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"Tout va trop vite"
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10 février 2011- Le Sud-Ouest -Par JULIEN PELLICIER

Le projet du Technopole Agen-Garonne, une ZAC de 210 hectares, engloutirait les deux tiers d'une exploitation agricole.

lgv_tout_va_trop_viteUne grande partie des terres que les Richou exploitent depuis 1863 risque de disparaître : « ça n'a pas de prix. » PHOTO J. P.

Un ensemble de projets qui, dans les années à venir, mettra à mal les réserves de foncier agricole du département. Serge Escuraing, délégué cantonal de la FDSEA, a fait les comptes : « Au moins 1 500 hectares de terres agricoles vont disparaître si on compte environ 950 hectares d'emprise pour la future LGV (ci-dessous), une centaine pour la future gare et son parking, les 210 hectares de la ZAC et toutes les infrastructures programmées. »

Le territoire de Sainte-Colombe et les agriculteurs qui y vivent et travaillent ne sont pas épargnés par ce remue-ménage. Jean-Marie Richou et sa famille en font partie. Au lieu-dit La Bernèze, il exploite avec ses parents 60 hectares, dont 43 sont situés sur l'emprise de la future zone, projetée sur 95 % de terres agricoles. Dix autres exploitants sont concernés. Et aussi une trentaine de maisons d'habitations. Sans parler des bâtiments agricoles…

Volonté politique


Aux quatre coins de ses parcelles, l'agriculteur a installé des petits panneaux : « Pas de ZA sans concertation. » Il trouve le projet démesuré. Et que « tout va beaucoup trop vite ». Jean-Luc Poli est du même avis : « Les collectivités sont capables de tracer des rectangles de 2 km sur 1 km pour mettre en place de l'industrie. Il faudrait qu'elle puisse faire la même chose pour proposer des terres aux agriculteurs… » Les trois hommes se disent pour le développement économique, lequel pourrait à terme fournir des emplois à leurs enfants, mais regrettent que le poids économique de l'agriculture soit délaissé. Par manque de volonté politique. Les agriculteurs « dépossédés » de leurs terres par de tels projets doivent se voir indemniser. D'autres terres doivent leur être proposées. « Mais il n'y en a plus, évoque Serge Escuraing. La Safer ne va pas les fabriquer… »

« Aujourd'hui, dès qu'une parcelle se libère, c'est la cohue, assure Jean-Luc Poli. Dernièrement, quatre jeunes étaient sur le coup pour 30 hectares en fermage… » Jean-Marie Richou, lui, produit du maïs doux, du tabac, des tomates conserve et des haricots machine. « Dans le cas des cultures contractuelles, il faut des surfaces groupées, plates et irriguées », poursuit Jean-Luc Poli. « Mais autour, il n'y a rien », coupe Jean-Marie Richou.

Spéculation foncière

« Le député Dionis a dit que ces 210 hectares ne pesaient rien à l'échelle du département (300 000 hectares de surface agricole utile, NDLR). Mais pour ceux qui sont directement concernés, c'est beaucoup, estiment les trois hommes. Et cela va créer un effet domino, les agriculteurs qui tout autour souhaiteront s'agrandir seront bloqués, par manque de terres qui seront ''réservées'' aux exploitants situés sur le territoire de la ZAC… »

L'autre effet pervers promis est une flambée du prix des terres agricoles qui, à ce jour, oscille dans la plaie entre 6 000 et 7 000 euros l'hectare… La spéculation battera alors son plein. En attendant, les Richou, eux, ne peuvent plus investir sur leurs terres. Leur activité est gelée, avant, craignent-ils, d'être mise à mal. « Et il me reste encore 25 ans à travailler », souffle Jean-Marie. Sa mère, quant à elle, aimerait passer une retraite paisible dans la maison où elle a toujours vécu : « Notre famille est là depuis au moins 1873… »

 

 

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