28 février 2011 -Le Sud-Ouest-Par JEAN-BERNARD GILLES 17 commentaire(s)
Son financement public n'est pas bouclé. Le contrat sera, au mieux, signé en avril prochain. Le financement de la LGV Tours-Bordeaux est pour le moment loin d'être acquis. PHOTO DAVID LE DÉODIC
Ce devait être l'automne 2010, puis décembre, ensuite fin février. Le contrat de concession pour la construction de la ligne à grande vitesse (LGV) Tours-Bordeaux sera, au mieux, signé en avril. On dit depuis longtemps que l'intérêt général va finir par s'imposer. Mais on peut se demander comment le gouvernement va sortir d'un dossier qui apparaît piégé.
Ce qui est sûr, c'est que ce soir, après que le Conseil régional de Midi-Pyrénées aura délibéré, il manquera au bas mot quelque 250 millions d'euros de contribution des quelque 57 collectivités locales. Elles ont été appelées à cofinancer ce projet, dont le coût final voisinera les 8 milliards d'euros. Le Premier ministre François Fillon a indiqué le 31 janvier dernier que l'État, qui apporte 1,5 milliard d'euros, n'irait pas au-delà pour compenser la défaillance d'une collectivité locale. Et certaines négocient encore. C'est de surcroît aujourd'hui, lundi 28 février, le dernier jour de validité de l'offre faite par Vinci à l'automne dernier. Il pourra en modifier le contenu financier à compter de demain.
1 Ceux qui ont payé, ceux qui renâclent
Les élus ne l'ont pas toujours fait avec entrain, car le chèque demandé par l'État et Réseau ferré de France (RFF) était lourd et concernait la grande vitesse ferroviaire, bien loin de leur compétence. Mais les délibérations favorables s'enchaînent toutefois. La Région Aquitaine (303 millions d'euros) fut la première. Les agglomérations de Toulouse, Bordeaux, La Rochelle, Poitiers, Angoulême et Bayonne se sont engagées après de réelles négociations. La Haute-Garonne, la Gironde et les deux Charentes aussi.
Manquent aujourd'hui à l'appel, parmi les gros contributeurs, les Hautes-Pyrénées (17 millions d'euros), les Pyrénées-Atlantiques (56 millions), les Landes (80 millions) et la Région Poitou-Charentes (100 millions). Les élus négocient encore. Ici, un barreau de raccordement ; là, des compensations routières. Il est peu probable que les Départements se prononcent avant fin mars, date des prochaines élections cantonales.
Seule Ségolène Royal, présidente de Poitou-Charentes, a pris une position définitive. Elle refuse de subventionner le projet et propose un prêt sous condition à RFF. « Irrecevable pour l'État, alors que nous avions pourtant répondu favorablement à un grand nombre des demandes de Poitou-Charentes », estime un négociateur du dossier. Nathalie Kosciusko-Morizet mettra-t-elle à exécution sa menace de ne pas raccorder les agglomérations de la région à la ligne nouvelle ? On devrait vite le savoir. Il va y avoir de l'ambiance.
2 RFF a-t-il surévalué les risques ?
Comment la contribution de RFF a-t-elle été calculée ? C'est la question embarrassante posée par Henri Emmanuelli depuis des mois. Le président socialiste du Conseil général des Landes soupçonne RFF d'avoir minoré les recettes attendues des péages et surévalué les risques du projet au-delà du raisonnable. D'autant qu'une clause de la convention obligerait Vinci à reverser les surplus de recettes à RFF en priorité.
Henri Emmanuelli estime qu'une assurance serait suffisante pour se prémunir contre les risques du chantier et permettrait de baisser de manière significative le montant du chèque des élus. « Je veux comprendre avant de m'engager », dit-il. RFF serait prêt, selon nos informations, à partager les surplus. Mais c'est Bercy qu'il faut convaincre.
3 Vinci va-t-il augmenter ses prix ?
Le projet de contrat de concession est quasiment bouclé. Mais les discussions avec les neuf banques et les trois cautions se poursuivent. Elles sont serrées. Il s'agit, pour le groupement conduit par le numéro un mondial du BTP, d'emprunter 3 milliards d'euros. Il s'engage sur un projet pour cinquante ans et percevra des péages (25 euros le kilomètre par train en moyenne) à compter de 2017, après la mise en service. Les banques vendent également cher leurs prises de risques. Les conditions financières deviennent moins favorables.
