23 avril 2011- Le Sud-Ouest Chronique
Jeanne-Marie Fritz nous a récemment écrit ceci à propos du supplément publié début avril intitulé « Nos villes sont-elles vertes ? » :
« En page 15, le lecteur peut trouver un article de RFF (Réseau ferré de France) sur le GPFSO (Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest) : Développement durable, quand RFF s’engage ! Certes, il ne s’agit pas d’un article rédigé par des journalistes de Sud Ouest. Toutefois, le supplément est bien joint au quotidien du jour. Je suis surprise d’une telle publicité. Le GPFSO n’est pas un projet partagé par tous, loin de là. Il existe même une contestation du bien-fondé de ce projet. Or, dans la charte de sa rédaction, le journal affiche en premier l’ambition de l’indépendance.
Je constate, depuis des mois, que les pages consacrées aux louanges du projet sont très nombreuses alors que celles qui reflètent les arguments des opposants sont quasiment inexistantes. Si l’on devait mesurer les surfaces représentées par les articles favorables à RFF et au GPFSO, elles seraient au moins dix fois plus importantes que celles qui donnent la parole aux opposants, dont les informations passent très difficilement. Où est donc l’indépendance ici ? »
Ce n’est pas la première fois que le journal est interpellé à propos du projet ferroviaire en général et de LGV (Ligne à grande vitesse) en particulier. Deux chroniques du médiateur ont déjà été consacrées à ce sujet au cours des deux dernières années. Mais comme les lecteurs continuent de se manifester, il est naturel de répondre à leurs demandes et leurs interrogations.
Dans sa lettre, Jeanne-Marie Fritz aborde deux sujets : celui de la publicité dans nos colonnes et celui de l’indépendance du titre. On peut au demeurant imaginer que les deux sont peut-être liés. Or, ce n’est nullement le cas. A Sud Ouest, comme dans la plupart des journaux, régie publicitaire et rédaction n’ont pas de lien direct (ce qui d’ailleurs peut occasionner des divergences de vue entre les deux). La charte éditoriale précise à ce propos que les espaces publicitaires « n’engagent pas la responsabilité de la rédaction parce qu’ils ont pour seule fonction de promouvoir ou de conforter l’impact des marques, d’événements ou de manifestations. »
Sur ce point, on ne peut guère mettre en doute l’indépendance des journalistes.
Mais Madame Fritz considère également que, concernant ce sujet précis, le contenu éditorial est orienté, et elle n’est pas la seule à le dire. On ne peut pas lui donner tort puisque dans plusieurs éditoriaux notre journal s’est clairement prononcé en faveur de la LGV. Mais ce n’est nullement une marque de dépendance. C’est un choix éditorial clairement assumé et parfaitement en accord avec sa charte qui précise que « Sud Ouest peut soutenir des causes d’intérêt régional et prendre des initiatives dans ce sens ».
C’est donc la liberté du titre qui s’affirme. Un quotidien régional reste dans son rôle lorsqu’il prend position et soutient des causes ou des projets. Mais cela ne lui ôte en rien son devoir de pluralisme qui doit le conduire à respecter la diversité des points de vue. Or, selon plusieurs lecteurs, cet engagement ne serait pas respecté dans le débat sur la LGV.« Les opposants ont beaucoup de mal à faire passer des communiqués dans certains départements comme les Landes, assure encore Jeanne-Marie Fritz. S’ils font une action, ils ne sont pas souvent relayés dans les pages du journal alors que les partisans du projet ont souvent pleine page. »
Il est très difficile de contester ou de valider ce jugement. Toutefois pour se donner une idée un peu précise du contenu de Sud Ouest, nous nous sommes livrés à un petit jeu : effectuer un relevé de tous les articles consacrés à la LGV au cours du dernier mois (du 21 mars à ce jour) dans l’ensemble de nos éditions. Nous en avons trouvé 35. Sur ce nombre, 25 d’entre eux rappelaient les arguments ou contenaient des réactions des opposants à la LGV ou à son mode de financement.
Thierry Magnol