7 juin 2023 - Sud Ouest
Les manifestants ont participé à une marche le long du futur tracé de la LGV sur la commune de Saint-Médard-d’Eyrans (33).© Crédit photo : Jérôme Jamet
Coût pharaonique, destruction de l’environnement, déni démocratique… Les opposants au projet de lignes à grande vitesse (LGV) au sud de Bordeaux vers Dax et Toulouse ont mobilisé environ 400 personnes à Saint-Médard-d’Eyrans, en Gironde
Nouvelle mobilisation ce samedi matin 3 juin contre le projet de lignes à grande vitesse (LGV) au sud de Bordeaux vers Dax et Toulouse. Un peu plus de 400 personnes ont participé à la marche, le long du futur tracé, organisée à Saint-Médard-d’Eyrans par l’association LGVEA et les collectifs LGV-Nina et Stop-LGV. Ici, bientôt, des maisons rasées. Là une gare déplacée, deux passages à niveau supprimés, plus loin des vignes arrachées et la construction d’un viaduc de 400 mètres pour enjamber le Saucats.
Les premiers bulldozers sont annoncés pour la fin d’année dans ce secteur. Mais les manifestants veulent encore croire que leurs voix porteront. Une seule incertitude pèse toujours sur le projet à 14 milliards d’euros : l’obtention du financement européen. Une décision qui doit intervenir d’ici quelques semaines.
« Quand on a acheté la maison, on avait en tête les paroles d’Emmanuel Macron qui avait promis en 2017 que les grands projets LGV, c’était terminé »
« Nous, ce que l’on veut, ce sont des TER. On aime le train. On n‘est pas des Amish », lance au micro Pauline, du collectif LGV-Nina. « On veut des trains du quotidien. Et non pas couler des tonnes de bétons dans des zones humides et des terres maraîchères. Est-ce que c’est bien sérieux ? Qui sont gens sérieux qui font n’importe quoi ? », prêche-t-elle sous les applaudissements.
Aurélie et Loïc sont là avec leurs filles en bas âge. Eux vivent à Balizac, un peu plus au sud. Ils habitent non loin du tracé qui va couper en deux leur village. « Quand on a acheté la maison en 2020, on avait en tête les paroles d’Emmanuel Macron qui avait promis en 2017 que les grands projets LGV, c’était terminé. » La phrase avait fait les gros titres. Mais c’était sans compter sur l’arrivée de Jean Castex à Matignon. L’élu d’Occitanie avait fait ravaler la promesse du président de la République. « C’est 14 milliards d’euros aujourd’hui, mais on sait très bien que le coût va exploser. Vous savez, chez nous, il n’y avait plus assez d’argent public pour financer l’école de musique. Tout ça n’a aucun sens », se désole le couple.
Le nouvel impôt LGV
Éliane est venue du Sud des Landes pour afficher sa solidarité avec les Girondins. Elle fait partie du Collectif des associations de défense de l’environnement du Pays-Basque et du sud des Landes. « Ce qui me révolte, c’est l’absence de démocratie », tonne la dame qui n’a pas vraiment le profil d’une zadiste. « L’enquête publique avait conclu que cela ne devait pas se faire. Les populations disent non, mais Alain Rousset et l’État sont revenus par la fenêtre. Ils ont même créé un nouvel impôt LGV. Les populations ne sont pas au courant. Il y a un souci démocratique. »
Du haut de ses 23 ans, Angèle, étudiante à Bordeaux, manifeste pour la première fois contre la LGV. « Il y a vraiment urgence à arrêter ce genre de projet, à penser la résilience, à réfléchir comment affronter la crise écologique et systémique qui arrive. C’est totalement dépassé de détruire des terres et des forêts qui sont des ressources essentielles. Tout ça pour gagner une heure entre Paris et Toulouse, c’est un non-sens. » La jeune femme va plus loin. « La LGV promeut un modèle de société qui dit que l’on peut tout faire, aller aussi loin et aussi vite que l’on veut. Une telle pensée, c’est de l’autodestruction. »