L'entreprise ne présentera pas d'avenant à la hausse à sa proposition dès demain. Elle serait en droit de le faire, mais elle n'y a pas intérêt. « Mais on ne peut pas attendre encore deux mois pour signer », prévient-on au siège parisien de RFF, où l'inquiétude devient perceptible. Chez Vinci, on se montre plus zen. Le 7 mars, les 350 salariés déjà engagés pour piloter ce projet d'ampleur emménageront dans leurs nouveaux locaux, près de l'aéroport de Poitiers-Biard.
4 Le partenariat public-privé dans le viseur
Le dossier prend aussi une tournure politique nouvelle. C'est la première fois en France qu'un partenariat public-privé (PPP) de cette ampleur est choisi pour une concession ferroviaire, « alors que c'est une compétence de l'État », rappelle Ségolène Royal. Henri Emmanuelli évoque volontiers « les entrepreneurs-traders » de ce dossier.
Alors que la LGV Tours-Bordeaux semblait faire consensus à gauche, les élus Europe Écologie-Les Verts des trois Régions concernées se sont retrouvés à Angoulême il y a quelques jours pour critiquer le recours au PPP. « On exige de nous une clause de confidentialité avant de nous fournir le projet de contrat de concession, alors que nous sommes sollicités financièrement », s'indigne Patrick Dufau de Lamothe. L'élu girondin aimerait bien connaître le réel effort financier de Vinci et le taux de rentabilité du contrat, que l'on dit voisin de 15 %. Il est aujourd'hui de moins en moins seul à vouloir le savoir.
Les commentaires 17
1
freda
28/02/2011, à 18h47
Voyons! ce qui endette le pays, ce sont les voyages de la présidente de région, l'argent très mal employé pour acheter moralement de futurs électeurs etc...Aucun grand projets.
Que du saupoudrage électoral.
Cette région est sinistrée. Il faut ce train qui rapprochera l'action vers l'épicentre. Je connais des gens qui, travaillant en région parisienne pourront plus facilement laisser leur famille ici et faire la navette. N'est-ce pas ce que nous désirons tous?
Mme Royal n'a qu'une obsession: l'Élysée. Elle ne se préoccupe absolument pas de la région.
Nous perdons une temps fou à cause de ses obsessions.
taioro
28/02/2011, à 18h32
On espére qu'elle restera longtemps dans le tunnel. Ce projet funeste va assecher les finances des collectivités territoriales et va endetter le pays qui n'a pas besoin de cela. Ce projet n'est qu'un prétexte pour donner des montagnes de fric aux majors du BTP. Entre polytechniciens copains de promo on n'a rien à se refuser; entre ceux qui sont dans l'appareil de l'Etat et ceux qui ont "pantouflé" en toute sécurité dans le Privé (Qui n'est souvent pas privé...SNCF, RFF, et autres EPIC). En outre quand ces X pantouflent dans le privé et quand ils ont planté la société ou ils sévissaient ils peuvent revenir dans leur corps d'origine et continuer à émarger!!! Cette LGV va détruire l'environnement, ruiner le contribuable et dégrader les dessertes des villes moyennes. Pourtant une solution existe c'est la rénovation de la voie existante en 220km/h avec mise au standard Europeen du systéme de signalisation et de gestion de trafic. Cette solution répond parfaitement au besoin et sans saturation de ligne en vue. Les russes ont un TGV de ce type en technologie pendulaire fait par Siemens. Alstom doit être capable de faire la même chose. Ajoutons qu'à la SNCF le fret est en chute libre et que le trafic TGV plafonne!!!
PEGELLA
28/02/2011, à 16h45
Enfin faut-il faire une nouvelle ligne à grande vitesse sur des territoires déjà équipés de lignes classiques électrifiées à 2 voies, nettement sous-utilisées, qui peuvent être aménagées et modernisées pour des performances très intéressantes et un coût 4 à 5 fois moindre... Le ferroviaire oui, mais pas à n'importe quel prix !
