2 juin 2024 -Sud Ouest
De gauche à droite : les députés Loïc Prud’homme, Sophie Mette, Nicolas Thierry et la maire de Saint-Selve Nathalie Burtin-Dauzan.© Crédit photo : A. D.
Un groupe d’élus anti-LGV de tous bords politiques demande au préfet d’organiser une consultation citoyenne à l’échelle des deux régions. « Ce projet ne doit pas passer en force pour éviter l’escalade de la violence », préviennent-ils
Un groupe d’élus anti-LGV de Gironde a tenu une conférence de presse vendredi 31 mai à Saint-Médard-d’Eyrans, commune symbolique du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO). Le village sud-girondin fait le trait d’union entre les AFSB (aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux) et la LGV (ligne à grande vitesse) Bordeaux-Toulouse-Dax. Autour de la table, des maires et des parlementaires de tous bords.
Un groupe d’élus anti-LGV de Gironde a tenu une conférence de presse vendredi 31 mai à Saint-Médard-d’Eyrans.
Preuve que le dossier fédère au-delà des clans : cinq des six sénateurs et trois des douze députés du département mènent la fronde face aux promoteurs des nouvelles LGV que sont Alain Rousset à Bordeaux et Carole Delga à Toulouse. De gauche à droite : l’insoumis Loïc Prud’homme, les socialistes Laurence Harribey et Hervé Gillé, les écologistes Monique de Marco et Nicolas Thierry, la centriste radicale Nathalie Delattre et la républicaine Florence Lassarade. Les élus se défendent de tout opportunisme politique : « Le corps électoral est situé dans tout le département. Les élus locaux qui sont situés sur le tracé en Sud-Gironde ne représentent que 10 % des électeurs », balaient les sénatrices Harribey et Lassarade.
Le débat patine
Le maire de Saint-Médard-d’Eyrans retourne l’argument : « Comment la Région peut-elle participer à un projet d’au moins 14 milliards d’euros alorsqu’elle n’arrive pas à financer un lycée sur le territoire de Montesquieu ? » tacle Christian Tamarelle. Les arguments anti-GPSO fusent. Les mêmes brandis depuis plus de dix ans : « chiffres trafiqués », « opération de destruction massive », « mirage du fret ferroviaire », « coût largement sous-évalué », « budget insincère », « iniquité du financement », « menace sur la vallée du Ciron », etc. Pas de quoi empêcher les pro-LGV de dormir. Ces derniers brandissent un sondageavec 86 % d’opinions favorables pour la LGV.
La maire de Bernos-Beaulac Jacqueline Lartigue-Renouil et le maire de Saint-Médard-d’Eyrans Christian Tamarelle.
La bataille des arguments bégaye depuis trop longtemps. Au final, seule une personne sur cinq connaît précisément ce projet selon le sondage commandé par SNCF Réseau. Le député vert Nicolas Thierry admet cet échec : « Cette guerre des chiffres est devenue illisible. Les sondages sont orientés. Le débat fracture les habitants de la région. »
Le parlementaire propose un référendum d’initiative citoyenne. Il demande aux préfets de Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie d’organiser une consultation « au moins à l’échelle des deux régions » : « Les habitants des 2 300 communes soumises à la taxe spéciale d’équipement doivent pouvoir s’exprimer. » Quid des autres contribuables français qui mettront également la main à la poche ? « Il faudra bien définir le périmètre de ce référendum. Mais il faut aller vite », exhorte le député de la 2ecirconscription de Gironde
« Les citoyens doivent voter »
L’élu bordelais propose que la Commission nationale du débat public (CNDP), autorité administrative indépendante, se charge de préparer un débat serein. Pourquoi l’État accepterait de lancer une telle procédure alors que presque toutes les étapes administratives sont dans le rétroviseur ? « Pour éviter l’escalade de la violence », répond Nicolas Thierry avant d’ajouter : « Les Français votent pour ou contre les trottinettes électriques. Pourquoi ne pourraient-ils pas le faire au sujet du plus gros projet ferroviaire européen ? La LGV ne peut pas passer en force. » Les parlementaires citentl’exemple du référendum sur l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
Les sénatrices Monique de Marco et Laurence Harribey.
« Si les citoyens votent en faveur du GPSO, nous nous engageons à respecter le verdict des urnes », promettent les anti-LGV en tapant à la porte de l’État : « Je ne vois pas d’argument solide qui justifierait de refuser ce référendum local. Sinon la peur de le perdre. » Le groupe des élus anti-LGV va officialiser cette demande par courrier dans les prochains jours.