PUBLIÉ LE 04/03/2010 08:04 | LA DEPECHE STÉPHANE BERSAUTER
Transports. Manifestation samedi prochain dans les rues de Nérac. Sur le terrain, l'opposition à la LGV s'active.
Osant braver la colère à peine voilée des deux ouvriers, Charles D'huyvetter dépose une carte de visite sur la foreuse. Au recto, le sigle de l'association dont il est président, TGV, comme Très Grande Vigilance en Albret. « Ils en ont marre de recevoir des visites ». Dans un champ, sous la pluie et dans la boue, les deux cirés jaune et vert creusent.
C'est l'un des premiers signes visibles des études préalables à la réalisation de la ligne à grande vitesse. Ces explorations du sous-sol ont lieu un peu partout sur le fuseau de 1 000 m rendu public le 11 janvier dernier. « On voit arriver des techniciens », témoigne Catherine Aime, vice-présidente de TGV. « Et parfois, on oublie les références cadastrales. Résultat, les propriétaires des parcelles voient arriver les équipes sans avoir été prévenus ». À Xaintrailles, un riverain leur a réservé un accueil avec le fusil cassé, quand même.
PARAMILITAIRE
D'autres oublis encore, comme l'affichage en mairie d'un arrêté préfectoral qui précise les modalités d'intervention de ces techniciens. En début de semaine, Catherine s'en est plainte auprès d'une mairie. TGV, c'est donc Très Grande Vigilance. Elle est de mise selon les opposants à la LGV entre Bordeaux et Toulouse : depuis quelques semaines, l'organisation est quasi paramilitaire : des correspondants de guerre par commune.
Catherine Aime, Charles D'huyvetter, deux des noms qui défendent l'idée d'une LGV sur la ligne existante, et pas sur une nouvelle. Chef d'entreprise, D'Huyvetter est belge d'origine, n'a rien d'un « gauchiste extrémiste. Je vis ici depuis trente-cinq ans, je ne supporte pas l'idée que l'on puisse défigurer ces paysages ». La semaine passée, les pas d'un cheval l'ont emmené dans le fuseau de 1 000 m, dans les chemins des environs de Vianne, de Xaintrailles, de Feugarolles. « Regardez, même sous la pluie, ce paysage entre frontière des Landes et coteaux est fabuleux. Et on voudrait le détruire ? » Dans l'association, un maçon, un châtelain, des parents, un chirurgien. Catherine Aime est sous label Gîtes de France à Vianne. « Chacun a sa personnalité, apporte ses compétences, le but est commun ».
« DIONISDUROUSSET »
« Samedi, on attend des Basques, mais aussi une délégation d'un collectif « Tours-Bordeaux » qui milite aussi contre la LGV, et depuis huit ans. Ils en sont au Conseil d'État (lire l'encadré). » Au bord de la route pour aller à Vianne, une kyrielle de panneaux. L'association les vend. « La vente permet d'en confectionner d'autres ». L'un marque l'entrée du fuseau, l'autre la sortie un petit kilomètre plus loin. « Regardez à droite. C'est le coteau de Feugarolles. Dans la vallée, il doit y avoir un ouvrage d'art comme ils disent, un viaduc de 30 m de haut qui rejoint l'autre côté, à deux pas du château Naudet.
Celui-là n'est pas classé, le château Trenqueléon l'est, il est à deux pas de ce que les anti-LGV appellent désormais la ligne Dionisdurousset, du nom du député-maire d'Agen et du président sortant du conseil régional, ligotés ensemble sur la voie ferrée par les opposants ». « Le rendez-vous de samedi n'est pas un point final. Nous allons entretenir la fraîcheur de ce mouvement ».