PEGELLA
28/02/2011, à 16h43
@ermaen : Le TGV est présenté (par Alstom et RFF !) comme une alternative à l'avion, mais un TGV à 320 km/h est 4 à 5 fois plus énergivore qu'un train classique et les subventions aux "low-cost" font qu'actuellement l'avion est moins cher que le train (cherchez la logique). Mais le gros problème des TGV/LGV est que ces infrastructures sont destinées à transporter des voyageurs entre grandes métropoles et ignorent complétement les zones rurales et la plupart des villes moyennes traversées, focalisant l'activité de façon avérée sur ces mégapoles. En ce sens il est évident qu'elles ne correspondent pas aux fondamentaux du développement durable ni de l'utilité publique. Et puis il y a l'arnaque des PPP. Si on prend ce projet Tours-Bordeaux 79% de fonds publics et seulement 21% du privé, qui en aura ensuite la concession pendant 50 ans ! Nous allons payer au privé une infrastructure dont il pourra ensuite tirer les bénéfices pendant 50 ans : ce n'est pas acceptable ! Voir aussi : http://www.sudouest.fr/2011/02/21/lgv-segolene-royal-veut-preter-de-l-argent-a-l-etat-323197-659.php et : http://www.sudouest.fr/2011/02/23/verts-et-transparents-325216-626.php Enfin faut-il faire une nouvelle ligne à grande vitesse sur des territoires déjà
il.bernardo
28/02/2011, à 13h24
" « On exige de nous une clause de confidentialité avant de nous fournir le projet de contrat de concession, alors que nous sommes sollicités financièrement », s'indigne Patrick Dufau de Lamothe. L'élu girondin aimerait bien connaître le réel effort financier de Vinci et le taux de rentabilité du contrat, que l'on dit voisin de 15 %. Il est aujourd'hui de moins en moins seul à vouloir le savoir. "
Je pense que beaucoup de monde voudraient connaitre ce contrat de concession... Un peu de transparence serait le signe que ce Pays n'est pas au niveau de tension et de collusion d'intérêts que l'on suppose.
coco49
28/02/2011, à 12h03
je compléte ce que j ai dit avant, si l état et les régions avaient gardés la main mise sur les projets lgv ,et n 10 en autoroute , et récupéré les bénéfices attendus , au lieu de les offrir au privé, les copains du président , on paierait beaucoup moins d impot en 2040 et l argent rentrerait dans les caisses de l état et des régions . au contraire au nom du profit immédiat on brade toute nos sources possibles de revenus
ermaen
28/02/2011, à 11h45
Cet article et les réactions apperremment bien documentées sont intéressants. Il s'agit d'un enjeu crucial à une époque de pénurie et de cherté. Le TGV est présenté comme une alternative à l'avion plus énergivore. Ce qui met mal à l'aise c'est de constater que des projets indispensables pour une "élite circulatoire" ( il en faut ) et pour tout un chacun sont freinés par manque d'argent comme celui des panneaux solaires censés réduire notre dépendance énergétique. Mais alors celà est dramatique si nous n'avons plus les moyens de nous donner les atouts pour nous délivrer! Et pourquoi Mme Royal freine-t-elle au moment crucial alors que les socialistes ont tooujours été proches des thèses portées par les écologistes? Je me souviens du projet de ferroutage qui date d'au moins trente ans. Il aurait permis un désencombrement des routes qui sont très usées par le passage répété de lourdes charges par essieu. Deux mandats mitterrandien s'écoulèrent et nous ne vimes rien. Que penser? Que faire? (chto dielat comme disent les cht'is ).
Pénélope
28/02/2011, à 11h31
Ah, l'intérêt général ! expression magique qui permet de balayer d'un revers de main toutes les questions génantes : S'il s'agit vraiment d'intérêt général, c'est l'ensemble des Français qui doit financer ce projet, et pas uniquement certaines régions, ou pire communauté d'agglomération (contribuables des régions et villes concernées, à vos portes monnaies !) La France n'est pas un désert ferroviaire, notre pays est quadrillé par les voies ferrées : et si on commençait par les entretenir et les moderniser pour que les trains puissent circuler à des vitesses correctes ? avec un réel service public ferroviaire ? Mais non, vite des grands projets ! toujours plus vite, les lignes existantes sont vétustes ? vite il faut en construire d'autres ! continuons à couvrir la France de béton de goudron, de lignes à haute tension. c'est le progrès ! ah, l'intérêt général !
