NDLR: (TGV-Albret) : Il y a des maires qui sont prêts à sacrifier leur village pour récolter une petite part de la manne........................
1 novembre 2010 Le Sud - Ouest ANNE GRESSER
Un chantier se dessine de part et d'autre du canal. Le feuilleton de la gravière connaît un nouvel épisode.
Claude Dugarcin (Singlande) et Sylvain Garcia (Razel) préparent le terrain pour l'exploitation de la gravière. PHOTO A. GR.
C'est sans tambour ni trompette que les travaux pour exploiter une gravière sur les communes de Bruch et Feugarolles ont débuté. Un chantier imposant, de part et d'autre du canal, qui met fin, au moins pour la commune de Bruch, à près de huit années de débats houleux qui ont connu leur apogée en 2006 lors de la démission de Nadine Salmons, l'ancien maire de Bruch. C'est à la faveur de nouvelles élections municipales qu'Alain Lorenzelli est devenu édile du village.
Pour lui, pour ou contre la gravière, n'est plus aujourd'hui la question. « Le plan d'occupation des sols qu'avait fait la mairie à cette époque (en 2006, NDLR) n'autorisait pas l'installation d'une gravière, les terrains étant définis zone agricole. Il ne pouvait être modifié que dans le cas d'un projet d'intérêt général », rappelle Alain Lorenzelli, maire de Bruch. Un PIG que les services de la préfecture ont brandi pendant que se traçait le parcours de la LGV. « Nous n'étions plus maîtres du PLU. » L'année 2009 se déroule entre procédures au tribunal administratifs et entretiens « plus ou moins houleux », avec les services de la préfecture.
Jusqu'à l'arrivée concrète du projet LGV. Le maire a alors estimé qu'il ne pouvait risquer l'implantation de cette ligne plus celle de la gravière sans que la commune ne récolte une petite part de la manne que représente la grave.
Alors depuis des mois, en toute discrétion, dans les coulisses, ça négocie sec. Avec succès, pour la commune et pour le carrier, la société Singlande, reprise par Razel, qui appartient elle-même à Fayat, le 4e groupe de BTP en France.
15 % de la fiscalité
La commune a obtenu que l'exploitant lui verse « pendant toute la durée de l'arrêté préfectoral d'exploitation de la gravière entre 15 et 20 % du total de la fiscalité bruchoise ». Une pratique qu'Alain Lorenzelli assure être « courante dans ce genre de transaction ».
Une manne substantielle qui lui permet d'envisager l'avenir un peu plus sereinement et sans augmentation des taux d'imposition pour la commune. D'autant que l'employeur s'est engagé, « à compétences égales », à privilégier les embauches de personnes de la commune ou alentour. Six personnes vont travailler sur le site. « On compte environ trois emplois indirects par personne qui travaille dans une carrière », explique Sylvain Garcia. 18 personnes devraient donc profiter de l'installation de la gravière. Peut-être même qu'avec les camions supplémentaires qui vont venir alimenter les routes, le restaurant de Bruch, fermé depuis quelques semaines, reprendra de l'activité ?
Le problème est résolu… Sur la moitié de la surface d'extraction. En effet, reste le problème de Feugarolles. Si Claude Dugarcin, qui a revendu la société Singlande à Razel assure que « pour Feugarolles aussi, nous avons toutes les autorisations », du côté de la mairie, on soutient le contraire. « Nous avons pour nous une décision de justice, datant de l'année dernière. » Il n'y a pour l'instant, aucun signe de dialogue.
Tous les travaux se déroulent donc sur la commune de Bruch. Un nouveau Plan local d'urbanisme va être soumis à enquête publique dans le courant de l'année. « Qui autorise l'installation de cette gravière, mais verrouille les terres de la commune et interdit toute autre installation similaire à l'avenir », prévient Alain Lorenzelli. Sans attendre, déjà les travaux de mise en route sont en cours.
60 mètres de tunnel
Un chantier technique qui a nécessité la construction d'un tunnel sous le canal, un ouvrage plutôt rare, long de 72 mètres en comptant sa partie haute, où la grave se déverse en attendant d'être traitée. « Ce tunnel évite des camions supplémentaires pour transporter les gravats de la zone d'exploitation à la zone de traitement », explique Claude Dugarcin. Ce tunnel a été achevé il y a quelques semaines.
En attendant le raccordement du site au réseau électrique, un groupe électrogène tourne sans relâche pour permettre au tapis roulant du tunnel d'avaler la terre pour la recracher de l'autre côté du canal, là où, dans le courant de l'an prochain en moyenne 180 000 tonnes de graviers, au maximum, 250 000 tonnes (selon l'arrêté préfectoral) partiront pour construire ou renforcer les routes, les fondations des maisons… Et « bientôt le chantier de la LGV », souligne Sylvain Garcia.
L'exploitation de la gravière doit durer une vingtaine d'années. Elle se fera en quatre temps, sur quatre parcelles. « À la fin de l'exploitation de chaque parcelle, nous remettrons l'ensemble en état, comme la loi nous l'impose », rassure Sylvain Garcia pour désamorcer les oppositions. Sur les autres sites exploités par Razel, « nous organisons des portes ouvertes à l'attention des riverains ».