21 avril 2024- Sud Ouest
Le collectif LGV Non merci a défilé de la gare de Cadaujac jusqu’au lac de Calot.© Crédit photo : Jean-Maurice Chacun/SO
Plusieurs collectifs d’opposants au Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO) se sont réunis à la gare SNCF de Cadaujac ce samedi. Ils espèrent toujours faire reculer les pouvoirs publics en dénonçant un non-sens écologique et financier
Le projet est déjà bien lancé.Mais pour eux, la lutte n’est pas encore perdue. Près de 300 personnes étaient réunies ce samedi 20 avril, à 14 heures, à la gare de Cadaujac, près de Bordeaux, pour manifester contre la Ligne grande vitesse (LGV) Bordeaux - Toulouse et Bordeaux - Dax, à l’appel du collectif LGV Non merci, qui regroupe une vingtaine de collectifs locaux. Elles ont montré leur opposition de manière festive, avec des masques colorés, de la musique et une marche de 2 kilomètres le long de la ligne ferroviaire de la gare jusqu’au lac de Calot, s’arrêtant en chemin devant d’anciennes maisons détruites pour le projet.
Elles espèrent faire reculer les pouvoirs publics avec, en ligne de mire, Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, et SNCF Réseau, qui défendent ce Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO). Ces derniers misent sur la LGV pour désenclaver les territoires, réduire le trafic routier, notamment celui des camions sur l’autoroute avec le développement du fret, et favoriser des déplacements plus rapides.
Les manifestants ont brandi des pancartes et symbolisé la destruction écologique par une tortue.
Mais les opposants, principalement des ruraux, s’estiment lésés. « D’abord parce que nous ne bénéficierons pas de cette ligne, car il n’y aura que deux arrêts entre Bordeaux et Toulouse, dont un construit dans une nouvelle gare à Agen alors qu’il en existe déjà une. Ils prétendent que c’est un projet d’utilité publique mais très peu de personnes utiliseront ce service, qui sera pour les cadres et les Métropolitains », peste Nathalie, membre du collectifLGV Nina,derrière son stand de prospectus. « Ce sont les citoyens et les riverains qui financeront une grande partie du projet, via la taxe spéciale d’équipement (TSE), avec laquelle les collectivités locales s’engagent à payer les éventuels dépassements, et on sait qu’il y en aura », estime-t-elle.
Près de 300 personnes ont défilé à Cadaujac, masquées ou pas, ce samedi 20 avril.Le projet, dont la dernière évaluation remonte à 2020, est estimé à 14 milliards d’euros, sans compter les frais de gestion. L’Union européenne s’était engagée à financer 20 % mais elle est encore loin du compte. Les opposants craignent que la facture s’alourdisse pour les collectivités. « C’est un non-sens. Plutôt que de dépenser cet argent pourréaménager les lignes TER existantes qui sont en piteux état, ils préfèrent mettre des millionspour gagner quelques minutes entre deux grandes villes », regrette Léonie. « Nous ne sommes pas opposés au train, nous préférons qu’ils investissent dans le train du quotidien, qui a une vraie utilité publique », martèle-t-elle au micro sous les applaudissements.
Léonie, membre du collectif LGV Desrailha, situé dans le Réolais, en Sud-Gironde.
Claude, un autre militant de LGV Nina, déplore aussi « la destruction de la vallée du Ciron et des zones humides sur le tracé, qui font vivre l’une des plus anciennes forêts de hêtres en Europe. C’est tout le bassin-versant qui serait impacté ». « Et pour construire cette ligne de 25 mètres de large, ils agrandissentdes gravières comme à Saint-Michel-de-Rieufret.Notre combat est aussi écologique », ajoute-t-il. La mobilisation s’est terminée par une balade naturaliste autour du lac de Calot vers 18 heures.