mais pour être expropriée, je ne devrais pas me trouver à plus de 25 mètres...» La maison de Maryse Viaud se trouve donc à quelques mètres de trop, comme celle de son voisin le plus proche.

Le sentiment d'avoir été mal informée

«Du temps de RFF, on était venu estimer la maison, mais les choses ont changé depuis que c'est le concessionnaire... Avant, l'indemnisation qui m'avait été proposée n'était pas totalement correcte, mais elle me permettait au moins de construire ailleurs. Maintenant, les choses sont différentes et on ne me propose plus rien...»

Plus rien, alors que la maison et les bâtiments agricoles qui la jouxtent, soit 600 mètres carrés construits, sont devenus invendables. Sur la trentaine d'hectares que représente la propriété de «Chez-Viaud», 5 hectares ont été achetés pour le chantier: 2 de terres, 2 de vignes et 1 de bois, auxquels il convient d'ajouter une partie d'un verger. «Pour tout cela, j'ai été indemnisée convenablement, même s'il a fallu que je me batte pour le verger et pour la source qui permettait d'alimenter les noyers. La somme a permis de faire un forage et de trouver de l'eau.»

Maryse Viaud est très lasse. âgée de 68 ans, ses enfants et petits-enfants la soutiennent de leur mieux. Elle a assisté à toutes les réunions préparatoires, en particulier à Roullet, mais elle a pourtant l'impression de ne pas avoir été informée correctement, même pas à la mairie. Et même pas à propos des tirs de mines dont on évoque la possibilité et qui, eux aussi, pourraient ébranler la maison dans laquelle elle ne peut plus que tourner en rond en regardant monter les tas de terre qui viennent jusque sur sa clôture, et en écoutant le bruit de tous les engins qui s'affairent. «Ils en ont même fait un dépôt de terre sur mon terrain, sans mon autorisation. Il sera enlevé plus tard, m'a-t-on dit. J'ai peur qu'ils le laissent...»

 

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