Post-scriptum
28/02/2011, à 10h56
@leprese. Le doute ne vous effleure jamais ?
saroyan77
28/02/2011, à 10h03
J'avais oublié lorsque cela sera aux mains du privé les tarifs augmenterons exponentiellement comme actuellement le Gaz et l'électricité en autre mais vous êtes Leprese sûrement de ceux qui ne se plaigne jamais. A bon entendeur
saroyan77
28/02/2011, à 10h01
Bonjour @leprese. Pauvre leprese vous pensez que l'argent public doit être donner sans concession au privé. Vous rêvé doucement dans votre chaumière. Sortez vous les doigts du c.. et vous saurez que depuis des décennies c'est l'argent public qui a toujours financé et construit les ligne TGV. Maintenant avec le libéralisme tout est bon pour donner au privé ce qui est rentable et que le public garde ce qui ne l'est pas.
Tach
28/02/2011, à 09h41
Suite :
Nous le disons depuis le début, ce dossier est monté avec des arguments erronés, des idées reçues.
Nous sommes favorables aux transports ferroviaires, mais la LGV est une mauvaise solution, elle est comparable à la solution du Concorde pour l'aviation. Le transport ferroviaire ne doit pas être appréhendé via la solution purement technologique, mais de façon rationnelle. La vitesse de déplacement d'une "élite circulatoire" n'est pas une solution rentable, ni financièrement ni sociologiquement, ni écologiquement. Pour que le train puisse concurrencer l'avion, commençons par aligner les subventions de l'avion sur celles du train, en particulier des low cost, taxons le carburant aéronautique comme tout carburant, et nous verrons bien ce qu'est une concurrence loyale et non faussée.
Tach
28/02/2011, à 09h32
Quelques petites erreurs ou omissions dans cet article qui présente au demeurant relativement bien le problème. La liste des collectivités refusant de payer est plus importante, le conseil général des PA c'est 80 Millions d'€, les Landes ne sera pas racketté de 80 millions d'€ mais de 40... Pour les landes c'est l'équivalent de deux collèges, soit moins que la construction de deux km de voie.
Ensuite lorsqu'Henri Emmanuelli, estime que RFF minore les recettes et majore les risques, tout inspecteur des finances qu'il est, il se met le doigt dans l'oeil, malgré tout le respect que nous lui devons. La voie LGV qui est au dessus de Tours est une voie qui regroupe deux liaisons importantes, pas loin de la saturation, l'une vers le Sud Ouest, l'autre la Bretagne. Or cette voie LGV, fait partie des 12 voies malades. autrement dit le montant des péages, ne suffit pas à couvrir les dépenses d'entretien. Avec un trafic nettement plus faible, le péage de la LGV Tours Bordeaux devra couvrir l'entretien, mais également la rentabilité de l'investissement de Vinci soit 29% du capital investi.
Scruntch
28/02/2011, à 09h28
Je ne comprends pas que les élus départementaux ne s'engagent pas avant les cantonales alors que les mêmes ont fait campagne aux régionales pour ce projet ruineux et mégalomane, mr Emmanuelli veut" comprendre avant de s'engager",pour une personne qui a montré sa détermination sans faille pour ce projet (mais c'est vrai que Laurède n'est pas impacté) c'est vraiment comique, allez, un petit effort, Mr le PDG des Landes, pour que les comptes du département soient un peu + dans le rouge et assumez vos choix jusqu'au bout !
coco49
28/02/2011, à 09h21
mme royale est la seule courageuse dans ce dossier .on finance le privé par l argent public elle a raison de bien vouloir PRETER mais pas donner l argent des contribuables (303 pour l aquitaine) a un privé .Cout 8 milliard mais il faut rajouter comme d habitude 4 milliards de surcout (ou dessous table) .Rentabilité 25 e du km par train c est vite calculé sur 400 km =10 000 e par chaque passage de train a 100 train par jour pendant 50 ans .et encore on ne compte pas l augmentation au km qui sera a 50 e du km en 2030 et 100 e en 2040 alors la rentabilité pas de soucis a avoir.je comprends que vinci et les banques soient zen.meme opération pour la N10 en autoroute ;il y a aucun risque. l interet général a bon dos, c est comme si moi je demandais au contribuable de financer en partie ma maison au nom de la solidarité nationale ;Je crois que je vais le faire !
Triboulet
28/02/2011, à 09h18
Quand va-ton comprendre que l'avenir pour l'Europe est dans les déplacements en train. Le pic pétrolier, quésaco ?
leprese
28/02/2011, à 07h56
Pauvre Royal!
Toujours plus maline que les autres.
Encore une qui croit qu'être tête de lard est forcément une qualité...
Encore un politique qui croit que s'opposer frontalement et donc bête ment c'est faire preuve de courage..
Misère
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