23 février 2012 - LA DÉPÊCHE DU MIDI
Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent ? La centaine d'élus rassemblée sous la bannière d'Alternative LGV, qui milite pour un TGV sur les voies existantes aménagées, a en tout cas le sentiment de l'avoir en poupe, depuis que le blizzard budgétaire s'est mis à souffler, crise oblige, sur les finances des collectivités locales concernées par le projet estampillé Réseau Ferré de France (RFF) et SNCF, qui se chiffre à 7,8 milliards d'euros.
Bilan d'étape. Les porte-drapeaux de cette « fronde », née il y a un an et demi, se sont donc livrés, mardi matin devant la préfecture, à un bilan d'étape aux accents triomphants, couronné par l'immolation de ce « fuseau LGV » dont ils ne veulent pas.
« Depuis quinze jours, les événements se précipitent, pavoise le conseiller général Raymond Girardi, coprésident de l'association. Le coût exorbitant du projet RFF-SNCF nous donne raison ». Comprendre que le plan de financement du projet LGV s'étiole… à grande vitesse.
Qui va payer ? à ce jour, rappelle son homologue Bernard Faucon-Lambert, « la région Aquitaine et les départements des Landes et du Lot-et-Garonne sont les seules collectivités à être encore engagées ». Et encore, le président du conseil général, Pierre Camani, a fait savoir que le département ne participerait pas au financement de la ligne Toulouse-Bordeaux. Le conseil général ne reste donc officiellement engagé « que » pour la ligne Tours-Bordeaux, qui exigera cette année une participation de 6,7 millions d'euros.
Et l'état ? « Tours-Bordeaux, c'est une très bonne chose, dit Raymond Girardi, mais ce n'est pas au conseil général de payer, c'est à l'état d'assumer sa mission de service public et d'aménagement du territoire ». Il récapitule : « La région Poitou-Charentes et les départements traversés par la ligne Tours-Bordeaux ont annoncé qu'ils ne paieraient pas, quand Martin Malvy laisse entendre que la région Midi-Pyrénées ne financera rien, alors qu'en Aquitaine, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques ont annoncé qu'elles ne paieraient pas pour Tours-Bordeaux ». Alternative LGV a prévu d'interpeller le préfet de région, coordinateur du projet.
Un projet à 5 milliards de moins. Du coup, l'étude commandée par les élus rebelles pour faire circuler les TGV sur les lignes existantes, qui chiffre l'affaire à 2,7 milliards d'euros, n'en a que plus d'attrait, estiment-ils, et ils se disent persuadés de faire de nouveaux émules au fil de leurs réunions publiques. « Notre projet est bien moins difficile à financer, et il est réalisable dans les 3 ans, ce qui ferait un gain de temps de 10 ou 15 ans », conclut Bernard Faucon-Lambert.
Michel Amigues
« Nous avons toujours dit que le montage financier du projet porté par la SNCF et RFF était un château de cartes, et que l'édifice s'effondrerait au premier coup de vent violent. C'est exactement ce à quoi nous assistons en ce moment… ».
Raymond Girardi, coprésident d'Alternative LGV
rendez-vous aujourd'hui à l'agglo d'agen
Les élus d'Alternative LGV iront présenter leur étude « alternative » de TGV sur des voies existantes aménagées aux élus de la communauté d'agglomération d'Agen (CAA), ce jour, à 19 heures.
Le chiffre : 100
élus > Au sein d'Alternative LGV. Ils sont Lot-et-Garonnais dans leur grande majorité, mais il en vient aussi de Gironde et du Tarn-et-Garonne.